Carton ondulé : dissipons définitivement les doutes !
publié le mardi 29 octobre 2024
Entretien avec Kareen Desbouis, Déléguée générale de Carton Ondulé de France.
Durable, performant et polyvalent, le carton ondulé s’est imposé dans bien des secteurs comme une solution d’emballage évidente, notamment du fait de ses qualités techniques uniques. Il incarne, par nature, une approche vertueuse de la production et de la consommation, s’inscrivant pleinement dans les principes de l’économie circulaire. Et pourtant, il n’en demeure pas moins confronté à de nombreuses idées reçues qui lui mènent la vie dure comme le souligne Kareen Desbouis, déléguée générale de Carton Ondulé de France. «Effectivement, il s’agit d’un sujet récurrent qui ne devrait pourtant pas en être un. Il est donc de ma responsabilité et de celle de toute la filière d’agir en faveur d’une démystification».
ED : Selon l’industrie, en Europe, le papier contiendrait près de 80% de matériaux recyclés. Aucun système standardisé de mesure n’existe pourtant à date et il semblerait qu’en réalité le chiffre soit bien au-dessous.
KD : Attention, il est important de bien comprendre les informations communiquées par la profession. Les chiffres* ne font pas référence au pourcentage de matière recyclée par emballage mais indiquent que les papiers sont fabriqués avec des approvisionnements issus, pour un certain pourcentage, du recyclage.
Pour ce qui est du cas précis du papier utilisé pour l’ondulé, un des matériaux utilisés pour les emballages papier-carton, il est important de noter qu’en Europe, il est fabriqué à 93,1% avec des fibres recyclées, le reste étant des fibres vierges. Le papier pour ondulé peut être composé d’une part variable de fibres recyclées, comprises entre 0 et 100%, selon les caractéristiques recherchées.
ED : Des produits chimiques sont-ils nécessaires au recyclage du carton ondulé, notamment pour blanchir le papier ?
KD : Précisons avant tout que le recyclage est une action mécanique au cours de laquelle on ne blanchit pas le papier de l’emballage. Quant à l’utilisation de produits chimiques lors du processus de fabrication du papier pour ondulé, elle est tout à fait minime. Nous parlons ici d’un 1 kilo par tonne de papier soit un ratio de 1 pour 1000.
ED : 60 à 400 litres d’eau seraient nécessaires pour fabriquer 1 kilo de papier-carton. Qu’en est-il réellement ?
KD : C’est une affirmation absolument fausse ! En effet, selon la base de données ACV européenne**, il ne faut à l’heure actuelle que 1,64 litre d’eau pour fabriquer 1 kilo de carton ondulé. Au cours des 30 dernières années, l’industrie papetière a réduit de plus de 50% la quantité d’eau nécessaire par tonne de papier.
D’autre part, certes les papetiers prélèvent l’eau dans le milieu naturel, mais après utilisation et traitement, plus de 92% de cette eau y est réinjectée selon les conditions fixées par la réglementation et après de nombreux contrôles. Les sites papetiers poursuivent, en outre, leurs investissements et l’optimisation de leurs procédés pour s’adapter aux effets du changement climatique responsable des variations saisonnières de plus en plus marquées des ressources en eau.
ED : Il semblerait que l’on assiste à une explosion des emballages papier-carton. Est-ce le cas ?
KD : Bien évidemment, l’essor du e-commerce et la substitution des emballages plastiques ont profité, dans certains secteurs, aux emballages en papier-carton. C’est le cas, notamment, du conditionnement de fruits et légumes pour des quantités inférieures à 1,5 kilo.
Les emballages industriels et commerciaux ont cependant été très peu impactés. Quant aux emballages ménagers, une augmentation de seulement 0,09 point en pourcentage de papier-carton a été enregistrée entre 2019 (dernière année avant l’annonce de l’interdiction des emballages plastiques) et 2021.
En synthèse, il est important de ne pas céder aux tentatives de manipulation et de désinformation et de placer nos énergies utilement dans le développement de solutions à faible impact environnemental comme peuvent l’être celles en carton ondulé, conclut Kareen Desbouis.
*Source : Chiffres industrie papetière (statistiques CEPI) sur les approvisionnements.
**Source : https://www.fefco.org/lca
***Sources : rapports Ademe «Valorisation des emballages en France» et rapports Citeo.