Huiles minérales : mise en route d’un système d’éco-modulation par Citeo
publié le vendredi 31 janvier 2020
Lors d’un rendez-vous technique fin 2019, Citeo a rappelé la nécessité d’une coopération entre toutes les parties prenantes, du secteur des emballages et des papiers graphiques pour poursuivre le plan d’action globale initié en 2017 sur les huiles minérales. Pour rappel, celui-ci a été mis en place pour réduire le niveau d’exposition des consommateurs à ces substances, issues notamment de certaines encres d’impression utilisées dans les supports papiers (journaux, magazines, etc.) et pouvant se retrouver par leur recyclage dans des emballages papier-carton.
Jugées préoccupantes par l’ANSES pour leur effet sur la santé, les huiles minérales sont un mélange de composés chimiques issus du pétrole, de nature aromatique (MOAH) et saturée (MOSH). L’agence avait déjà tiré la sonnette d’alarme, il y a une dizaine d’années, quant à leur risque de migration dans les emballages papiers et cartons. Depuis une recommandation européenne (N°2017/84) a permis de systématiser l’usage par la filière packaging d’encres sans huile minérale. Citeo indique ainsi sur le million de tonne de papier/carton circulant chaque année en France, moins de 5% en contient encore. Pourtant, le sujet reste toujours d’actualité. «Une récente étude a mis en avant la présence de ces composés dans les aliments. S’est alors posée la question de leur origine. Il s’est avéré que les emballages, contenant des fibres recyclées issues de la boucle graphique, pouvaient en contenir. Une source de contamination qui n’avait pas été identifiée à l’époque», rappelle Jean-François Robert, directeur technique fibreux de Citeo.
Pour y remédier, un plan d’action globale lancé fin 2017 par les deux filières, au sein du groupe de travail Huiles minérales & économie circulaire, a été déployé autour de cinq axes :
• Quantification et qualification des enjeux des Huiles Minérales pour les acteurs des filières ;
• Collecte et tri des flux ;
• R&D et expérimentation industrielle d’alternatives ;
• Sensibilisation et accompagnement des acteurs des filières ;
• Suivi et accompagnement règlementaire.
«Grâce à ce plan, la cartographie des gisements de papiers graphiques intégrant des huiles minérales est mieux connue. On estime que la moitié environ des 3 MT de papiers graphiques consommés en France par an contiennent ces substances», détaille Jean-François Robert. Face à ce constat, Citeo a décidé de soutenir des projets R&D pour accélérer la mise au point notamment d’encres coldset (impression des journaux) sans composés aromatiques (MOAH) en partenariat avec plusieurs fabricants d’encre (S&S et Sun Chemicals) et un éditeur de journal (La Provence). «Nous travaillons également de concert avec l’UBA, l’équivalent de l’Ademe en Allemagne, qui mène actuellement les mêmes travaux. Aujourd’hui, le seul frein technique à dépasser reste la désencrabilité des solutions alternatives identifiées», indique le représentant de Citeo. L’organisme reste optimiste sur l’aboutissement de ces travaux. Des études similaires ont permis récemment de caractériser des encres à base d’huiles dites blanches pour les procédés d’impression en heatset, contenant moins de 1% de MOAH. Avec un surcoût estimé à 5% par rapport à une encre standard. Citeo rappelle d’ailleurs que les encres compatibles avec le référentiel allemand Blue Angel (référentiel RAL-UZ 195) sont la garantie d’encres formulées avec une teneur en MOAH inférieure à 1%.
A ce jour, aucun texte réglementaire n’encadre la présence d’huiles minérales dans les papiers graphiques (1). Citeo a donc choisi de mettre en place un dispositif incitatif pour orienter les acteurs de la filière vers des solutions plus vertueuses via un système d’éco-modulation de ses tarifs. Ainsi, depuis le 1e janvier 2020, un malus est appliqué si l’emballage papier carton a été imprimé avec des encres offset dont la formulation contient plus de 1% de composés d’huiles minérales ajoutés (MOAH et MOSH) : 10% de majoration en 2020, 50% en 2021. De la même façon, un malus sera également activé d’ici un an pour les papiers imprimés avec des encres contenant des huiles minérales ajoutées : 10% en 2021 et 20% en 2022. Citeo se donne un an pour finaliser ses travaux R&D et définir les modalités d’application pour le secteur des papiers graphiques. Un intervalle de temps qui permettra à l’organisme de poursuivre, en parallèle, son action de communication et de sensibilisation auprès des acteurs de la filière.
(1) Le projet de loi économie circulaire en cours d’élaboration prévoit des interdictions d’usage de ces substances dans les emballages et les papiers.
Extrait de la revue n° 644 – Décembre 2019/Janvier 2020. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support