«La Covid-19 est un accélérateur d’avancement de projets»
17 novembre 20 | e.bonus | #2586 :: rss
Si le contexte économique actuel reste complexe – accentué par le second confinement en France – la filière des machines d’emballage, de process, de marquage et de contrôle poursuit sa mutation entamée au printemps dernier. Retour sur les grands chantiers que la Covid-19 aura permis de faire passer à la vitesse supérieure, avec Christophe Moulin (photo), président du Secimep* et président de Markem-Imaje SAS France.
Comment avez-vous accompagné vos adhérents ces derniers
mois ?
Le premier confinement a été vécu comme un véritable coup de massue. Nos adhérents ont très vite manifesté le besoin d’échanger, pour se sentir moins isolés, se soutenir et se tenir au courant de l’évolution de la situation du pays. Grâce au soutien de la Ficime**, à laquelle est affilié le Secimep, nous avons pu apporter un décryptage précis des informations gouvernementales. Un support qui a été d’autant plus apprécié par les filiales présentes sur le marché national et les PME. Nous avions un point hebdomadaire suivi par la grande majorité de nos adhérents, en présence des dirigeants, complété par l’envoi de sondages réguliers sur leur situation. D’ailleurs, un mouvement de solidarité s’est naturellement créé : certains de nos membres ont ainsi redistribué des masques ou du gel hydroalcoolique à d’autres adhérents, à l’heure où il était difficile d’en trouver.
De quelle façon la Covid-19 a-t-elle impacté le secteur des machines d’emballage et de contrôle ?
Selon le secteur concerné, le constat diffère. Ainsi si l’industrie pharmaceutique a été peu touché, les secteurs industriels et certains marchés de l’alimentaire comme le secteur CHR, les boissons ou encore le food nomade ont connu un plus fort ralentissement. Mais plus globalement, les machines à cycle de production long ont perdu indéniablement de la visibilité en termes d’investissement, alors même que le secteur de l’emballage vivait déjà un ralentissement général du fait de sa remise en cause par l’opinion publique. Les machines à cycle de vie court – à l’instar des équipements de marquage dont le coût d’investissement est moins lourd – tirent mieux leur épingle du jeu. L’on observe aujourd’hui de nombreux reports de projets, le second confinement ayant retardé encore l’espoir d’une reprise de plusieurs mois. Mais nous restons confiants malgré tout. La concurrence entre les marques, accentuée par la Covid-19, va obliger les grands donneurs d’ordre à renouveler leurs machines en 2021 pour rester compétitifs.
Quels sont les projets sur lequel le Secimep planche pour ces prochains mois ?
Comme un grand nombre d’organisations professionnelles, nous avons dû réinventer nos modes de communication, pour faire face à l’annulation des salons BtoB, essentiels aux échanges et à l’activité de notre filière. Ainsi, même si le salon All4Pack a été reporté en 2022, nous avons décidé de maintenir la réalisation de notre brochure de promotion de nos adhérents***. Par ailleurs, notre site Focus Emballage, dédié à la promotion de nos solutions et expertises métiers, lancé en 2018, a connu ces derniers mois une forte progression de son visitorat. Nous travaillons à enrichir son contenu pour le rendre plus dynamique et interactif. Des vidéos de démonstration de technologies et de machines sont en cours de développement et un nouveau volet recrutement auront pour but d’augmenter encore son trafic.
Et bien sûr, nous poursuivons de façon continue le développement de notre syndicat, avec l’arrivée de nouveaux adhérents. En 2020, nous avons ainsi accueilli deux nouveaux membres : Handtmann France, société de distribution et de SAV de matériel standard Handtmann en France et au Maghreb (doseurs volumétriques, lignes d’embossage, de dosage et de formage) et Sterixene, spécialisée dans la décontamination par lumière pulsée. Enfin, nous poursuivons nos échanges avec le CNE et l’ANIA afin de participer aux échanges sur la loi AGEC et préparer au mieux nos adhérents aux changements que vont induire les différents décrets d’application à venir.
Le recrutement reste-t-il une priorité du secteur, malgré le contexte actuel difficile ?
Tout à fait. Nous avions pointé du doigt, avant même la survenue de cette crise sanitaire, les besoins d’embauche de notre filière sur des postes spécifiques. En effet, les départs en retraite ne sont pas remplacés, faute d’étudiants au profil technique. Nous avons donc approché des écoles et des organismes de formation au niveau national, notamment dans le secteur de l’agroalimentaire, pour nous faire connaître et ainsi noué des premiers partenariats, qui faciliteront le placement de jeunes en stage ou en alternance chez nos adhérents, et qui nous donneront accès aux jeunes diplômés et aux réseaux d’anciens élèves afin de faciliter les recrutements.
En quoi la Covid-19 aura influé sur la façon de faire «du business» ?
La Covid-19 est un accélérateur d’avancement de projets, notamment dans le digital. Hier, la réalité augmentée et l’intelligence artificielle étaient encore perçues comme des outils « accessoires ». Elles se sont depuis rapidement démocratisées pour pallier le manque de contacts humains en présentiel lors des confinements. La création de plateformes digitales voire virtuelles, que ce soit pour valider en amont les projets machines ou en aval pour le service après-vente ou la gestion des pièces détachées, trouve tout leur sens. En cela, nous avons économisé un temps précieux sur leur déploiement.
* Syndicat des Entreprises de Commerce International de Matériels d'Emballage, de Process, de Marquage et de Contrôle.
** Fédération des Entreprises Internationales de la Mécanique et de l’Electronique.
*** Diffusée dans le dernier numéro d’Emballage Digest et sur le site internet et les réseaux sociaux du Secimep.
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