Barquettes : une diversité de nouvelles solutions
publié le mardi 28 février 2023
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Barquettes en PP expansé, en rPET coloré, en carton sans revêtement plastique ou encore en aluminium operculable… Les fournisseurs développent une pléthore de solutions pour que les marques puissent se conformer aux dernières directives environnementales.
Les années 2022 et 2023 voient une détérioration soutenue de la demande du marché, l’inflation et les problématiques d’approvisionnement logistiques impactant les consommateurs. «Dans la restauration en particulier, il y a eu un pic de demandes en 2022 avec la reprise de la mobilité post-covid, mais cela s’est normalisé depuis et a même diminué lors du dernier trimestre, avec une réduction des dépenses. Les consommateurs limitent leurs achats de plats cuisinés et se tournent vers des solutions plus économiques. Disons que cela offre de réelles opportunités d’innovations pour déjouer la dynamique du marché !», analyse Vincent Gass, vice-président marketing et innovation pour la division Packaging alimentaire de Klöckner Pentaplast (KP).
La mise en œuvre de la directive SUP en Europe a également impacté le développement de nouveaux emballages. Klöckner Pentaplast a par exemple lancé la gamme “kp Infinity®” afin de remplacer le PS expansé (PSE) dans les emballages pour la restauration. En effet, la plupart des pays européens ne sépare pas le PSE dans le flux des déchets. La barquette «kp Infinity®» est donc fabriquée en PP expansé, un matériau recyclable. «Le PP expansé existe depuis longtemps, mais il est récent dans les emballages alimentaires. Pour fabriquer une mousse expansée, une formulation spéciale de PP est nécessaire. Elle est coûteuse et pas disponible en gros volumes. Nous avons également dû modifier les conditions du process et les adapter aux exigences de ce matériau afin d’obtenir une structure robuste. Au final, le PP expansé présente les mêmes propriétés que le PSE – il permet de garder les aliments chauds plus longtemps par exemple – avec des performances encore meilleures. Le PSE est un matériau fragile, qui peut se briser en petits morceaux, alors que le PP expansé est difficile à casser. Celui-ci est également adapté au micro-ondes et résiste à l’eau, aux acides, aux huiles chaudes», détaille Ana Fernandez, directrice de l’innovation pour Klöckner Pentaplast.
Des matériaux recyclés en boucle fermée
L’innovation se concentre depuis des années sur la recyclabilité et les matériaux recyclés pour soutenir la stratégie «plastique» européenne ainsi que les réglementations spécifiques qui en découlent. En 2019, Klöckner Pentaplast a mené un projet pilote dans le cadre d’un groupe de travail avec Petcore Europe pour démontrer que le recyclage des pots et des barquettes post-consommation – fabriqués à
partir de PET et provenant du flux de recyclage domestique – peuvent être utilisés pour fabriquer des emballages alimentaires, créant ainsi un processus en boucle fermée pour le recyclage des barquettes. Aujourd’hui chez KP, 12 000 tonnes de rPET réincorporés dans de nouveaux produits proviennent de barquettes. L’objectif de la société d’ici 2025 est d’atteindre 30% du rPET qu’elle consomme. Le recyclage des barquettes n’est pas aisé car les matériaux (souvent multi-polymères) sont différents de ceux des bouteilles en PET. «Dans certains pays, les recycleurs ne collectent que les bouteilles en PET : nous devons donc les convaincre de collecter les barquettes, sans impacter le recyclage des bouteilles. Ils doivent apporter des modifications sur l’équipement de recyclage, comme par exemple utiliser des processus plus doux, ou modifier des températures de lavage ou le système de séchage. En parallèle, les consommateurs doivent être informés que les barquettes sont recyclables», souligne Ana Fernandez. Les volumes de collecte doivent aussi augmenter pour que les partenaires soient prêts à investir. Egalement dans le but de promouvoir la circularité des barquettes alimentaires en PET, l’entreprise AMB, spécialisée dans les solutions durables pour les films rigides et flexibles, a dévoilé au printemps dernier son projet Tray Revive, utilisant des matériaux issus du recyclage des barquettes post-consommation dans le but d’en fabriquer de nouvelles. En collaboration avec une entreprise italienne spécialisée dans le recyclage, AMB a lancé une collecte de matériaux.
