Flacons de parfums : trouver le bon compromis entre éco-conception et codes du luxe

L’éco-conception serait le point commun des nouveaux produits lancés sur le marché. Les marques s’intéressent au verre recyclé, à l’allègement du poids de verre, aux décorations moins impactantes, aux flacons rechargeables… tout en conservant les codes du luxe. Les fournisseurs doivent composer avec des tendances parfois opposées et trouver les meilleurs compromis. Ils doivent aussi adapter leurs outils pour aller toujours plus loin dans la production de flacons très audacieux.

« Beaucoup de lancements ont été reportés depuis mars 2020, y compris des flankers. Les clients se focalisent sur les références existantes et les lancements sont rares», résume Rudolf Wurm, directeur commercial du verrier Heinz Glas. Quelques tendances se dessinent ou se confirment toutefois. «Le point commun à tous les clients actuellement, c’est l’éco-conception. Cela passe par l’allègement du poids de verre, l’intégration de verre PCR, et les demandes pour des capots en verre, dans le but de minimiser le plastique, sont en croissance», souligne Bérangère Raguenet, directrice marketing et communication de Verescence. Le verrier a récemment participé au lancement du parfum Allegra de Bulgari, qui associe un flacon et un cabochon en verre. «Le pied du flacon ainsi que le cabochon présentent un aspect strié, ce qui implique un démoulage parfait pour obtenir des gravures nettes. La décoration a également demandé beaucoup de précision : le laquage, de deux couleurs différentes, a dû être réalisé avec un cache pour parfaitement délimiter les teintes», décrit-elle. Le parfum Rochas Girl est un autre lancement récent réalisé par Verescence. Le flacon intègre 40% de verre recyclé post-consommation.

«Nous pourrions aller au-delà : il n’y a pas de frein technique, mais il faut que la teinte corresponde aux attentes des marques de luxe. La majorité de nos plus gros clients demande de façon croissante du verre PCR. Cette année, nous proposerons une nouvelle offre à 20% de PCR, disponible en France, en Espagne et aux États-Unis. Par ailleurs, sur ce flacon, le fond est épais, mais le poids a été réduit de 20 g par rapport au brief initial du client, grâce à la conception du moule et à la répartition du verre», précise Bérangère Raguenet. Rudolf Wurm confirme : «beaucoup de projets intègrent une option PCR dans les consultations. Des clients souhaitent, pour une partie de leurs produits, 10% de PCR. Pour d’autres, il y a un grand intérêt sur des taux à 20%, voire plus. La flexibilité sera le maitre-mot, le temps que le marché soit bien en place», dit-il. Heinz Glas reconstruit son four électrique en Pologne, d’une capacité de production de 40 tonnes. Le verrier le dédiera principalement à des productions haute parfumerie avec du PCR – matériau par ailleurs disponible sur ses autres fours. Quant au Groupe Pochet, il a mis au point un verre recyclé haute qualité, à la transparence proche du cristal. Autre fournisseur à travailler sur des solutions en verre allégé, Coverpla. «Nous intégrons de plus en plus de verre PCR – de 5% jusqu’à 40% d’ici fin 2021. Il est possible de cumuler poids de verre et verre recyclé… Les marques cherchent un compromis entre l’esthétique et l’écologique», remarque Bruno Diepois, président de Coverpla.

Extrait de la revue n° 658 – Mai 2021. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support