Décarbonation : la filière verre publie sa feuille de route
publié le samedi 31 août 2024
La Fédération des Industries du Verre vient de doublement valider sa stratégie et sa feuille de route de décarbonation. Tout d’abord, la publication en fin d’année 2023 par le Ministère de l’Industrie de sa feuille de route de décarbonation détaillant les leviers à mobiliser pour rendre possible cette trajectoire. Plus récemment, en avril 2024, avec la publication de son Plan de Transition Sectoriel (PTS) élaboré avec l’Ademe, au terme d’un travail approfondi sur la base de deux scénarios prospectifs.
Ces démarches ont largement impliqué les entreprises verrières qui ont collaboré et échangé sur leurs recherches, leurs perspectives et leurs projets. Dans ces deux approches rigoureuses et validées par les experts des autorités françaises, les objectifs de décarbonation pour 2030 et 2050 passeront par deux leviers majeurs : l’électrification et le recyclage.
En effet, la production du verre réalisée dans des fours alimentés par du gaz naturel et de l’électricité est très énergivore. L’industrie travaille donc activement pour diversifier son mix énergétique et s’orienter au maximum vers l’utilisation d’énergies décarbonées. L’électrification des fours et des procédés est donc la voie majeure de décarbonation. Cette évolution verra apparaitre, en fonction des tailles de fours et des types de verre élaborés, soit des fours 100% électriques, soit des fours hybrides électricité/gaz avec une proportion de 80% d’électricité et 20% de gaz. En complément de l’électrification, le résiduel de gaz naturel fossile sera progressivement remplacé par des biogaz avec en particulier du biométhane. En parallèle, ont émergé en Europe des projets de fours industriels hybrides (80% électrique et 20% gaz) de grande capacité (350 tonnes de verre par jour) et pouvant accepter un haut taux de calcin. Plusieurs investissements de fours hybrides ont été annoncés en Europe (Allemagne, Espagne, France).
Autre axe stratégique pour la filière du verre : améliorer son taux de recyclage qui progresse régulièrement, pour atteindre 77,9% en 2021 (Ademe) (88% pour les emballages ménagers). Ce verre trié en vue du recyclage (le calcin) est devenu la principale matière première des verriers et représente près de 65 % des matières premières. L’utilisation massive de calcin permet d’économiser l’énergie nécessaire pour fondre le verre et de limiter l’utilisation des ressources naturelles. Une tonne de verre recyclé permet d’éviter 500 kg d’émissions de CO2. Un nouvel enjeu est la collecte et le recyclage du verre issu des déchets du bâtiment où le gisement de verre plat est estimé à 200 000 tonnes avec à ce jour un taux de collecte faible. La mise en place en 2023 de la REP PMCB (Responsabilité Elargie du Producteur – Produits et Matériaux de Construction du Bâtiment) doit permettre, grâce à la mise en œuvre d’un système de collecte efficace et bien maillé sur le territoire, de progresser rapidement.
Pour rappel, les émissions totales de la filière verre sont de 2,7 millions de tonnes de CO2, soit 3% des émissions industrielles de carbone en France et 0,6% des émissions totales françaises. 80% des émissions de la filière sont liées à l’utilisation d’énergies fossiles (principalement le gaz naturel) essentiellement utilisées pour fondre le verre, et 20% sont des émissions dites de procédé, liées à la décarbonatation des matières premières (principalement le carbonate de soude et le carbonate de chaux).