Comment les emballages à base de fibres permettent de résoudre le casse-tête du conditionnement durable
posted Wednesday 26 April 2023
Par Elodie Bugnicourt, responsable international du développement durable & Sébastien Galland, responsable du développement commercial chez Graphic Packaging International.
Il est capital de comprendre et d’anticiper les tendances du marché afin de garantir que les emballages restent pertinents dans le futur, également en vue de la législation qui évolue de plus en plus vite. Ces derniers mois, le secteur des produits frais, particulièrement des fruits et légumes, a été bombardé en France de nouvelles lois liées au conditionnement. Et d’autres semblent poindre à l’horizon.
La récente proposition de Règlement relatif aux emballages et aux déchets d’emballage (PPWR) de la Commission Européenne vise à réduire l’impact environnemental des emballages tout au long de leur cycle de vie. Alors que les États membres de l’UE ont du mal à augmenter leur taux de recyclage au rythme nécessaire pour atteindre les objectifs fixés pour 2030, un nouvel objectif visant à réduire les déchets d’emballages par habitant de 15 % d’ici 2040 a été annoncé, ainsi que d’autres mesures ayant pour ambition de réduire le poids et le volume des emballages et à encourager une transition vers des solutions réutilisables lorsque cela est possible.
Dans le secteur des produits frais, une des mesures envisagées consiste à imposer des restrictions sur certains formats d’emballages contenant du plastique inutilement. Le gouvernement français avait anticipé cette mesure lors de la transposition de la directive SUP de l’Union Européenne (directive sur les produits en plastique à usage unique). En adoptant la loi n° 2020-105 relative à la lutte contre le gaspillage et à l’économie circulaire (AGEC), la France applique des restrictions plus strictes que la directive SUP prenant les devants de la proposition PPWR. Cela signifie que le pays met à l’essai de nouvelles législations visant à restreindre l’utilisation du plastique à grande échelle permettant à d’autres gouvernements européens d’observer leur impact avant de les étendre à l’échelle de l’UE si la proposition de PPWR est adoptée.
Les emballages à base de papier sont une alternative plus circulaire au plastique, car leur matière première, la fibre végétale, est issue de ressources renouvelables, naturelles et pérennes. Le procédé de collecte et de recyclage des emballages en papier est bien établi. Il est donc possible d’utiliser ces précieuses fibres à maintes reprises. Leur taux de recyclage est le plus élevé de tous les matériaux d’emballage en Europe (82 % dans l’UE et 91 % en France en 2019 selon Eurostat). Le carton recyclé peut être utilisé comme solution alternative en s’adaptant, le cas échéant, aux restrictions de contact avec les aliments.
Les émissions de gaz à effet de serre liées aux aliments sont généralement beaucoup plus importantes que celles des emballages (1). Il est donc important de trouver un équilibre entre la réduction des emballages et la lutte contre le gaspillage alimentaire. Même lorsque les produits sont vendus en vrac, le consommateur a besoin de les emballer d’une façon ou d’une autre pour les emporter chez lui. Il utilise souvent des sacs en plastique légers à usage unique, souvent compostables, qui ne sont pas toujours compatibles avec l’infrastructure de recyclage en place. Par conséquent, pour garantir l’alignement des pratiques utilisées dans le secteur des fruits et légumes avec l’économie circulaire à l’avenir, les solutions innovantes à base de papier et sans plastique sont sans doute l’option idéale, car elles permettent de réduire à la fois l’utilisation de plastique et le gaspillage alimentaire.
Une étude externe visant à évaluer l’empreinte carbone ont mis en évidence, dans certains cas d’utilisation, qu’en remplaçant les emballages plastiques par ces barquettes à base de fibres il est possible de réduire l’impact potentiel des emballages sur le réchauffement climatique (2).
Alors que l’industrie alimentaire est soumise à la pression des législateurs qui la poussent à réduire son empreinte carbone et leurs déchets, les réglementations ne doivent pas être envisagées de manière isolée. L’emballage ne peut contribuer à résoudre le casse-tête du développement durable que si l’on prend en compte l’intégralité du parcours des aliments, de la ferme à la fourchette. Il est important de reconnaître que le conditionnement de certains produits peut être évité, mais gardons également en tête aussi les nombreuses fonctions des emballages : il permet de protéger les aliments contre les chocs, les microbes, la lumière et la déshydratation, facilite l’échange de gaz et garantit l’hygiène et la traçabilité des produits. Il fournit également si nécessaire, des informations précieuses au consommateur, telles que la date de péremption de l’aliment, son pays d’origine, etc. Il n’existe donc pas de solution toute faite. Et la question d’adéquation doit demeurer une condition essentielle lorsqu’il s’agit de sélectionner un emballage à base de fibres, en tenant compte des exigences propres au produit et à la chaîne d’approvisionnement.
(1) https://www.foodpackagingforum.org/news/report-investigates-greenhouse-gas-emissions-packaging-and-food-waste
(2) Référence : évaluation effectuée par Savvypack. Veuillez noter que ces résultats peuvent varier en fonction des hypothèses, de la chaîne d’approvisionnement et du cadre de comparaison spécifique, et doivent être vérifiés au cas par cas.