5ème baromètre annuel Elipso : la transformation de l’emballage plastique doit s’accélérer
publié le dimanche 30 octobre 2022
Alors que le 6 octobre l’Assemblée nationale se penchait sur la proposition de loi «visant à lutter contre les plastiques dangereux pour l’environnement et la santé», Elipso, l’association professionnelle des fabricants d’emballages plastiques et souples en France dévoilait la veille, en conférence de presse, les résultats de son Baromètre sur l’économie circulaire dans l’emballage plastique.
60% des adhérents Elipso se sont prêtés, en avril et mai derniers, à cet exercice visant à quantifier pour l’année 2021, l’engagement du secteur en matière d’économie circulaire. Des entreprises représentant plus d’un million de tonnes d’emballages plastiques (ménagers, industriels et commerciaux), soit près de la moitié de ceux mis sur le marché français.
Vers toujours plus de recyclage et de recyclé
Au cœur des préoccupations, la capacité de la filière à répondre aux exigences réglementaires en matière de recyclage et de réincorporation de recyclé. Avec un taux de recyclage des emballages plastiques en France de 29% (donnée 2020) et des objectifs européens de 50% dès 2025 et 55% à l’horizon 2030, une accélération majeure s’avère plus que nécessaire. Selon Elipso, l’atteinte des objectifs est étroitement liée au développement des emballages 3R, de la collecte (avec l’extension des consignes de tri) et des filières de recyclage pour l’ensemble des emballages. D’ailleurs, 72% des emballages plastiques sont à l’heure actuelle en mono-résine (PET, PE, PP ou PS) et prêts à intégrer une filière de recyclage.
Côté réincorporation, le taux moyen pour les emballages alimentaires et non alimentaires s’élève actuellement en France à 17%. L’objectif de 30% en 2030 est atteignable, estime Serge Vassal, du Groupe Barbier et premier vice-président d’Elipso, représentant l’emballage souple, mais cela suppose de pouvoir aller plus loin dans l’incorporation en reconsidérant les conditions de retour au contact alimentaire dans le cadre du nouveau règlement européen sur les plastiques recyclés ainsi que par un développement des recyclages mécanique et chimique.
Développement des emballages réemployables
50% des répondants indiquent par ailleurs disposer d’une offre d’emballages réemployables et continuent à innover sans pour autant perdre de vue la recyclabilité de leurs emballages.
Rappelons que le premier décret quinquennal 3R de la loi AGEC, pour Réduire-Réutiliser-Recycler, pose l’objectif d’une réduction de 20% des emballages plastique à usage unique d’ici fin 2025, dont au minimum la moitié obtenue par recours au réemploi et à la réutilisation.
Au cœur des préoccupations cependant, l’aptitude au contact alimentaire des emballages réutilisables. Pour soutenir la dynamique, l’Ademe a annoncé, le 12 septembre dernier, le lancement de l’Observatoire national du réemploi et de la réutilisation avec pour objectif de devenir une structure d’expertise et d’aide à la décision pour accompagner les filières soumises à la REP et visées par des objectifs de réemploi-réutilisation.
Collecte : les leviers d’accélération
De toute évidence, une accélération de la collecte est également nécessaire pour répondre aux objectifs réglementaires. Les quantités collectées séparément doivent ainsi être multipliées par 2,4 d’ici à 2025 et 2,6 pour 2030, ce qui suppose notamment la mise en place d’une consigne sur les bouteilles mais également de l’extension des consignes de tri de sorte à favoriser de nouveaux gisements.
Quant au développement du recyclage à l’échelle nationale impliquant une forte augmentation des capacités de recyclage et tenant compte, bien évidemment, de la qualité des matières, il repose sur trois piliers : le développement des boucles de recyclage avec retour de l’emballage, dans la mesure du possible ; le développement du recyclage chimique en complément du recyclage mécanique et la relocalisation du recyclage en France.
Pour Christophe Rossé de la société Klöckner Pentaplast et trésorier de l’association, l’augmentation du tarif de la matière recyclée et le contexte inflationniste actuel ne doivent pas altérer la dynamique circulaire.
Vers un nouveau durcissement de la loi
Adoptée en première lecture avec modifications, la nouvelle proposition de loi du député Jimmy Pahun (groupe Modem) vise à préciser les dispositions actuelles en matière de lutte contre la pollution plastique pour s’assurer notamment de la fin des plastiques à usage unique d’ici 2040.
La proposition initiale prévoyait d’interdire purement et simplement les polymères styréniques, même recyclables, dans les emballages alimentaires, voire d’avancer de cinq ans l’interdiction de toutes les autres résines non recyclables. Tel que modifié par les députés, le texte interdit l’utilisation des boites en polystyrène extrudé (PSX) en restauration rapide dès 2023 et les emballages en plastique à usage unique non-recyclables à partir de 2025. Certains produits à usage unique comportant partiellement du plastique devront par ailleurs obligatoirement faire l’objet d’un marquage. La proposition de loi doit à présent être examinée par les sénateurs.
Malgré un contexte général des plus complexes (flambée des matières premières, multiplication des lois avec cinq réglementations sur les emballages plastiques en cinq ans, …), Christian Théry de la société Ozembal et Président d’Elipso a réaffirmé sa confiance dans l’avenir de la filière et son engagement en faveur du décret 3R porté par une incroyable capacité d’innovation.