Essity s’équipe d’une ligne 100% dédiée au recyclage de briques alimentaires
publié le vendredi 20 octobre 2023
Essity, fabricant de produits d’hygiène et de santé, a inauguré mardi sur son site industriel de Hondouville dans l’Eure une nouvelle ligne de recyclage. Il s’agit de la 1ère ligne de production au monde 100% dédiée au recyclage de briques alimentaires pour la fabrication de produits d’hygiène en papier (papier toilette, essuie-mains, produits d’essuyage) à destination des professionnels.
Du haut de ses 120 ans d’histoire et avec ses 360 collaborateurs, le site Essity d’Hondouville a une double activité de production de produits d’hygiène papier pour la marque Tork à destination des professionnels et de fabrication de produits d’hygiène personnelle en coton pour les marques Demak’Up et Lotus.
L’usine recycle environ 100 000 tonnes de vieux papiers et de briques alimentaires par an pour produire du papier toilette et des essuie-mains. « Nos produits d’hygiène Tork sont fabriqués à Hondouville à partir de matières recyclées depuis plus de 15 ans, que ce soit à partir de vieux papiers ou depuis 2008 de briques alimentaires », explique Eric Guazzaroni, directeur de la Division Hygiène Professionnelle Tork.
Avec cet investissement de 16 millions d’euros pour la mise en place d’une ligne 100% dédiée au recyclage des briques alimentaires, la quantité recyclée augmentera de 40% pour passer de 18 000 à 25 000 tonnes de briques recyclées par an, soit une brique sur six triées, collectées et recyclées en France.
« L’ancienne ligne était mixte, elle recyclait à la voix les vieux papiers et les briques. Nous avons désormais deux flux bien distincts sur site. Au-delà d’une augmentation de la capacité de recyclage, cette nouvelle ligne de fabrication permet également à Essity de récupérer et traiter plus fibres de papier contenues dans chaque brique. La mise au point de ce procédé unique, qui a nécessité des années de recherche et développement, a réuni 30 sous-traitants et de 180 intervenants », explique Valéry Danjou, directeur du site Essity de Hondouville.
En effet, le nouveau process permet ainsi le recyclage de près de 100% des fibres d’une brique contre 70-80% auparavant et une meilleure revalorisation des résidus comme l‘aluminium ou le film plastique contenu dans les briques. « Pour arriver à ce résultat, il a fallu mettre au point notre propre procédé car aucun équipement ne répondait à notre projet. En adaptant les modules de la turbine et des filtres, nous arrivons à mieux séparer les fibres à chaque étape du procédé, pour récupérer quasiment 100% de la cellulose, ceci en consommant moins d’eau et d’énergie. Pour ce qui est du bouchon et du polyal (25% des 25 000 T recyclés) restants, nous les utilisons pour produire de l’énergie. En parallèle, nous sommes en train de qualifier les filières pour leur valorisation en mobilier urbain ou matériaux de construction », explique Sonia Trolet, ingénieur process.
La ouate de cellulose ainsi récupérée part en fabrication de bobines mères de 2,5 T et de 5 m de laize pour alimenter les huit lignes de conversion de produits d’hygiène de la marque Tork. « Elle y est intégrée à hauteur de 50% avec 50% de fibres issues de vieux papiers pour nos rouleaux de papier toilette par exemple. Il serait tout à fait possible de monter à 100% de fibres issues de briques alimentaires lorsque le marché de l’hygiène sera prêt à accepter des produits en papier brun », ajoute Anne Conte, directrice des opérations.
Soutenue par l’Alliance Carton Nature, la nouvelle ligne de recyclage s’inscrit dans un plus large programme d’investissement de 47 millions d’euros du groupe Essity ces trois dernières années visant à améliorer l’empreinte environnementale de site, sa sécurité et son excellence industrielle (exemple : transformation de produits en rouleaux sans tube).
Avec cet investissement, le site de Hondouville démontre sa pleine capacité à innover. Elle travaille déjà sur un autre projet de valorisation, celui des boues papetières constituées d’encres et de glaçage, sources importantes de carbone. Présenté sur le dernier salon Pollutec, CalBouVal fait appel à la start-up drômoise Hevatech ainsi qu’à l’Institut Jean Lamour et l’INSA de Strasbourg. Grâce au moteur H2P de Hevatech, l’idée est de valoriser l’énergie thermique issue de la calcination des boues. Avec une efficacité de plus de 60%, le papier et les boues seront séchés avant calcination pour économiser en électricité. L’autre volet du projet consistera à recarbonater les particules captées dans ces cendres résiduelles pour produire un minéral à destination de la cimenterie. Objectifs : transformer 40 000 tonnes par an de boues sèches sur le site de Hondouville afin de réduire les émissions CO2 du site entre 25 et 60%, et dans un second temps déployer la solution sur l’ensemble des sites du groupe. D’un budget de 3,5 M€ cofinancé pour moitié par l’Ademe dans le cadre de France 2030, le projet doit démarrer mi-2024.