Accessoiriser les flacons de parfums de façon durable et créative
publié le vendredi 19 janvier 2024
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Les fournisseurs d’accessoires élargissent leurs gammes de solutions éco-conçues, tout en continuant à travailler sur des designs innovants. Les flacons rechargeables se prêtent particulièrement à l’accessoirisation haut de gamme.
La tendance semble être à la sobriété. Les marques choisissent des bagues en textile sur les capots, sur les frettes (Armani My Way), des habillages type fourreau… en bref, «des couvertures légères avec effet textile plutôt que de gros nœuds !», résume Laurent Géry, directeur général de la société Oriol & Fontanel. «On constate qu’il y a moins de lancements actuellement, et peu avec des accessoires… Nous réalisons donc beaucoup d’animations et de couleurs sur les flankers, pour des élixirs par exemple, ou pour des éditions limitées – Noël, fête des mères, etc. Les demandes portent sur des accessoires en matières recyclables, éco-conçues, voire certifiées FSC – telles des solutions à base de cellulose», ajoute-t-il. Pour lui, le secteur du textile a l’avantage de l’expérience du recyclage du PET, extrudé en fil puis teint pour être ensuite tissé. «Il existe peu de solutions vraiment écologiques aujourd’hui, en dehors des fibres acétate (Tencel) ou des fibres recyclées. Les fibres naturelles comme la soie, le chanvre, coutent très chères, le coton consomme beaucoup d’eau…», remarque Laurent Géry. La société propose des PU dont le revêtement est à base d’eau, au lieu de produits chimiques. Sur les rubans, en substitut à la dorure ou aux paillettes, une encre aspect dorure, mais sans foil, peut être imprimée en sérigraphie et simuler un rendu brillant. De son côté, Seram vient de présenter sa collection «Summer 2024», en prévision des tendances à venir. «L’offre éco-conçue est renforcée : nous avons par exemple travaillé sur des rubans, des étiquettes, des sceaux, des cordons en 100% papier– donc recyclables et mono-matériaux. Fabriqués en fil de papier, colorés, ces accessoires résistent au sprayage du jus. On peut aussi imaginer travailler le papier en volume, en le thermoformant. Pour des accessoires de type nœuds ou tresses, nous explorons le lin, origine France et labellisé Oeko-tex, dans des couleurs fanées», détaille Lucie Meignien, responsable marketing, style et création de la société. Par ailleurs, Seram utilise du bambou, du bois en laize souple pour créer des décors à partir de matériaux naturels.
Des stickers imitant le métal
Dans cette nouvelle collection, Seram met par ailleurs en avant le travail du métal, en réalisant des stickers adhésifs à base d’aluminium ou d’étain souples, pouvant être colorés, peints, ciselés, embossés. La société explore également le laiton gravé chimiquement (ce qui permet un micro-ciselage ultra fin), ainsi que le zamak injecté, décoré par de l’émail en différentes couleurs pour créer des plaques adhésivées très colorées. Pour l’inclusion de paillettes, Seram joue sur la transparence de la résine époxy. «Pour chacun de nos projets, nous proposons une alternative plus écologique. Pour remplacer le métal par exemple, nous pouvons travailler des décors en textile : nous complexons un PU aspect métalliquesur une matière comme la maille, le jersey, le satin… Notre technologie laser (interne à Seram) permet de graver, de découper… pour créer des décors qui ressemblent à une plaque en métal et s’adaptent aux courbes du flacon. Tout est personnalisable, et la gravure laser apporte une finesse de trait», détaille Lucie Meignien. De façon générale, les stickers en textile sont toujours très demandés. «Nous pouvons réaliser de l’embossage à façon sur des bases textile, complexer des PU fantaisistes pour obtenir des effets iridescents, brillants, texturés…», ajoute-t-elle.
