Déchets industriels et commerciaux : leur recyclage se structure
posted Wednesday 23 November 2022
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Alors que la REP sur les déchets d’emballages industriels et commerciaux (DEIC) ne sera effective qu’au 1er janvier 2025 selon la Directive (UE) 2018/852, entreprises et associations professionnelles mettent un coup d’accélérateur et multiplient les projets pour se préparer à l’échéance. Explications.
Si le recyclage des déchets industriels et commerciaux ne date pas d’hier, l’annonce de la nouvelle REP DEIC aura eu l’effet d’un catalyseur d’investissements de la part des recycleurs et industriels concernés. Retour sur les dernières annonces faites sur le sujet en 2022.
Twiice s’attaque aux déchets plastiques industriels et commerciaux
C’est fort de 30 ans d’expertise dans la collecte et le recyclage des déchets ménagers que Valorplast a créé début 2022 Twiice, une société dédiée à l’économie circulaire des déchets d’emballages industriels et commerciaux en plastique. «Nous nous sommes fixés comme objectif de reconduire notre modèle de recyclage des emballages ménagers et nos valeurs, à savoir la transparence, la traçabilité et la proximité, pour ce nouvel organisme», explique Catherine Klein, directrice de Valorplast. C’est donc sous la structure d’une société à but non lucratif qui a fait le succès de Valorplast que Twiice ambitionne de prendre en charge les déchets d’emballages plastiques industriels et commerciaux, qu’ils soient souples ou rigides (fûts, bidons, big-bags, films, cagettes, caisses, etc.), ne disposant pas de solutions de recyclage pérennes. «Contrairement aux autres matériaux comme le verre, bois, carton ou les métaux qui ont déjà atteint de bons taux de recyclage, celui des plastiques reste un vrai enjeu (27%). Les déchets plastiques industriels et commerciaux devant atteindre dès 2025, comme pour les emballages ménagers, le seuil des 50% de recyclage», explique Jean-Yves Daclin, directeur général France de Plastics Europe.
Porté par les actionnaires de ce dernier – à savoir Elipso et Plastics Europe – Twiice voit donc le jour après deux ans d’expérimentation. Les collaborations et synergies, mises en place dans ce cadre avec les fabricants d’emballages (Agriplas, Berry, Decomatic, Embipack, Jockey, Plastikpack, Schütz, Stard, Werit) et les producteurs de polymères (ExxonMobil, Ineos, LyondellBasell, Trinseo), ont participé à identifier et structurer des boucles de régénération qui pourraient à terme aller jusqu’au contact alimentaire. Avec comme objectif de construire une industrie du recyclage mais également du réemploi, pérenne pour les déchets plastiques industriels et commerciaux. «Les résultats de cette phase pilote sont prometteurs. Ils nous ont permis de confirmer la faisabilité d’un système de recyclage de l’emballage vers l’emballage, ainsi que l’existence d’un gisement équivalent en volume – environ 1,2 MT – à celui des déchets plastiques ménagers, même s’ils sont différents dans leurs compositions et la nature des produits contenus», constate Catherine Klein. Si l’industrie était déjà bien organisée pour les films souples transparents, elle l’est moins pour les plastiques rigides (PP et PE, +PSE). «L’autre enjeu sera de relocaliser le recyclage de ces films sur le territoire national. Il y a une vraie attente de la part des fabricants de films pour capter ces gisements afin de réintégrer du recyclé dans leurs produits», indique Jean-Yves Daclin.
De fait, l’hétérogénéité et la dispersion de ce gisement devront pousser Twiice à développer des modes de collecte différenciés en fonction des emballages, et de leurs usages, afin de faciliter leur massification. «Nous sommes en train d’élaborer un cahier des charges précis pour la collecte et le transport de ces déchets. Pour les emballages de produits dangereux, nous avons pu prouver durant ces deux années d’expérimentation qu’il est possible pour la majeure partie de les préparer afin qu’ils puissent être recyclés», complèteDelphine Pernot, responsable développement de Twiice. Twiice contribue à la mise en place de boucles de régénération des bidons/seaux vides usagés collectés et le recyclage de ces matières plastiques régénérées (MPR) dans de nouveaux emballages. Grâce aux gisements collectés, des emballages contenant des MPR ont pu être fabriqués et des homologations sont en cours. «Les pilotes ont permis de développer des contenants issus de cette boucle de recyclage avec nos partenaires piscinistes. Un exemple qui, nous l’espérons, sera inspirant pour les industriels, qui faut-il le rappeler, seront les futurs metteurs sur le marché», insiste Catherine Klein. Communication et sensibilisation sont encore de mise pour informer sur cette future REP DEIC qui se profile. Les équipes de Twiice continuent de battre le fer tant qu’il est chaud, en multipliant les signatures de partenariat de convention avec les fédérations professionnelles. Avec un avenir clair et déjà tout tracé pour Twiice : devenir un futur éco-organisme agréé en France pour la REP DEIC.
