Des emballages métalliques tout en légèreté
publié le dimanche 12 janvier 2025
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Les fournisseurs poursuivent leurs travaux sur l’allègement des emballages métalliques, tout en portant une attention particulière à l’amélioration de la praticité, et à leur proposition en termes de décoration.
Le syndicat national des fabricants de boîtes, emballages et bouchages métalliques (SNFBM) a réalisé dans son dernier rapport annuel un état des lieux du marché des emballages alimentaires en métal. Près de 6 milliards de canettes ont été produites dans l’Hexagone en 2023 pour répondre à la demande d’un marché en plein essor en France, mais aussi aux demandes des pays voisins. Avec une croissance des ventes en volume à +3 % depuis deux années consécutives dans des marchés pourtant chahutés, la canette reprend des parts de marché. «Les canettes ont surpassé les autres matériaux pendant la période estivale et lors des Jeux Olympiques 2024. Les J.O ont enregistré la plus forte augmentation de la consommation de canettes par rapport aux autres types d’emballages (+16,8% en valeur – source Nielsen Retail Data)», remarque Ana Neale, vice-présidente perspectives et stratégie de Ball Corporation. Par ailleurs, entre 2021 et 2022, l’évolution des volumes (en nombre d’articles) est plus importante pour la conserve en boîte métal (+2%) que pour le total des produits de grande consommation (+0,1%). Dans le contexte inflationniste de 2023, la croissance de la conserve en valeur (+6% par rapport à 2021) est aussi due à une hausse des prix. Mais l’inflation a fortement impacté l’ensemble des produits de grande consommation et le marché des conserves a subi une baisse en volume (-2%). Idem pour le segment des poudres de lait infantile en boite métal, fortement impacté par l’inflation, avec des prix en augmentation de 20% en deux ans. D’autres facteurs expliquent une baisse des demandes – notamment une chute de la natalité en France, et des marchés à l’export chahutés (baisse de la natalité en Chine, et réouverture aux Etats-Unis d’une usine d’un fabricant majeur de lait). Quant au marché des boissons en poudre en boite métal en France, il se montre solide, avec une croissance stable prévue à long terme. Reprenant le rythme de 2021, les ventes se redressent. La montée en gamme et l’hyper-segmentation, particulièrement sur le segment des thés, font croitre le chiffre d’affaires de la catégorie et favorisent le développement d’emballages rigides.
Des solutions pour une ouverture simplifiée
La société Eviosys travaille avec l’agence Caramel pour définir les tendances sur l’emballage promotionnel et alimentaire en métal. Pour 2026, ils en ont identifié trois – basées sur les comportements des consommateurs. La tendance «Equinoxe» renvoie à des effets chauds – froids, iridescents, martelés ; «Célébration» à des formes aux effets «waouh», à des emballages pouvant porter des messages pour répondre à un besoin de connexion aux autres ; à l’inverse «Instinct» révèle un besoin de déconnexion qui se traduit par des formes naturelles, organiques. Au-delà des formes et de la décoration, les consommateurs sont à la recherche de praticité. «Ils apprécient la facilité d’ouverture des boîtes sans avoir besoin d’ouvre-boîtes. Aux États-Unis, mais aussi de plus en plus en Europe, les boîtes alimentaires en deux pièces D&I (Diversité et Inclusion) connaissent une forte demande», remarque Nicole Korb, responsable communication Produits et développement de marché de thyssenkrupp Rasselstein. La facilité d’ouverture est un focus R&D important chez les fournisseurs. «Nous concevons actuellement un couvercle à ouverture facile pour la boite conserve, avec une sensation proche d’un operculage. Nous jouons sur le design – en modifiant par exemple des éléments autour de l’anneau d’ouverture – et sur la typologie de métal pour doser souplesse et résistance», indique Valérie Bindschedler, directrice marketing de Massilly. De son côté, Eviosys a lancé en 2023 la boite de conserve Ecopeel, dotée d’un opercule en remplacement du système d’ouverture classique. «Le haut du corps de la boîte a été recourbé afin de pouvoir directement sceller l’opercule dessus. Cela permet une économie de matériaux et rend la boite plus facile à ouvrir car l’angle à 45° de la surface de scellage réduit la force d’usage nécessaire. L’intérieur de la boite est lisse afin de vider la boite plus facilement. Nous livrons la boite déjà scellée : nos clients la remplissent et la sertissent par le fond, avec leurs équipements standards», décrit Isabelle Le Graët, responsable communication et expérience client d’Eviosys, qui constate que l’expérience consommateur constitue une demande importante de la part des clients. C’est d’ailleurs dans ce but que la société, récemment rachetée par Sonoco, a mis sur le marché un nouveau diamètre pour son couvercle Orbit. Désormais disponible en 66 mm, ce couvercle est doté d’un anneau externe qui réduit de 50% l’effort à l’ouverture.
