Capsules de café : la réduction des déchets, un élément essentiel
posted Sunday 30 October 2022
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Plébiscitées par les consommateurs, les capsules de café ont toutefois un inconvénient majeur : les déchets qu’elles génèrent. Marques et fournisseurs multiplient les initiatives pour optimiser leur fin de vie : tri et valorisation du matériau, capsules compostables ou réutilisables…
L’intérêt des consommateurs pour le café en capsule ne se dément pas. Toutefois on constate que le café à moudre regagne des parts de marché (voir encadré chiffres), accompagnant le succès des machines à broyeur. Est-ce là le signe d’une prise de conscience des consommateurs ? Quoiqu’il en soit, les fabricants accélèrent le développement de solutions moins polluantes concernant les capsules.
Les grands noms du secteur continuent d’opter majoritairement pour des capsules en aluminium, en mettant en avant la préservation du café, la recyclabilité de ce matériau et le pourcentage d’aluminium recyclé inclus dans les capsules. Nescafé® par exemple, avec sa gamme Farmers Origins, propose pour la première fois en grande distribution des capsules contenant 80% d’aluminium recyclé.
Norden Alu Technology s’est lancé sur le marché de la capsule en aluminium il y a trois ans sous le nom commercial Alu Caps. La société fabrique des capsules compatibles avec les machines Nespresso , et également ses propres outils d’emboutissage. Concernant les améliorations qui pourraient être apportées aux capsules pour les nouvelles machines à café (autres que les Nespresso), Albert Vilardell Parès, directeur général de Norden, mentionne «une quantité de café plus importante dans la capsule, différentes formes pour aider à l’extraction du café, et de nouveaux designs de systèmes exclusifs (un type de capsule et «sa» machine). Nous travaillons sur ce point d’ailleurs, car le principal enjeu est finalement d’avoir une capsule qui fonctionne parfaitement avec une machine», explique-t-il.
Alternative à l’aluminium moins répandue, mais toujours présente : le plastique. Le producteur allemand de café Tchibo (café Qbo) a conçu une capsule biosourcée. Les capsules initiales du café Qbo étaient fabriquées en PP vierge : désormais, le PP utilisé est produit à partir de 70% de matières premières renouvelables dites de seconde génération – de déchets organiques et sous-produits (huile de tall, graisses provenant du secteur du fast-food ou de la production d’huile de cuisson). La société a pour cela fait équipe avec le fournisseur de matières premières finlandaises Neste, et le producteur de ses capsules, Berry Superfos – qui détient la certification ISCC+ nécessaire pour produire les capsules à partir de matières renouvelables.
Des capsules compostables à domicile
Le groupe Menshen fabrique des capsules en aluminium et en plastique, compatibles avec les machines Nespresso et Dolce Gusto. Celles en plastique sont conçues «en PP – EVOH – PP, pour des propriétés haute barrière à l’oxygène. Elles sont considérées comme étant en mono- matériau recyclable. Nous avons récemment lancé une capsule compatible Nespresso compostable industriellement ou à la maison, avec une propriété barrière très importante par rapport aux alternatives similaires existantes sur le marché. Elle est adaptée à tout type de café et de mouture. Ces performances sont le fruit d’une combinaison de matériaux et d’une technologie spécifique d’injection», détaille Laurent Jeansoulé, responsable de l’entité française de Menshen. L’opercule développé pour cette capsule est également spécifique et à forte barrière. «La compatibilité organoleptique avec les aromes du café et l’expérience utilisateur doivent être optimales, ce qui est le cas avec cette capsule – comparable sur ces points à une solution en aluminium ou en plastique conventionnel. Il a fallu combiner différents aspects mécaniques pour qu’elle résiste et soit extraite facilement de la machine», ajoute-t-il. Historiquement, Menshen vend plus de capsules en plastique qu’en métal. «On constate cependant une tendance au développement des capsules en aluminium ou compostables. Je pense d’ailleurs que ces dernières prendront une partie significative du marché à terme», analyse-t-il. Le coût de production de chacune est lié au coût des différentes matières – qui ont toutes fortement augmenté. Cependant, le prix de revient d’une capsule en plastique restent malgré tout plus bas qu’en aluminium ou compostable, les deux ayant des niveaux comparables. Une analyse de cycle de vie des différents types de capsules est en cours chez Menshen. «De plus en plus de clients souhaiteraient baser leur choix sur ce type d’étude», note le dirigeant.