Plastiques techniques : Galloo Recycling installe une nouvelle unité de recyclage à Harnes
Basé à Menin en Belgique, Galloo Recycling – leader européen du traitement et du recyclable de déchets industriels ferreux et non ferreux – a dévoilé, au printemps dernier, son projet d’installation d’un site de recyclage à Harnes dans le Pas-de-Calais. L’usine viendra compléter celle de Halluin, sur laquelle s’appuie depuis 2000 Galloo Plastics– filiale spécialisée du groupe sur le recyclage des plastiques techniques issus des secteurs de l’automobile, de l’électroménager et de l’électronique. Fort de 25 sites en France et d’un chiffre d’affaires de 700 M€, l’ETI de 720 salariés a investi une enveloppe de 28 M€ sur ce projet. 80 emplois seront créés d’ici 2024, annonce Galloo Recycling. La nouvelle entité, qui sera accueillie au cœur de l’Agglomération de Lens Liévin, sera équipée d’une grande unité de préparation et recyclage de déchets d’activité économique (DAE). Objectifs : mobiliser le gisement de plastiques techniques disponibles et traiter environ 200 000 tonnes de DAE à l’année, pour être ensuite «raffinés» sur le site d’Halluin, grâce à une technologie éprouvée par l’entreprise nippone Toyota qui l’a qualifiée de meilleure technologie disponible sur le marché mondial du recyclage de plastiques techniques. En France, le procédé développé par Galloo lui a valu une distinction par l’Ademe en 2021 et lui a valu d’être nommé lauréat de l’appel à projet «Centre de Tri» de l’organisme. Le nouveau site de Harnes participera à atteindre les ambitions du groupe belge : à savoir, accroître le tonnage de plastiques techniques recyclés mis sur le marché, pour atteindre 100% de plastiques recyclés en 2025.
Cyrkl, une marketplace pour donner une seconde vie aux déchets industriels
Déployée dans 12 pays depuis son lancement à Prague en 2019 par Cyril Kleplek, Cyrkl est la plus grande marketplace B2B d’Europe d’achat et de vente de déchets industriels. La cleantech fait de l’approvisionnement durable son leitmotiv. «Nous aidons les entreprises à trouver les meilleurs partenaires économiques, grâce au digital et au machine learning. L’inscription est gratuite : les utilisateurs peuvent mettre en ligne leurs gisements disponibles en seulement quelques minutes et peuvent rentrer en contact avec 50 metteurs sur le marché. Une version Pro permet un accès illimité à la plateforme et un accès aux conseils personnalisés de nos experts», indique la société. Car l’ambition de Cyrkl est clairement affichée : amener plus d’économie circulaire dans la gestion des déchets et des matières recyclées entre acteurs du secteur industriel. Le modèle a déjà séduit plus de 17 000 entreprises dont de grands noms de l’industrie (BASF, Saint-Gobain, Skoda, Ikea, Siemens, Heineken, Lidl, etc.) et a permis d’économiser plus de 250 000 tonnes de CO2 sur les 12 derniers mois, annonce la marketplace. En quelques clics, le site internet propose de mettre en relation industriels et partenaires commerciaux pour récupérer et traiter les déchets industriels. Les recherches et annonces couvrent une dizaine de familles de matériaux, qu’ils soient vierges ou recyclés : verre, bois, textile, carton, plastique, métaux, biodéchets, etc. En s’appuyant sur ses Circular Waste Scans – de puissants algorithmes – chaque utilisateur peut être orienté vers les offres matériaux les plus intéressantes, tant sur le plan économique que leur positionnement géographique pour optimiser les trajets. Une fonction de type ventes aux enchères est également disponible sur la plateforme. Avec à la clé, des économies de 15 à 45% sur le coût annuel des déchets et une baisse des émissions de CO2 de 200 à 700 tonnes par an, projette Cyrkl.
Veolia dévoile sa nouvelle plateforme dédiée aux plastiques recyclés
Lors du dernier salon K 2022 à Düsseldorf en Allemagne, Veolia a lancé sa nouvelle offre PlastiLoop. Fort de 30 ans d’expérience dans le recyclage du plastique, le groupe a imaginé et développé une plateforme intégrée qui permet à ses clients de s’approvisionner en résines de plastique recyclées partout dans le monde, à travers une gamme de polymères structurés par application pour répondre à chaque besoin spécifique. Cette offre s’appuie sur le vaste réseau d’experts du Groupe Veolia et ses 37 usines de recyclage des plastiques à travers le monde pour mettre à disposition des entreprises une grande variété de résines recyclées de «haute performance» et prêtes à l’emploi : PET, PEHD, PP, PS, ABS, LDPE, PC. Ces résines circulaires peuvent être intégrées dans la chaîne de production de nombreux secteurs industriels : emballage, textile, agriculture, mobilier et électroménager, véhicules, industrie et logistique, construction et bâtiment. La solution de Veolia est modulable et peut couvrir tout ou une partie de l’ensemble de la chaîne de valeur du recyclage de plastique, en fonction des besoins du client : collecte et tri des déchets, production de résines recyclées prêtes à l’emploi, façonnage industriel. Ces solutions circulaires permettent de réduire l’empreinte environnementale des entreprises tout en maintenant la qualité de leurs produits. «La nouvelle offre PlastiLoopregroupe toutes nos expertises techniques et commerciales en matière de plastique recyclé pour accompagner au mieux nos clients avec des solutions sur-mesure. Elle met à disposition la force du groupe, à travers ses experts et ses différentes usines de recyclage, pour assurer le meilleur accès aux gisements des plastiques recyclés. Choisir le plastique recyclé permet non seulement d’économiser de la ressource mais également d’atteindre une réduction considérable des émissions de CO2, jusqu’à moins 75% par rapport à du plastique vierge», indique Estelle Brachlianoff, directrice générale de Veolia. En 2021, Veolia a quintuplé ses capacités de recyclage au niveau mondial depuis 2016. Son objectif est désormais d’atteindre 610 000 tonnes de plastiques recyclés dans ses usines à horizon 2023.