Cellophaneuses : un marché en pleine mutation
publié le dimanche 31 octobre 2021
Sous l’effet du « plastic bashing », le cellophanage est devenu plus rare dans la pharmacie mais reste indispensable pour les produits cosmétiques haut de gamme. La nouvelle génération de modèles s’adapte aux films biosourcés et continue de s’améliorer en termes de changement de format.
Le cellophanage, action de fin de ligne qui consiste à emballer un produit unitaire avec un pliage en X par un film transparent composé de polypropylène, est en train de devenir une rareté dans le secteur pharmaceutique. C’est en tout cas l’avis d’Avelino Ribeiro, responsable commercial de Campak France, filiale du fabricant italien : «le procédé d’inviolabilité se fait de plus en plus directement sur le produit. Le film plastique n’a plus le vent en poupe et les films biosourcés et/ou recyclables censés venir les remplacer sont plus chers. Le résultat est que le cellophanage n’est quasiment plus pratiqué en pharmacie. L’étranger fait exception à la règle dans certains cas, car la cellophane permet d’assurer à des étuis de médicaments une étanchéité utile lorsque les conditions de conservation sont difficiles avec de la poussière, de la chaleur et de l’humidité».
Cinzia Manfredini, responsable marchés France/Belgique du fabricant italien Marchesini, confirme : «depuis plus de dix ans, le cellophanage avec film rigide (ex. polypropylène) diminue dans le secteur de la pharmacie. C’est encore plus vrai maintenant avec la mise en place de nouvelles normes européennes qui incitent à une utilisation moindre du plastique. Au regard de mon expérience, ce marché n’existe quasiment plus en France aujourd’hui, sauf pour des produits particuliers. La preuve de l’intégrité du produit est remplacée par une «tamper evidence», réalisée par l’application d’une étiquette ou par le collage des pattes de l’étui».
Frédéric Bussemey, dirigeant de la société Involtec, distributeur des cellophaneuses du groupe britannique Marden Edwards, se montre plus mesuré : «dans le cas de lots uniques, le cellophanage sera peu fréquent sur les boîtes de pilules et gélules qui sont délivrées sur prescription, mais il pourra être pratiqué pour les boîtes de préservatifs ou les tests de grossesse afin de garantir la pérennité du produit et de s’assurer de son authenticité. En parapharmacie, il servira aussi pour les compléments alimentaires qui ont un positionnement premium. Et il sera utile encore à l’étranger pour lutter contre les contrefaçons et les mauvaises conditions de conservation, notamment au Maghreb». En cosmétique, le marché du cellophanage a également tendance à baisser, même s’il reste un must dans le haut de gamme. «Ce seront principalement les parfums et les crèmes de luxe. Et le passage aux films recyclables et/ou biosourcés est problématique, car ces derniers ne sont pas aussi transparents», indique Cinzia Manfredini. «Un parfum doit être cellophané avant d’être vendu. C’est une question d’image de marque», ajoute Avelino Ribeiro.
La solution du papier
Selon Frédéric Bussemey, le maintien du cellophanage à l’avenir passera malgré tout par le recours à des films recyclables et/ou biosourcés, même si leur prix est actuellement plus élevé. Ce qui pose la question de l’adaptabilité de la machine : «par rapport à 2019, l’investissement dans les machines est reparti. Mais les clients demandent plus de flexibilité dans l’utilisation de leur cellophaneuse, et notamment sur les types de films qu’il est possible d’utiliser. Le passage à des «films verts», qui a commencé au début de l’année 2021, marque une importante évolution. Or, leur comportement, lors du pliage, est souvent différent de celui des films plastiques. Leur mémoire de forme est beaucoup plus importante, ce qui vient contrarier le mouvement de fermeture du pli. Les cadences des cellophaneuses sont plus faibles et la productivité baisse. Pour remonter un peu la productivité, il a fallu adapter les réglages utilisateur mais aussi d’usine et augmenter les températures pour obtenir une bonne soudure. S’il n’est pas nécessaire de changer une machine qui a 4/5 ans, celle-ci ne sera pas optimisée et surtout le temps de réglage, lors des changements de format, sera beaucoup plus long. C’est pourquoi nous avons sorti fin 2020 de nouveaux «setting» usine pour notre nouvelle série de machines automatiques TMX, qui permet ainsi, de traiter indifféremment des films recyclables/biosourcés comme plastiques sans que les temps de réglage ne soient allongés. Notre nouveau modèle permet aussi de passer à un pliage en X avec du papier. Nous avons de plus en plus de demandes en ce sens, même si ce n’est pas encore le cas dans la pharmacie. Il est alors possible de mettre en place un kit d’adaptation papier pour les machines datant de quelques années, mais la TMX propose aussi une option 100% papier. Nous sommes le seul constructeur à le proposer». Pour Avelino Ribeiro, «la seule solution pour les cellophaneuses dans la pharmacie est de passer des films plastiques à du papier craft : avec des adaptations, nos machines sont prêtes à accepter ce changement. Une option 100% papier existe d’ailleurs sur notre dernier modèle, qui date de 2019, la RB/RD».
Extrait de la revue n° 662 – Octobre 2021. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support