Repousser les limites des épaisseurs
Eviosys a, en outre, conçu une nouvelle capsule Horizon, plus légère que sa première version datant de 2023. «Nous allons encore plus loin dans la réduction d’épaisseur, et avons poussé le métal dans ses retranchements pour obtenir une capsule emboutie pesant 5 g – au lieu de 15 g, ce qui génère une réduction de 30% des émissions de CO2. Cela passe par le design, le matériau – nous utilisons de l’aluminium pour cette seconde version, au lieu d’acier. Le challenge était que la capsule ne se déforme pas et ne casse pas», souligne Isabelle Le Graët. Réduire l’épaisseur de ses produits a permis à la société d’économiser 1339 tonnes d’acier en 2023. L’entreprise Massilly avance, elle, «sur des joints sans PVC sur les capsules. Les demandes sont croissantes pour l’éliminer. Nous le remplaçons par une nouvelle formulation de joint, couplée à une technique de pose différente», détaille Valérie Bindschedler. Les fournisseurs continuent aussi d’alléger les contenants. Ball Corporation a mis au point le design STARcanqui, comparé à d’autres canettes de même taille, réduit le poids de 3 à 8% selon la taille et la forme du contenant en aluminium. Thyssenkrupp a par exemple conçu l’acier pour emballage rasselstein® Solidflex – un acier dur mais particulièrement formable. «Rasselstein® Solidflex permet l’utilisation de matériaux plus fins tout en conservant la même stabilité de la boîte. Avec une capacité d’allongement et des limites d’élasticité élevées, ce matériau est adapté aux applications nécessitant une grande résistance et une formabilité importante, comme les ouvertures faciles pour les boîtes alimentaires ou les extrémités et fonds des aérosols», explique Nicole Korb. Le groupe a également mis au point le grade d’acier «rasselstein® D&I Solid» pour la production de boîtes alimentaires en deux pièces. «Grâce à un procédé de fabrication innovant, ce matériau permet une augmentation de 20% de la stabilité axiale des boîtes D&I, ouvrant ainsi un potentiel considérable de réduction d’épaisseur – ce qui peut entraîner des économies de matériau allant jusqu’à 10%», ajoute-t-elle. Thyssenkrupp propose aussi des produits fabriqués à partir d’acier bluemint®, dont le processus de production réduit les émissions de CO2.
Décoration : des impressions en finesse
Côté décoration, les emballages en métal permettent aussi des innovations. Ball Corporation a, par exemple, relancé en zone EMEA la technologie d’impression Dynamark Advanced Pro. «Cette technologie permet de multiplier les graphismes sur une seule palette, favorisant l’originalité, une plus grande flexibilité de conception, la personnalisation – avec jusqu’à 12 images différentes imprimées lors d’un même cycle de production», précise Ana Neale. Ball a, en outre, collaboré avec le conditionneur d’eau minérale Minalba Brasil afin de résoudre un problème concernant la communauté des malvoyants : lire les étiquettes. «Nous avons créé une canette en aluminium avec un couvercle embossé en braille, en deux options : eau et eau pétillante. Ce fut une tâche difficile car les couvercles de canettes sont circulaires, ce qui peut être déroutant pour une langue comme le braille, qui se lit de gauche à droite. Il était crucial d’être précis dans la taille des points et la distance entre eux pour transmettre le bon message à ces consommateurs», explique-t-elle. L’entreprise Massilly augmente, elle, ses capacités en vernissage et en impression avec de nouvelles machines. «Nous sommes en mesure de réaliser des qualités d’impression très fines, et avons investi dans une machine d’impression digitale
pour avoir plus de flexibilité sur de petites séries de boîtes», détaille Valérie Bindschedler. Eviosys augmente également ses capacités en termes de décoration. «Nous avons de plus en plus de demandes pour du marquage à chaud sur métal – une technique que nous maitrisons. Nous avons par ailleurs sorti des effets cuir cette année, obtenus par coating», indique Isabelle Le Graët.
Investissements : RSE et capacités
Globalement, les investissements des fournisseurs tournent autour de la RSE, d’un meilleur usage des énergies, d’une augmentation des capacités et des améliorations industrielles. Massilly compte une branche «conditionnement» : l’entreprise a développé une nouvelle génération de capsuleuses permettant de réduire la consommation d’énergies (vapeur, eau). Pour renforcer son offre premium, Massilly a par ailleurs racheté l’entreprise espagnole Eurobox, spécialisée dans les coffrets métalliques haut de gamme. Outre des investissements conséquents pour réduire sa consommation énergétique au sein de ses usines – avec notamment l’installation de panneaux solaires en Espagne et en Italie, Eviosys se dote régulièrement de nouvelles machines. En Turquie, de nouvelles lignes viennent d’être inaugurées pour la production de boites. Ball Corporation a expérimenté l’utilisation de carburant renouvelable et de véhicules électriques lourds, et investi dans la mise en place d’initiatives et d’infrastructures de recyclage sur les marchés dans lesquels le groupe opère. Quant au groupe thyssenkrupp Rasselstein, il participe à deux projets de recherche examinant comment l’hydrogène – en tant que combustible – peut réduire les émissions de CO2 dans l’industrie sidérurgique, notamment lors de la production de fer blanc.