Compacts et palettes : les matériaux se renouvellent

Les prochaines échéances règlementaires vont limiter les catégories de plastiques utilisables pour fabriquer des compacts et des palettes de maquillage. Marques et fournisseurs explorent différentes possibilités – se recentrant principalement sur des packs monomatières, en plastique ou à base de cellulose, souvent associés à des possibilités de recharge.

Dans l’univers des compact et palettes de maquillage, différentes tendances cohabitent, entre éco-responsabilité, minimalisme et packaging ludiques, ostensibles. Dorien Bianco, responsable du développement et du marketing du groupe Toly, note qu’en ce moment, «les consommateurs sont friands de produits personnalisés. Ils veulent choisir ce qui va à l’intérieur du compact pour une utilisation polyvalente, étant ainsi les «décideurs». Nos compacts sont donc conçus pour être personnalisables. Les consommateurs favorisent également les produits empilables en plastique ou en carton, à la fois ludiques et pratiques. Ils préfèrent les compacts de voyage pour une utilisation nomade». Elle remarque en outre que les jeunes filles, en particulier entre 12 et 14 ans, sont très intéressées par le maquillage. «Les marques créent des compacts et des palettes spécifiques pour ce groupe démographique. Par exemple, Toly a développé une palette en PP pour la marque Indu, avec un anneau pour accrocher le produit à un sac ou dans une poche. Ces produits sont conçus pour être «Instagrammable» ou «TikTokkable», visant un engagement viral en ligne grâce à des résultats visuellement attrayants et un emballage innovant», analyse-t-elle. En parallèle, certains consommateurs attachent de plus en plus d’importance au minimalisme et à la simplicité, tout en restant attentifs à la qualité et à l’esthétique du pack. «Bien que le format rond pour les mono-compacts reste assez populaire sur le marché, les clients recherchent tout de même une pointe d’originalité. Nous avons créé le compact Donut, en 100% PET, un poudrier de forme ronde classique, mais formant un «creux» sur le couvercle du poudrier – ce qui offre une nouvelle dimension sensorielle lors de sa prise en main», précise Loubna Betterki, responsable produit pour Albéa Cosmetics & Fragrance.

Ces tendances sont couplées à l’éco-conception. Les fournisseurs se concentrent sur la création d’une offre monomatière, afin que les produits soient plus facilement recyclables. Rappelons que la loi Climat et Résilience interdira à compter du 1er janvier 2025 «les emballages constitués pour tout ou partie de polymères ou de copolymères styréniques, non recyclables et dans l’incapacité d’intégrer une filière de recyclage». Pour Stefano Focolari, pdg de Mktg Industry, la future «interdiction de l’ABS sur le marché français a obligé les marques à revoir les matériaux de ces emballages – spécialement des compacts, dont la majorité est fabriquée en ABS. Nous avons donc développé une nouvelle collection de packaging en PET, baptisée «I-Care», incluant deux compacts en diamètre 59 et 36 mm», détaille-t-il. Sur ces emballages monomatières, «le principal enjeu est de réussir à remplacer les goupilles initialement en métal, qui perturbent le recyclage, par des goupilles ou des charnières en plastique. Albéa a récemment conçu le compact Hype en 100% PET, et rechargeable. Les godets se retirent facilement. La recharge se fait très simplement et de manière intuitive – un argument décisif dans l’adoption du système par les consommateurs. Nous venons également de développer une version en 100% PCR PET», ajoute Loubna Betterki. Sur le segment du «mass market», les consommateurs apprécient la transparence pour voir la couleur du maquillage. Avec un matériau recyclable comme le PP, cela est plus compliqué, mais il peut tout de même séduire les clients recherchant une solution monomatière. «Nous avons conçu un compact en PP avec une charnière en plastique, sans métal, et en réduisant le nombre de pièces. Notre solution inclut un miroir pouvant être séparé, car la conception du couvercle en deux parties permet au miroir intégré escamotable de bénéficier d’une deuxième vie en tant que miroir de poche», détaille Jean Corbeil, directeur général de Corpack. Les fabricants travaillent sur différentes pistes concernant l’élément «miroir» afin d’éviter qu’il ne perturbe la filière de tri.

