g.pivaudran inaugure sa nouvelle ligne
d’anodisation à Souillac
posted Sunday 12 January 2025
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Investissement le plus important jamais réalisé par l’entreprise, la nouvelle ligne automatique d’anodisation a été inaugurée fin 2024 en grande pompe par g.pivaudran à Souillac, dans le Lot.
Plus d’un an de travaux auront été nécessaires pour remplacer l’ancienne ligne d’anodisation de 1990 par un équipement dernier cri. Un projet ambitieux pour la PME lotoise : en effet, la nouvelle machine a requis la construction d’une fosse de 500 m3 et l’installation de 80 cuves de 3000 litres ainsi que la mise en place d’un dispositif d’aspiration de 70 000 m3/h. Coût de l’investissement : 8 millions d’euros, dont une participation des clients de g.pivaudran (Chanel, Puig, LVMH, L’Oréal, Cartier, Hermès), de France Relance, soutenue par les financements de BPI et de la Société Générale.
Longue de 40 mètres, la nouvelle ligne automatisée d’anodisation repose sur une structure de 28 tonnes d’acier et 700 m3 de béton. Equipée de 12 bains de coloration, elle permet à l’entreprise de doubler sa capacité actuelle de traitement de surface tout en réduisant d’un tiers sa consommation en eau, énergie et substances chimiques. «Il s’agit de l’investissement le plus conséquent jamais réalisé depuis la création de g.pivaudran. Il nous permettra de répondre avec plus d’agilité à plusieurs projets nécessitant des volumes importants tout en incarnant notre engagement RSE», confie Marc Pivaudran, pdg de g.pivaudran.
En pleine phase de qualification des produits (120 à 150 références) avec ses clients, le fabricant prévoit une rapide montée en puissance pour un démarrage opérationnel au premier trimestre 2025, tandis que l’ancienne ligne sera démantelée cet été. A plein régime, le nouvel outil – fourni par l’espagnol Sidasa Engineering – pourra traiter 400 000 pièces par jour grâce à des cycles de traitement de 2 à 4 heures, avec la possibilité d’une double anodisation. Un mastodonte qu’il faudra alimenter d’ailleurs en pièces. «L’atelier emboutissage a encore de la marge de maœuvre et peut voir sa capacité augmentée de 30% en passant les équipes en 3×8 si nécessaire», rassure le dirigeant.
Réduire l’impact environnemental de l’entreprise
La nouvelle ligne, capable d’anodiser plusieurs pièces différentes simultanément, se démarque par son éco-conception : elle permet ainsi à g.pivaudran de réduire sa consommation d’électricité et d’eau de 30% et son utilisation de produits chimiques de 40%. Pour ce faire, les travaux ont intégré la mise en place d’un dispositif de récupération d’énergie pour préchauffer l’air aspiré et l’équipement de 60% des cuves d’un échangeur pour être raccordables au futur réseau de chaleur bois. En effet, la PME privilégie l’énergie verte, via un achat ciblé à EDF, et bénéficiera en 2026 d’un raccordement à ce nouveau réseau de chaleur développé par la ville de Souillac. Elle sera la première société privée lotoise à pouvoir bénéficier d’un tel système. Côté sécurité, l’ajout d’acides et de bases sera désormais automatisé pour éviter aux opérateurs une exposition aux CMR. Les armoires électriques ont été isolées dans un local annexe. Et cinq caméras ont été installées tout au long de la ligne pour détecter un éventuel départ de feu. «Nos investissements vont dans le sens de la décarbonation de l’industrie mais également de l’amélioration des conditions de travail de nos collaborateurs. La question environnementale est aujourd’hui au même niveau que nos objectifs de productivité et de qualité : pour nous, nos clients et nos partenaires», souligne Marc Pivaudran.