Le textile peut aussi prendre l’allure d’une broderie moderne. La société Pure Trade en a conçu une pour le flacon de La Belle Fleur terrible de Jean-Paul Gaultier. «Il s’agit d’une broderie en deux couches et quatre parties. Coudre ensemble les différentes parties, avec une orientation constante pour un positionnement homogène, a constitué un vrai défi technique. L’adaptation aux reliefs des flacons pour obtenir un résultat impeccable en phase de production fut l’une des autres contraintes à considérer», explique Virginie Honoré, directrice générale de Pure Trade Europe & USA.
Le choix de l’aluminium
Les accessoires en métal restent très appréciés. La tendance environnementale est à l’aluminium, plutôt qu’au laiton. «Sur le flacon du parfum Chance de Chanel, la marque nous a demandé de remplacer le bandeau en laiton par de l’aluminium, matériau recyclable à l’infini. Cette modification a nécessité de s’adapter aux machines d’assemblages des verriers, et d’adapter la forme du bandeau à chaque typologie de flacon», explique Hervé Delaigue, directeur commercial et développement de G.pivaudran. La société, qui fête ses 75 ans, achève une année exceptionnelle, avec une croissance de son chiffre d’affaires de 40% – liée à divers paramètres (lancements, tendance des marchés, reconstitution des stocks par les marques…). Pour le flacon du parfum Terre d’Hermès Eau givrée (qui se recharge), g.pivaudran a conçu le capot, la frette et la plaque (sur l’épaulement du flacon) en aluminium. Quant au capot en aluminium du flacon de parfum Pasha de Cartier, il a été retravaillé pour intégrer un lest en aluminium et un insert en PP avec une perle pour un assemblage sans collage. Des centres de tri sont désormais équipés pour détecter ce type de capot, contenant plus de 70% d’aluminium. Les marques sont en demande d’éléments en aluminium recyclé ou bas carbone (fabriqué en utilisant des énergies renouvelables). «Tous les accessoires que nous proposons sont désormais étudiés sous cet angle. De premiers produits seront sur le marché début 2024», ajoute Hervé Delaigue. En intégrant 10% d’aluminium recyclé PCR à de l’aluminium pur, la brillance reste assurée. Avec 20% d’aluminium recyclé, on obtient des aspects mats de belle qualité. Cependant, plus on ajoute de la matière recyclée, plus les propriétés mécaniques de l’aluminium sont difficiles à manipuler.
Des accessoires haut de gamme pour des flacons rechargeables
La société G.pivaudran a travaillé notamment sur la récente collection Les Nécessaires à Parfum de la marque Cartier, en créant des boitiers en métal décorés de plaques en aluminium ou en laiton. Ils sont déclinés en différents décors interchangeables. «Cartier propose une collection de parfums rechargeables. Le flacon-recharge en verre vient se glisser et s’aimanter dans cet étui de métal très luxueux. Le boitier se compose de plusieurs éléments – étui en aluminium, plaque, insert plastique, lest, aimant, socle de fermeture en laiton galvanisé… C’est un véritable bijou vendu dans un écrin, dans les magasins de joaillerie», détaille Hervé Delaigue. Le groupe TNT Global Manufacturing a, lui, conçu l’habillage du flacon rechargeable, personnalisable et nomade de la collection Day Dream de la marque By Far. TNT a habillé le flacon rechargeable de «deux coques en aluminium laqué et d’une frette en zamac. Les coques des bases et capots sont disponibles en six coloris et la frette en deux finitions (e-coating or et galvanisation bronze blanc brillant). Une clé en inox permet l’ouverture de la coque-base afin d’assurer le changement de flacon ou une nouvelle personnalisation. Des mousquetons façon bijoux confèrent au pack son côté nomade», décrit Nicolas Monmarthe, directeur des opérations de TNT Group. L’entreprise fabrique par ailleurs des capots de flacon de parfum, dont certains, par leur matériau (souvent du zamak, recyclable), leur design et leur niveau de finition, deviennent des accessoires iconiques à part entière – tels ceux des parfums «The Omniscient Mr. Thompson»
de Penhaligon’s, ou Loubihorse de Louboutin.