Réglementation PPWR : comment les industriels vont devoir s’accorder pour assurer la pérennité de leurs activités
posted Sunday 12 January 2025
Par Patricia Torres, experte en développement durable, Omron Industrial Automation Europe.
Réduction des déchets, diminution des volumes, changement d’étiquetage… Des changements radicaux se préparent pour les emballages qui circulent en Europe dans le cadre de la nouvelle réglementation PPWR. L‘automatisation de la traçabilité et la coordination semblent être des solutions indispensables à cette homogénéisation.
La réglementation sur les emballages et ses déchets (PPWR), révisée en 2022 par la Commission Européenne, rentrera en vigueur fin 2024, avec pour objectif principal d’imposer des exigences règlementaires. Quelles sont-elles et comment les mettre en place ?
Une répartition uniforme de la responsabilité entre chaque entité
La PPWR introduit de nouvelles exigences et cela autant pour les États que pour l’industrie. Les États membres devront ainsi mettre en place des systèmes de consigne pour les bouteilles en plastique et les canettes, mais aussi déployer une infrastructure et des systèmes dédiés au retour et à la collecte séparée de tous les déchets d’emballages. Les industriels, quant à eux, voient leur responsabilité également élargie : ils devront rendre tous les emballages recyclables d’ici 2030, enregistrer et signaler les quantités d’emballages qu’ils utilisent, participer financièrement aux coûts de collecte, de tri et de recyclage des déchets d’emballages, et enfin assumer la charge des emballages qu’ils mettent sur le marché tout au long de leur cycle de vie.
Une stratégie uniformisée entre toutes les parties prenantes de la chaîne de valeur est nécessaire pour parvenir à ces nouveaux objectifs. Maintenant, les fabricants ne pourront plus concevoir des emballages recyclés à grande échelle sans savoir à quoi ressembleront les infrastructures de collecte et de tri ainsi que les technologies utilisées et devront avoir une connaissance approfondie des processus de recyclage de leurs emballages.
Un niveau sans précédent de collaboration transversale sera nécessaire pour arriver à cette économie d’emballages circulaire qui, sur un plan pratique, nécessite une traçabilité tout au long de la chaîne de valeur.
Une automatisation de la traçabilité au-delà de la fabrication
La clé de la traçabilité des emballages repose sur les données, et surtout, sur leur lisibilité tout au long de leur vie. C’est l’un des principaux problèmes à résoudre pour atteindre efficacement la circularité tant attendue. De nouvelles technologies peuvent améliorer ce processus, comme le filigrane numérique. Tatouage placé à la surface de l’emballage, il est invisible à l’œil nu mais détectable via une caméra haute résolution. Gardant ses performances même exposés à des conditions difficiles telles que des vitesses de tapis plus élevées, des salissures ou des écrasements, le filigrane numérique permet, à la lecture de ses informations, de diriger l’emballage vers la bonne filière pour son recyclage ou sa valorisation, garantissant des flux globaux plus propres et des matériaux recyclés de meilleure qualité.
Mais leur intégration dans les environnements industriels pose encore quelques défis. En effet, ils nécessitent d’être identifiés, lus et inspectés à grande vitesse pour être commercialement viables. Cette tâche est complexe, en particulier lorsque les emballages sont fabriqués à partir de matériaux difficiles à inspecter ou qu’ils ne sont pas tous orientés dans le même sens. De nouveaux systèmes de vision avancés exploitant l’IA et des algorithmes d’apprentissage profond permettent aujourd’hui un tri à des vitesses remarquablement élevées, même pour les formats d’emballage plus complexes tels que les films transparents et les bouteilles cylindriques étiquetées. Ils ouvrent la porte vers de nouvelles possibilités d’identification, d’inspection et de suivi.
Plus la production des emballages progresse, plus la traçabilité devient la pierre angulaire des chaînes d’approvisionnement. L’Europe donne le La, et la France est d’ores et déjà en état de marche, notamment suite à la publication de son projet de décret relatif aux emballages et déchets professionnels. Grâce aux avancées en matière d’identification, les emballages intelligents sont appelés à devenir un outil puissant dans le contexte de la PPWR. Pour favoriser cette économie circulaire d’emballages, industriels et états doivent persévérer dans le déploiement de systèmes et infrastructures dédiés au retour et à la collecte séparée de tous les déchets.