Avec Premi, Berlin Packaging accélère son déploiement dans le secteur cosmétique
publié le jeudi 31 mars 2022
Avec la reprise de l’italien Premi, le groupe américain Berlin Packaging signe sa 19e acquisition dans la région EMEA depuis 2016. Une frénésie de rachats qui pourrait, au premier abord, s’apparenter à une boulimie, mais qui à bien y regarder, suit un schéma de développement stratégique cohérent et ambitieux pour assoir sa position de fournisseur packaging hybride à l’international. Décryptage avec Eric Citone (photo), directeur de Berlin Packaging France.
Le rachat de Premi représente un tournant. Pouvez-vous nous expliquer les dessous de cette acquisition ?
Lorsque le groupe américain Berlin Packaging a racheté en 2016 le distributeur verrier italien Bruni Glass, l’idée était de construite là une «porte d’entrée» sur le marché européen. Après avoir étudié et intégré le fonctionnement de l’industrie packaging locale, la phase d’expansion a démarré en 2019. Avec comme objectif d’être présent sur tous les secteurs et types de matériaux : plastique, verre, métal. Si la série des derniers rachats concernait davantage l’alimentaire, les boissons et les vins & spiritueux et avait pour ambition de déployer une couverture géographique européenne la plus large possible, Premi vient rééquilibrer la donne en complétant notre offre côté cosmétique et personal care avec un vrai savoir-faire en conception et innovation emballage. D’ici 2024, le groupe ambitionne un business le plus homogène possible en région EMEA afin de devenir un distributeur hybride et à envergure internationale.
Quel est le profil des sociétés intégrées depuis 2019 ?
Il s’agit exclusivement de sociétés en bonne santé et dotées de compétences clés. Nous conservons systématiquement tous les emplois. L’idée est de leur fournir toutes les ressources nécessaires à leur développement. A la Verrerie Calvet, par exemple, depuis son rachat, l’équipe est passée de 8 à 20 personnes et l’espace de stockage de 1500 à 8000 m². Il s’agit d’un exemple parmi tant d’autres. En France, 90% de notre activité est basée aujourd’hui sur le verre. Nous aurons d’ailleurs prochainement des annonces avec des projets à taux élevé de verre recyclé, une demande forte de nos clients. Le plastique n’est pas une voie stratégique de développement mais plus une opportunité de marché afin d’offrir à nos clients le plus large éventail de références possible, à l’instar des boites, couvercles et bidons en métal. Même si nous faisons partie d’un grand groupe, la gestion de Berlin Packaging France reste autonome et le fonctionnement à taille humaine. Nous avons enregistré un CA de 80 M€ en 2021 et visons les 150 M€ pour 2022, avec une croissance organique de l’ordre de 20 à 25% par an. Nous continuons également d’étoffer nos équipes, qui devraient atteindre le seuil des 130 collaborateurs d’ici fin 2022. En 2021, nous avons réalisé quatre acquisitions sur le marché français, nous avons pour objectif de dépasser ce chiffre en 2022.
Dans le secteur verrier, vous avez justement racheté la marque Le Parfait fin 2021. Un rachat qui peut sembler inhabituel pour un distributeur BtoB…
Effectivement, il s’agit de la seule marque de notre portefeuille. Lorsque nous avons appris sa mise en vente par O-I France, nous ne voulions pas qu’une marque emblématique du monde verrier français comme Le Parfaitparte à l’étranger. Nous avons à cœur de conserver la centaine d’emplois sur les sites de Puy-Guillaume et de St-Yorre. Nous avons depuis restaffé la force commerciale et les équipes marketing afin de récupérer les parts de marché perdues – environ 40% – ces dernières années en France et la développer à l’international. Le Parfait est une marque à gros potentiel.
En tant que distributeur, comment réagissez-vous au contexte inflationniste. Est-ce un frein à votre programme d’expansion ?
La crise actuelle ne nous arrêtera pas dans nos projets, même si cela devient plus compliqué et mobilise plus d’énergie pour satisfaire tous les besoins. En nous appuyant sur notre forte capacité de stockage et d’achats, nous avons pour l’instant éviter toute pénurie à nos clients. Notre priorité reste de les livrer quels que soient les volumes, car sans emballage, c’est l’arrêt immédiat d’une activité voire d’un secteur. Nous avons dû répercuter les hausses de prix, et nous sommes déjà prêts à le rediscuter dès les premiers signes d’une baisse des cours afin que nos clients retrouvent une meilleure rentabilité. Mais il faut souligner que cette crise est sans précédent dans le secteur du verre : l’on voit les prix augmenter quasiment tous les trois mois sans discontinuer. Idem, par exemple, pour les capsules métal twist-off dont les prix ont enregistré une progression de 50%. Du jamais vu !
Extrait de la revue n° 666 – Mars 2022. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support