Le suremballage en quête d’économies
posted Wednesday 23 November 2022
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Les industriels privilégient plus que jamais les solutions les moins coûteuses pour suremballer leurs produits. Il s’agit notamment d’optimiser les designs pour réduire la quantité de carton, ou encore de passer au fardelage plastique sans four de rétraction.
Déjà synonyme d’emballage inutile pour les associations de consommateurs (alors que c’est évidemment loin d’être toujours le cas), le suremballage doit faire face aujourd’hui à une augmentation considérable du coût des matières et de l’énergie.
À supposer que de nouvelles solutions écologiquement vertueuses – et donc plus acceptables par les consommateurs – arrivent sur le marché, il faudrait aussi, pour bien faire, qu’elles reviennent moins cher aux industries agroalimentaires. Un vrai casse-tête pour les fournisseurs de solutions d’emballage.
Anneaux compostables
En 2019, Tecma Aries et son partenaire mexicain E6PR (1) avaient ainsi espéré – rapidement – faire bouger les choses en remportant le prix d’excellence technologique (2) du salon Pack Expo pour un procédé visant à utiliser des anneaux fabriqués à partir de déchets végétaux en lieu et place des anneaux de regroupement de canettes en plastique habituels. «Malgré ses atouts environnementaux, en particulier la capacité des anneaux à se décomposer en quelques semaines au maximum à l’air libre, cette innovation, pour laquelle nous avons spécialement développé un applicateur ultra-rapide (1 200 canettes/min), a mis du temps pour s’imposer, pour des raisons de coût de matière. Le décollage commercial ne s’est fait qu’il y a quelques mois», raconte David Andry, directeur des ventes de Tecma Aries.
Optimisation des wraps
Si le souhait de remplacer les suremballages en plastique affiché par beaucoup d’industriels est a priori une aubaine pour les spécialistes de la mécanisation du carton, les réalités économiques freinent les velléités de changement. «En revanche, pour les clients qui font déjà appel au carton, un pan croissant de notre activité consiste à voir avec eux comment nous pourrions réduire les quantités de matériaux employés», poursuit le directeur des ventes.
Pour ces industriels, producteurs de yaourts en tête, le département design packaging de Tecma Aries développe, par exemple, des systèmes enveloppants qui laissent traverser les pots à certains endroits ou, en tout cas, ne recouvrent que partiellement les packs. «Il faut bien entendu que ces designs restent compatibles, à quelques adaptations près, avec nos machines. Pour autant, la présence des suremballages n’est pas remise en question par l’industrie car l’expérience montre que les produits qui en sont dépourvus sont boudés dans les rayons», insiste David Andry.
Efficacité d’abord
En ce qui concerne les autres demandes de sa clientèle, le directeur des ventes note une tendance à privilégier l’ergonomie et la facilité de mise en œuvre des suremballeuses plutôt que leur cadence. Cette orientation profite surtout aux machines basse cadence comme les types 203 (collage par-dessous) et 215 (collage par-dessus), dotées de réglages automatiques uniquement en option et limitées à 120 packs/min pour les versions les plus rapides. Ce qui n’empêche pas Tecma Aries de vendre également des modèles beaucoup plus sophistiqués à l’instar des machines robotisées de la gamme 704, ou encore de la toute nouvelle 516, pourvue d’un double magasin et capable de monter à 500 packs/min avec la possibilité de faire, avec le même équipement, aussi bien des mono-rangées de pots monocouches ou bicouches, que des bi-rangées monocouches.
Configurations sur-mesure
Elle aussi, spécialiste de la mécanisation du carton, l’entreprise
ET PACK conçoit et fabrique sous le nom d’Ecowrap toute une gamme de suremballeuses modulaires facilement adaptables aux besoins (formats, types de découpes…) des clients. C’est du moins ce qu’estime François Le Treut, responsable commercial : «nous proposons principalement deux typologies de fermetures, précise-t-il, d’une part le pliage-collage de carton en partie inférieure, qui correspond aux références ETW201et ETW204(toutes deux compatibles avec les coiffes en U), et d’autre part le pliage-collage supérieur, qui correspond à l’ETW100compacte (jusqu’à 45 coups/min), avec laquelle il est possible également de réaliser la fermeture des fourreaux par clipsage mécanique». Équipée d’un dépileur rotatif haute cadence et d’un magasin grande capacité si nécessaire (2450 mm au lieu de 1450 mm en standard), l’ETW204 grimpe à 200 coups/min, contre
80 coups/min pour l’ETW201 (à dépileur pendulaire), qui mesure toutefois un mètre de moins et reste le modèle le plus vendu de la gamme.
Révolution robotique
François Le Treut tient en outre à signaler qu’une nouvelle machine robotisée vient de faire son apparition pour le collage/clipsage supérieur. Cette machine, l’ETWIC, est «à la fois rapide (jusqu’à 120 packs/min), flexible et évolutive», grâce à la combinaison de mouvements intermittents et continus (d’où le suffixe IC). «Pour ET PACK, il s’agit d’une véritable rupture technologique (basée sur les moteurs linéaires) qui va grandement faciliter les alimentations (mise en lots des produits, etc.) chez les clients qui attendent de la répétabilité et des changements de séries rapides», indique François Le Treut.
Retour en grâce du kraft
Plus confidentiel que le carton dans le suremballage alimentaire, le papier kraft (associé à une fermeture par colle chaude) connaît néanmoins, lui aussi, un regain d’intérêt de la part des industriels de l’alimentaire. L’occasion de remettre un coup de projecteur sur des matériels éprouvés, mais toujours d’actualité, comme ceux de la gamme Matador PP (Packaging in Paper) de B&B Verpackungstechnik. «Cette machine a bénéficié de nombreuses améliorations avec le temps et convient au banderolage ou au suremballage complet (avec pliage) des produits secs et légers, comme le café, les pâtes, les céréales de petit-déjeuner, etc., à une cadence pouvant aller jusqu’à 15 cycles par minute», commente Alain Le Coq, ingénieur commercial chez PBH, représentant de B&B en France. Mais le papier a quand même des limites, prévient-il : «iIl craint l’eau, se déchire facilement, s’accommode mal des formes biscornues… Bref, il n’est pas d’un emploi aussi aisé et universel que les films en polyéthylène».
Économies de chauffage
S’agissant du plastique, Alain Le Coq condamne résolument le dénigrement dont il est aussi victime dans le fardelage, «alors que le polyéthylène est en l’occurrence largement récupéré pour être recyclé après usage». De plus, dans le contexte énergétique actuel, l’ingénieur commercial met en avant la compétitivité opérationnelle des fardeleuses SBP de B&Blorsque celles-ci sont utilisées avec des films étirables, et non des films thermo-rétractables réclamant un passage en four. «Ces machines intègrent un système qui gère la tension du film (après qu’on lui a fixé un certain pourcentage d’étirement) et s’avèrent donc plus coûteuses que des fardeleuses ordinaires. Mais l’évolution du coût de l’énergie permet de les rentabiliser beaucoup plus rapidement que par le passé, d’autant qu’à l’absence de four s’ajoute une économie de film de 30 à 40% avec des cadences élevées, pouvant atteindre 40 fardeaux/min».