Chez Vegeplast, l’on mise sur la capsule Vegecap en biomatériau, adaptée aux machines Nespresso. 100% biosourcée et biodégradable, elle a été certifiée «home compost» en début d’année, et peut donc être déposée dans un compost domestique. La société fabrique sa propre matière, le Vegemat, disponible en différents grades et servant notamment à fabriquer la capsule. Autre nouveauté : «nous avons lancé une capsule 100% barrière, afin que le café ne s’oxyde pas et garde toute sa saveur. Pour cela, nous avons réalisé un travail sur le moule et la matière. Le choix de l’opercule, compostable, est important mais on ne le fabrique pas», explique Lucie Pluquet, chef produit pour Vegeplast. L’usine compte depuis peu une nouvelle presse à injecter de 48 empreintes, ce qui double la capacité de la machine. La Vegecapest vendue aux torréfacteurs – tels les Cafés Richard ou Café Launay. Elle n’est pas commercialisée auprès des particuliers car nécessite des machines spécifiques pour la remplir et la fermer. La société réalise actuellement des analyses de cycle de vie – un processus long et onéreux.
Les capsules réutilisables : vers plus de praticité
Jean de Boisredon et Thibaut Louvet sont de jeunes ingénieurs et startuppeurs. Ils ont eu l’idée de créer leur concept de capsule réutilisable Caps Me en regardant un reportage sur le recyclage de ces petits éléments. «Il est apparu que peu de capsules sont réellement recyclées. Et nous trouvions les capsules rechargeables existantes peu pratiques à l’usage. Nous avons donc conçu un coffret permettant de remplir facilement une capsule en dix secondes, avec la bonne dose de café et le bon tassage, sans en mettre partout», résume Jean de Boisredon. Après une centaine d’essais, les jeunes entrepreneurs – qui ont lancé la société au moment du confinement – ont créé un «shaker» protégeant le café moulu et permettant de remplir la capsule réutilisable en inox, compatible avec toutes les machines Nespresso vendues après 2010. L’utilisateur n’a plus qu’à coller l’opercule à base d’amidon (compostable industriellement). Le coffret est produit par un partenaire français, et disponible dans 150 points de vente (torréfacteurs, magasins Nature & Découverte). «Nous avons vendu plus de 10 000 coffrets depuis le confinement, et plus de 3 millions d’opercules. Et nos ventes sont en augmentation», sourit-il. Les deux associés travaillent sur un coffret adapté aux machines Dolce Gusto pour 2023, et souhaitent dessiner leur propre capsule réutilisable «made in France» pour encore plus de performance. Celle utilisée actuellement provient d’un fournisseur. Ils cherchent également des opercules «home compost».
Et demain, la fin des capsules ?
Autre piste récemment dévoilée : la suppression totale de la capsule, en lieu et place une boule de café compressée et conditionnée naturellement. C’est en effet, ce que propose le torréfacteur suisse Delica, une entreprise du groupe Migros, avec CoffeeBby Café Royal.
La boule de café, sans emballage plastique ni aluminium, fonctionne exclusivement avec sa machine Globe CoffeeB. Enrobée d’une très fine enveloppe à base d’alginate à 100%, elle garantit une très bonne stabilité, et protège ses arômes tout en étant 100% compostable. Il suffit de déposer la boule après usage dans une jardinière ou un composteur maison. L’innovation a nécessité cinq ans de travail. Ces boules de café sont disponibles en huit variétés, et conditionnées dans un emballage secondaire en fibre moulée. Une fois ouvert, celui-ci préserve les aromes du café pendant trois mois.