Emballages en carton ondulé : tordons le cou aux idées reçues !
publié le mercredi 04 septembre 2024
Entretien avec Kareen DESBOUIS, Déléguée générale de Carton Ondulé de France.
La mise en évidence d’un impact environnemental inégal des différents emballages profite souvent au carton ondulé. «Bien que vertueux, il n’en reste pas moins confronté aux idées reçues, qui plus est, dans le contexte des nouvelles règles européennes liées aux emballages et déchets d’emballages» précise cependant Kareen Desbouis, porte-parole de la filière du carton ondulé.
Confirmez-vous que les emballages en papier-carton sont la première source de déchets d’emballages en Europe ?
Selon les données Eurostat 2020 la quantité de déchets d’emballages en papier-carton est supérieure à celle des autres matériaux, avec 32,7 Mt par an. Il faut cependant nuancer ce chiffre en le rapportant à la quantité d’emballages en papier-carton utilisés pour protéger les produits sur l’ensemble de la chaîne logistique, et considérer le sujet sous l’angle de la quantité de matière première disponible et du taux de recyclage plutôt que sous celui de la seule quantité de déchets. En effet, avec 91% des emballages industriels et commerciaux recyclés en France, le carton ondulé est un champion de l’économie circulaire.
Le seul critère de la quantité de déchets n’est pas suffisant pour établir une politique environnementale.
Est-ce qu’on coupe les arbres pour produire du carton ondulé ?
Non, pas du tout ! Bien que cette idée soit largement répandue, elle est absolument fausse, précise Kareen Desbouis. Le carton ondulé est fabriqué avec, en moyenne, 89% de fibres recyclées, issues d’emballages papier-carton usagés, et 11% de fibres vierges provenant de sous-produits de l’exploitation durable des forêts. Les arbres ne sont en général pas abattus pour fabriquer des emballages mais pour d’autres applications (meubles, construction …).
Un emballage souillé peut-il être recyclé ?
Bien évidemment ! s’enthousiasme Kareen Desbouis. Le CEREC* a émis un avis favorable au recyclage des déchets d’emballages ménagers papier-carton complexes ou non, mis en contact avec des produits gras, sucrés, salés et humides. Seuls les emballages contenants des débris alimentaires (morceaux) ne peuvent intégrer un processus de recyclage. Le Centre Technique du Papier a d’ailleurs confirmé que de simples traces n’affectaient en rien la qualité des pâtes recyclées pouvant être réintégrées dans de nouvelles applications.
Un emballage est-il recyclable si techniquement il peut être recyclé ?
L’existence d’une technique de recyclage ne suffit pas à rendre l’emballage recyclable. Il doit répondre à 5 conditions : pouvoir être efficacement collecté sur tout le territoire, pouvoir être trié, ne comporter aucun élément perturbant le tri, le recyclage ou l’utilisation de la matière recyclée, amener à une quantité significative de matière recyclée et disposer d’une industrie pour le recycler à l’échelle industrielle.
Les suremballages sont considérés comme trop nombreux. Faut-il les supprimer ?
Plus que jamais, les fabricants poursuivent l’objectif du juste emballage. Pourquoi d’ailleurs paieraient-ils pour quelque chose d’inutile ? s’amuse Kareen Desbouis. Si un emballage est placé sur un autre emballage, c’est qu’il se justifie pour la protection ou le transport. Mais, si toutefois l’emballage est inutile ou surdimensionné, bien évidement, il faut le supprimer.
Le réemploi des emballages est-il plus favorable à la réduction des impacts environnementaux ?
Les idées simples qui peuvent s’avérer convaincantes ne prennent malheureusement pas toujours en compte les réalités industrielles, économiques et environnementales. Le secteur du papier-carton fonctionne selon le principe de la réutilisation de la matière. La comparaison entre réutilisation et réemploi suppose la prise en compte de nombreux paramètres (adéquation emballage/produit, poids de l’emballage, distances de transport, recyclabilité, efficacité des systèmes logistiques, impacts de la fabrication, du lavage…). Des études de l’ADEME ont démontré qu’il n’y a pas de modèle unique, mais une solution adaptée à chaque situation.
«Une chose est sûre : notre matériau possède de réels atouts !» conclut Kareen Desbouis.
* Comité d’Evaluation de la Recyclabilité des Emballages papier-Carton