Adapter les process au rPET coloré
L’utilisation de granules de barquettes recyclées implique de modifier les process, car leur viscosité est inférieure à celle des granules de bouteilles en rPET. «Nous avons adapté l’équipement de nettoyage que nous utilisons pour les granules de bouteilles, ainsi que la façon dont nous traitons le matériau dans le processus d’extrusion – en modifiant par exemple le profil de température ou les additifs. La performance en matière de conservation des aliments est la même. Seule la couleur du produit final pourrait changer», explique-t-elle. Selon les applications, les consommateurs sont prêts à accepter ces variations si la notion de circularité est évidente. «Certains clients utilisent cela pour construire leur marque. Il y a clairement une histoire fantastique à raconter avec les plastiques recyclés», assure Vincent Gass. EDS Emballage – concepteur et distributeur de solutions d’emballages à destination des rayons frais de la grande distribution – propose également des barquettes en rPET. «Nous intégrons au maximum des matériaux recyclés dans les emballages. Nous avons notamment lancé une gamme d’emballages traiteurs en matière Evolve by Faerch (en rCPET), en PET coloré et fabriqués à 85% à partir de plastique recyclé issu de bouteilles et barquettes colorées jusqu’alors non recyclées à cause de leur coloris. Cette démarche évite le gaspillage de centaines de tonnes de PET auparavant enfouis ou incinérés. Avec Evolve by Faerch, l’intégration de matière recyclée est particulièrement visible pour les consommateurs, et facile à expliquer pour les marques», renchérit Béatrice Boudan directrice commerciale et marketing d’EDS Emballage. La société utilise tout type de granules de PET recyclés – issues de barquettes, pots ou bouteilles.
Des alternatives en aluminium ou en carton
EDS Emballage vient de lancer une innovation avec une nouvelle gamme de barquettes en aluminium operculables sous atmosphère modifiée. «Jusqu’alors, aucune solution ne permettait cela. Les magasins devaient soit opter pour un couvercle sur la barquette, avec une durée de conservation limitée à 3-4 jours, soit prévoir un suremballage operculé. Avec un partenaire, nous avons développé une technologie impliquant un film spécifique doté d’une couche soudante – selon une «recette» spéciale pour sceller sur l’aluminium. Cela nécessite également des réglages adéquats en termes de température, de pression, de temps de soudage…», détaille Béatrice Boudan. Ces barquettes sont operculables grâce à l’empreinte 1523 – utilisée massivement aux rayons boucherie et poissonnerie. Il sera donc désormais possible d’optimiser cette empreinte : plus le magasin aura d’alternatives sur une même empreinte, plus la machine sera utile à plusieurs rayons. Autre alternative, selon les applications : la barquette en carton. Si l’ajout d’un film plastique permet une barrière efficace, le revêtement barrière par dispersion – recyclable et compostable – est de plus en plus exploré. Le producteur de carton Metsä a, par exemple, conçu le produit MetsäBoard Prime FBB EB, un carton barrière par dispersion adapté aux applications alimentaires nécessitant une barrière moyenne contre la graisse et l’humidité. Ce carton est ainsi adapté à des produits comme les hamburgers, les nuggets, les frites ou encore les salades, les sandwichs, les sushis… Cette barrière, qui autorise le contact direct avec les aliments, est fabriquée à partir de fibres pures, sans fluorochimiques ni azurants optiques (OBA).
Le design, acteur de la durabilité
L’évolution des barquettes se niche aussi dans le design. KP a par exemple lancé une barquette sans buvard absorbant. «Une barquette destinée à des morceaux frais de protéines – viande, poisson – est souvent accompagnée d’un papier – un tampon – absorbant. Ce n’est pas vraiment attrayant et peut contaminer le flux de recyclage. Nous l’avons éliminé en concevant la base du plateau Zapora® avec des cavités spécifiques, afin qu’elles captent la même quantité de liquides qu’un tampon et les retiennent», détaille Ben Elkington, directeur marketing KP pour les barquettes.
Par ailleurs, KP travaille en permanence sur la réduction du poids des barquettes grâce au design. L’entreprise étudie également différents matériaux pour de futurs développements, comme «les matériaux compostables à domicile ou biosourcés, ainsi que de nouvelles opportunités pour les emballages souples. Il reste encore beaucoup à faire sur les matériaux flexibles pour les barquettes d’operculage et pour les applications d’emballage skin sous vide», conclut Ana Fernandez.