Assembler et décorer avec dextérité
Si tous les yeux étaient rivés sur la nouvelle ligne d’anodisation, la visite de l’usine de g.pivaudran a pu mettre en lumière ses autres métiers d’expertise. De la conception – grâce à un bureau d’étude intégré – en passant par l’emboutissage des pièces à des cadences élevées assurées par des presses transfert et semi-automatiques, aux lignes flexibles et robotisées et aux ateliers de parachèvement et d’assemblage, le fabricant peut s’appuyer sur des savoir-faire pointus. Le montage, l’assemblage ou la gravure laser sont effectués sur des machines automatiques spécialisées. Les impressions (sérigraphie, tampographie, laser) et décors (double anodisation) sont également intégrées. Récemment, l’entreprise a investi en partenariat avec Hermès dans une nouvelle ligne d’assemblage automatisée U2 Robotics, équipée de navettes B&R Automation à lévitation magnétique, capable d’assembler jusqu’à 14 références produits sur la même ligne. «Nous travaillons avec des marques de prestige dont le niveau d’exigence est très haut, ce qui nous challenge au quotidien pour atteindre une qualité de pièces hors du commun», avoue Marc Pivaudran. L’ensemble du process industriel est d’ailleurs régulièrement optimisé pour réduire le taux de rebut (11% d’unités par an). Les pièces non conformes sont ainsi réparées ou recyclées par des prestataires : l’idée à terme sera d’internaliser cette valorisation de matière au sein d’une boucle fermée.
Aluminium recyclé
Côté matières premières, l’entreprise s’attelle à incorporer de l’aluminium recyclé dans la fabrication de ses pièces. Fruit de ce travail, g.pivaudran a lancé en partenariat avec la Maison Chanel, le premier mascaradont le packaging intégre de l’aluminium recyclé à hauteur de 10 et 20% selon les modèles de décors. En complément, l’entreprise planche sur une offre d’aluminium «bas carbone», produit grâce à des énergies renouvelables, limitant ainsi son impact environnemental. «Aujourd’hui, 80% de notre activité est dédiée à la parfumerie, mais nous sommes ouverts à une diversification vers d’autres secteurs comme celui des spiritueux, même s’il reste aujourd’hui anecdotique (2%) et également attentifs aux opportunités que peuvent présenter les marchés du maquillage et des soins cosmétiques (18%). Certes, les marges y sont moindres et il faut être plus réactif en termes d’animation et de décors mais les marques sont à la recherche de pièces sans plastique : une solution tout aluminium aurait donc toute sa place…», confie Hervé Delaigue, directeur commercial et développement chez g.pivaudran. Fort du soutien de ses clients et en s’appuyant sur cette nouvelle ligne d’anodisation, la PME espère atteindre un chiffre d’affaires de 40 millions d’euros avant 2029.
Fier de son ancrage local
Fondé à Souillac dans le village natal de son fondateur Georges Pivaudran en 1948, la PME est un acteur majeur dans le Lot, employant 220 salariés. La mise en route opérationnelle de la nouvelle ligne d’anodisation permettra la création d’une cinquantaine de postes d’ici 2027, principalement sur des fonctions d’opérateurs polyvalents et de chefs de projet. Soutenue par la BPI, la Région Occitanie et France Relance et Territoires d’industrie, l’entreprise est appréciée pour son implication dans la vie économique locale. Pour exemple, le fabricant participe à la création d’un futur musée-showroom g.pivaudran qui mettra en valeur le savoir-faire et les réalisations de la société, ainsi que la construction de logements à destination des alternants via la réhabilitation d’un ancien immeuble en centre-ville de Souillac pour un montant de 600 000 euros. Le projet devrait voir le jour fin 2025. «Nous travaillons de notre côté depuis longtemps sur la transmission des savoirs pour anticiper les départs à la retraite et attirer de nouveaux talents. 7% de notre chiffre d’affaires est consacré à des formations qualifiantes, avec une moyenne de 12 heures par personne et par an. g.pivaudran a obtenu en 2020 le label Entreprise du Patrimoine Vivant, une reconnaissance de notre expertise, du travail de nos équipesmais aussi un atout supplémentaire pour nos recrutements et notre relation client», a rappelé Marc Pivaudran, durant son discours d’inauguration.