Emballages en verre : une situation inédite
posted Wednesday 31 August 2022
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s'abonnerL’année 2021 représente la plus forte croissance de la production jamais enregistrée pour les emballages en verre pour aliments et boissons. L’industrie du verre doit répondre à la demande élevée du marché tout en faisant face à une crise mondiale extrêmement pénalisante. Les verriers poursuivent leurs investissements pour augmenter leurs capacités et décarboner les process de fabrication.
Le volume de la production industrielle d’emballages en verrepour le secteur de l’alimentation et des boissons a augmenté de 5% par rapport aux chiffres de 2020, pour atteindre son plus haut niveau jamais enregistré. Selon les nouvelles données publiées par la FEVE (Fédération Européenne du Verre d’Emballage), plus de 23,4 millions de tonnes – soit 83,3 milliards de bouteilles et pots, ont été produites pour les marchés européens et mondiaux en 2021. Depuis 2012, la production de verre d’emballage a augmenté de 18,6%, à un taux de croissance moyen de 1,7% par an.
L’industrie se porte donc très bien : «la production atteint des niveaux record historiques en termes de volumes et nous faisons le maximum pour répondre à la demande du marché qui est exceptionnelle en ce moment. Dans ce contexte d’incertitude, de confusion, on dirait que les consommateurscherchent la sécurité et l’authenticité dans tout, même au niveau de l’emballage pour leurs produits préférés. Nous travaillons à plein régime et œuvrons pour retrouver une situation normale mais cette crise est une tempête dans laquelle toute l’industrie et toutes activités commerciales se retrouvent. Cela ne dépend pas que de nous : nous souffrons de l’impact du coût énergétique et des tensions concernant la fourniture de gaz au niveau international et européen», résume Michael Delle Selve, responsable marketing et communication de la FEVE. Le gaz constitue 80% de l’énergie du verre. Une grande problématique face à la flambée des prix de l’énergie. «Aujourd’hui, le MWh de gaz s’élève à 100-120 € – au lieu de 20-30 € avant la crise. Par ailleurs, l’inflation est forte sur différents postes, comme le transport. Tout ceci a une incidence considérable sur les coûts de production et impacte les prix de ventes», souligne Jacques Bordat, président de la Fédération des Industries du Verre.
S’adapter au contexte mondial
Sur le marché français, une part importante d’emballages en verre vides – autour de 40% – est importée de pays européens proches, dont certains plus compétitifs. «Cela fait partie des stratégies d’achat des clients. Nous découvrons aussi l’ampleur des achats de bouteilles en Russie : des acteurs sont aujourd’hui en difficulté et se tournent vers les fournisseurs français», ajoute-t-il. «Nous vivons une situation inédite et devons gérer à la fois des phénomènes internes et externes. La demande est forte, boostée par les ventes de vin à l’export – surtout aux Etats-Unis, et couplée à une demande nationale stable. A ceci s’ajoute une situation concurrentielle avec les verriers de la péninsule ibérique, détenant environ 30% de part du marché français. Depuis quelques mois, ils privilégient leurs marchés nationaux, ce qui génère un déficit de verre en France. Par ailleurs, les importations de verre d’Ukraine et de Russie ont cessé. Face à la pénurie, nous faisons le maximum. Nous devons parfois proposer à nos clients des alternatives : à ceux qui souhaitaient une bouteille blanche, on peut en fournir une en teinte foncée, ou bien utiliser des stocks dormants en dépannage», explique Christine Bour, directrice commerciale d’O-I Glass sur l’Europe de l’Ouest. Le groupe répercute une partie des augmentations. «Toutes les composantes de nos coûts sont inflationnistes et des produits commencent à manquer, comme des palettes. Notre déficit d’inflation est énorme car non reporté l’année dernière : nous tenions à respecter les contrats signés», ajoute-t-elle.
Extrait de la revue n° 670 – Juillet/Août 2022. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support