Le vrac n’est pas l’ennemi de l’emballage - Par Célia Rennesson – Cofondatrice et Directrice Générale de Réseau Vrac
30 septembre 20 | la parole Ă : | #2432 :: rss
Vrac et emballage sont-ils fondamentalement opposés ? La question peut sembler superflue, puisqu’à première vue, le vrac est le mode de consommation par excellence pour s’affranchir de l’emballage primaire. Une réalité beaucoup plus complexe et nuancée qui interroge plutôt sur la nécessaire évolution de l’emballage au service d’une filière d’avenir.
Poussé par des consommateurs désireux de reprendre le contrôle de leur consommation et renforcé par la fondation de l’association professionnelle Réseau Vrac en 2016, le vrac a le vent en poupe depuis quelques années. De deux commerces spécialisés vrac en 2013, la France en compte aujourd’hui près de 500. 88% des magasins bio sont équipés de rayons vrac et 70% des grandes surfaces le sont également. Le marché a ainsi dépassé le milliard d’euros l’an passé et sa croissance est estimée à plus de 3 milliards de chiffre d’affaires d’ici 2022 (1). Dotée depuis le 11 février 2020 d’une définition officielle de la vente en vrac dans la loi, la France fait ainsi office de pionnière sur ce marché en plein boom.
Le vrac, c’est aujourd’hui une véritable filière réunie au sein de Réseau Vrac. Producteurs, transformateurs, fournisseurs de produits alimentaires, cosmétiques, détergents mais aussi de services et d’équipements, commerçants et réseaux de magasins travaillent ensemble pour proposer du vrac sur tout le territoire et pour un maximum de produits. L’objectif : démocratiser une forme de consommation permettant de moins gaspiller.
La Loi relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire, parue le 11 février 2020, dispose que la vente en vrac se définit comme « La vente au consommateur de produits présentés sans emballage, en quantité choisie par le consommateur, dans des contenants réemployables ou réutilisables ». Si la définition précise que les produits sont présentés sans emballage au consommateur sur le point de vente, celle-ci ne sous-entend pas que le vrac fait disparaître les emballages. Ces derniers restent présents et nécessaires pour transporter et stocker les produits. Le vrac n’est en cela pas l’ennemi de l’emballage mais plutôt du jetable. Ainsi les questions qu’il faut se poser sont : de quels types d’emballages voulons-nous ? Quel modèle souhaitons-nous : celui du jetable ou du réutilisable ?
Plusieurs initiatives locales de réemploi des emballages de conditionnement des produits vrac existent déjà au sein de la filière entre magasins et producteurs. Et au niveau national, imaginez des emballages amont standardisés et adaptés aux produits vrac qui plutôt que d’être jetés par le magasin seraient lavés et reconditionnés à nouveau ? Loin d’être utopique, la construction d’un tel modèle est actuellement au cœur de nos préoccupations. Des acteurs sont déjà engagés dans cette voie : certains proposent des BIB réutilisables pour la vente de produits vrac liquides ; d’autres mettent en place une supply chain zéro déchet via une marketplace B2B entre magasins et producteurs vrac. L’amont de la filière vrac a un immense potentiel de progression et d’innovation dans la conception d’emballages plus durables. Et aujourd’hui, qui sont les mieux placés pour nous aider à repenser ces emballages, imaginer de nouvelles façons de faire et finalement réfléchir à l’avenir, que les professionnels de votre filière ? Le marché du vrac est en forte croissance depuis 4 ans et les objectifs ambitieux fixés par les citoyens lors de la convention citoyenne, nous rappellent que cette croissance n’est pas prête de s’arrêter. Alors plutôt que d’opposer vrac et emballage, nous proposons de nous appuyer sur les expertises de chacun pour accélérer le développement d’une filière adaptée aux enjeux des années à venir.
(1) Source : Réseau Vrac.
Extrait de la revue n° 650 - Août/Septembre 2020. Reproduction interdite sauf accord écrit d'Emballage Digest ou mention du support