Des matériaux alternatifs à l’essai
Toly développe également des solutions en monomatière – avec «des matériaux tels que le PET, le PP et le HDPE, ainsi que des matériaux recyclables et compostables comme le Paperfoam® (un matériau à base d’amidon et de fibres de papier pouvant être moulé par injection, voir le focus, NDLR). Nous étudions également d’autres matériaux : verre, aluminium, papier…», détaille Dorien Bianco. Toly a par ailleurs conclu un partenariat avec la société Sulapac, proposant un matériau alternatif éponyme. Les principaux composants du Sulapac incluent des biopolymères biodégradables et des substances durables comme du bois issu de sous-produits, ainsi que des minéraux argileux naturels. Ce matériau est compostable industriellement. Toly s’attache, en outre, à explorer des méthodes de décoration s’alignant sur les normes de recyclage : gravure au laser, gaufrage et débossage, entre autres. Quant à la société Corpack, elle est en mesure de produire des emballages en BioD, un matériau à base de cellulose – à la fois compostable industriellement et à domicile. «Cela peut intéresser les marques revendiquant un fort engagement environnemental. Nous pouvons également utiliser du bois : notre compact Avalon peut être fabriqué en bois dans une version rechargeable, par exemple. Il est également possible de le fabriquer en ABS 100% recyclé», souligne Jean Corbeil.

Les compacts en carton, une niche en développement ?
Autre alternative existant depuis de nombreuses années, mais encore niche : le carton. Aujourd’hui, des cartons plus résistants à l’humidité, à la graisse et à la saleté pourraient ouvrir de nouvelles possibilités. «Nous constatons une demande renouvelée pour des packs en papier et carton – pas uniquement des palettes pour ombres à paupières, comme par le passé, mais aussi pour des boîtiers compacts», assure Stefano Focolari. Plusieurs fabricants de compacts s’y essaient. Toly élargit sa gamme de compacts et de palettes en carton. «Nous évitons l’ajout d’aimants et étudions des techniques de fermeture entièrement à base de papier, préservant ainsi la recyclabilité de l’emballage. Nous utilisons du papier certifié FSC, du carton recyclé et des décorations «naturelles» renforçant le luxe de ces emballages grâce à des techniques de gaufrage, de débossage ou de découpes», spécifie Dorien Bianco. Mktg Industry a récemment lancé quelques nouveautés en carton. «Nous avons développé une gamme de compacts en 59, 42 et 36 mm, disponibles avec différentes solutions de fermeture – magnétique, avec ruban élastique ou en papier», détaille Stefano Focolari. Le fournisseur italien a par ailleurs conçu une version rechargeable de ces compacts, en utilisant de très petits aimants afin de maintenir en place les godets, tout en assurant le recyclage final du produit – les aimants représentant moins de 5% du poids total du packaging. «Nous lançons également une nouvelle palette en 100% carton-papier appelée Eco Beauty Palette®. Cette solution simple mais innovante permet de placer et de maintenir les godets de poudre sans utiliser de colle et sans base magnétique. Après utilisation, l’emballage peut être recyclé dans la chaîne de recyclage du papier ou rempli avec de nouveaux godets de poudre», décrit-il.

Compacts et palettes rechargeables : l’évidence
La rechargeabilité constitue en effet une solution facilement envisageable pour des compacts de maquillage. Jean Corbeil nuance toutefois la demande : «des études indiquent que les consommateurs veulent des emballages rechargeables, mais les marques constatent le contraire en termes de ventes, car les systèmes de recharge ne fonctionnent pas si bien dans le segment «masse». Cela a plus de sens dans le luxe», analyse-t-il. Corpack a par exemple conçu un compact rechargeable fonctionnant avec un système coulissant. «Les options rechargeables sont essentielles en termes de circularité des emballages, bien qu’elles présentent des défis liés à la gestion des stocks des produits initiaux et des recharges. Toly propose plusieurs compacts rechargeables, comme ceux de la gamme Aurora en
PP, facilement rechargeables et recyclables», précise Dorien Bianco. Quant à Albéa, le groupe a pensé ses derniers lancements de compacts pour être rechargeables, à l’instar du compact Slide Up, en deux pièces, qui s’ouvre en coulissant le haut du poudrier, ou encore le compact Minimal Chic, en 100% PP. Pour les cushions, qui ne se démodent pas, Albéa propose le compact rechargeable Golden Serenity cushion, en PP/PET. Et pour ses clients Guerlain (Parure Gold Skin Control) et Estée Lauder (Pure Color Envy), le fournisseur a développé des compacts sur lesquelles la partie rechargeable se soulève très simplement à l’aide du doigt pour la remplacer.