Track & Trace : l’IA fiabilise les processus
publié le vendredi 19 janvier 2024
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Les obligations réglementaires de sérialisation et d’agrégation orientent les besoins d’inspection des emballages primaires et secondaires dans l’industrie pharmaceutique, plus mature sur les sujets de Track & Trace que le secteur cosmétique, qui y vient malgré tout, de plus en plus, pour protéger l’image de marque et engager avec le consommateur. Grâce à la digitalisation et à la gestion intelligente des données, pilotée par l’Intelligence Artificielle (IA), il est aujourd’hui possible de fournir des informations sur le process en temps réel, mais aussi un soutien stratégique pour optimiser les opérations et maximiser les rendements dans un environnement 4.0. Ce sont des axes de travail chez Antares Vision, Laetus et Sea Vision.
L’industrie pharmaceutique est un marché mature en matière de Track & Trace, à la suite de la directive européenne sur les médicaments falsifiés qui a conduit à la mise en place de la sérialisation depuis le 9 février 2019. «La sérialisation est devenue la norme sur les étuis de médicaments pour que les laboratoires puissent les commercialiser dans les différents pays du monde notamment aux États-Unis, en Chine, au Brésil ou encore en Russie», pointe Pascal Wopperer, directeur commercial et marketing chez Laetus. La «grande vague» est passée et les nouvelles réglementations se gèrent au cas par cas sur des marchés plus confidentiels : Kazakhstan, Équateur, …
Obligation réglementaire versus protection des marques
« Le prochain grand défi sera l’agrégation à 100% des médicaments pour le marché européen, incluant le suivi unitaire à la caisse et la palette afin d’assurer une traçabilité de bout en bout de la chaîne, annonce-t-il. De nombreux industriels attendent la décision européenne pour lancer leurs investissements. Un énorme chantier», selon lui, avec des entreprises déjà dans les starting-blocks pour anticiper les investissements associés au changement des encaisseuses, mais aussi à la planification des arrêts de production pour l’installation et la validation d’outils de Track & Trace.
De son côté, l’industrie cosmétique progresse également sur le sujet avec l’objectif de protéger l’image de marque. «Dans ce secteur, la tendance est orientée vers le contrôle de la supply chain afin d’éviter le détournement des produits et les marchés parallèles, mais aussi garantir un suivi de l’approvisionnement sans faille pour les matières premières», présente Monica Coffano, responsable grands comptes cosmétique chez Antares Vision. «La grande diversité de produits cosmétiques sur le marché représente autant de chaînes d’approvisionnement différentes, dont certaines très complexes et fragmentées». La recherche d’optimisation devient ainsi «une question critique» pour les marques, liée également à la durabilité, la circularité, l’exigence de transparence vis-à-vis des consommateurs et l’évolution vers une supply chain écoresponsable. La difficulté est d’adapter l’installation de systèmes Track & Trace «à une production rapide, efficace et transparente», poursuit-elle. Sur les marchés asiatiques tels que le Japon et la Chine, l’objectif est aussi de garantir une qualité zéro défaut pour les marques avec une conformité à 100% des emballages et des informations, ainsi que de répondre aux attentes du consommateur. «La quantité croissante d’informations pousse les acteurs cosmétiques à adopter un QR codesur l’emballage pour une meilleure communication, mais aussi interaction et engagement avec le consommateur final», avance Pascal Wopperer.
Gestion intelligente des données et pilotage par IA
Les besoins en matière de Track & Trace sont donc variés par secteur, mais aussi par entreprise selon leur degré de maturité sur la question. «Pour certaines, il s’agit de passer d’un suivi manuel à un suivi en ligne, tandis que pour d’autres, l’intérêt est de pouvoir dupliquer une solution existante sur
un emballage innovant, par exemple du plastique au tout carton», avance Monica Coffano. De plus en plus, il y a la nécessité de collecter des données de production pour augmenter l’efficacité des lignes. Antares Vision a ainsi développé la solution Digital Factory, une plateforme de collecte intelligente de données conçue pour aider les entreprises à améliorer la qualité, la planification de la production et, in fine, accélérer la prise de décision». Grâce à la digitalisation et la gestion intelligente des données, renforcée par l’IA, il est possible de fournir des informations sur le process en temps réel, mais également un soutien stratégique pour optimiser les opérations et maximiser les rendements. «En parallèle, le suivi d’indicateurs permet de fiabiliser le système de qualité et de numériser toutes les opérations manuelles effectuées sur la ligne, et cela va jusqu’à la maintenance prédictive des installations», précise-t-elle. Antares Vision propose des solutions complètes et polyvalentes pour l’inspection visuelle des emballages primaires et secondaires. «Parmi les contrôles qualité, nous pouvons réaliser la détection de fuites, l’inspection à la fois du niveau de remplissage, des étiquettes et des codes, ou encore le contrôle du poids», indique Edouard Haramburu, responsable grands comptes pharmaceutique chez Antares Vision. L’intégration directe dans les lignes existantes est également un défi. Mais les industriels peuvent aujourd’hui compter sur des solutions rapides et efficaces basées sur des technologies pilotées par l’IA. «L’amélioration technique des caméras qui intègrent une couche logicielle d’IA, permet d’obtenir des résultats inégalés en matière de traçabilité sur des produits complexes tels que des flacons, des seringues, les rouges à lèvres, des fards à paupières, (etc.) à des cadences industrielles», ajoute-t-il.
L’exigence de Data Integrity et de conformité
Dans le secteur pharmaceutique, le mouvement en faveur de l’agrégation et le renforcement de la Data Integrity est bien engagé pour enregistrer tout ce qui se passe sur la ligne et, en particulier, les modifications effectuées. Laetus dispose de machines standardspour le marquage et le suivi des étuis pharmaceutiques et, pour la cosmétique, les compétences nécessaires pour une intégration (imprimantes jet d’encre/laser, étiquetage, cameras vision, RFID…) sur les équipements déjà en place. «L’installation d’un outil dédié à la traçabilité et, plus globalement, à l’exécution du conditionnement amène énormément de sécurité et de visibilité à l’industriel», informe Pascal Wopperer, aussi bien dans une approche globale de niveau 1 (caméra/imprimante) jusqu’à un niveau 5 (management des données sous cloud). «En sortie de ligne, l’industriel est sûr d’avoir un produit conforme aux spécifications pour son packaging et son marquage, deux éléments clés pour avoir une chaîne logistique efficace et pour que le consommateur identifie le produit selon les critères de la marque (logo, facing, …)», conclut-il. En outre, une tendance récente en matière environnementale est de promouvoir la consigne ou, de façon plus générale le recyclage, en traçant les bouteilles et flacons PET pour confirmer leur réutilisation. «Il n’y a pas encore de projet bien établi mais certains pays tels que la Belgique, l’Angleterre et le Pays de Galles y réfléchissent concrètement», conclut Benjamin Huet, directeur commercial France senior chez Laetus.