
L’industrie papetière, sous pression, tente de maintenir le cap
publié le jeudi 31 mars 2022
Selon le syndicat Copacel – Union Française des Industries des Cartons, Papiers et Celluloses – qui tenait son point annuel fin mars, l’industrie papetière a connu un rebond d’activité en 2021 qu’elle espère maintenir en 2022 malgré le contexte actuel très incertain : conflit en Ukraine, explosion des tarifs de l’énergie, tassement de la croissance, inflation, etc.
En hausse de 25% par rapport à 2020, le secteur a enregistré un chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’euros pour un volume de production de 7,4 Mt (+7% vs 2020). Un rebond qui s’explique par l’explosion des prix de vente, et qui profite aussi bien aux papiers et cartons d’emballages (+9,7%) qu’aux papiers graphiques (+8,7%). Si cette progression est notable, elle ne suffit pas à compenser le recul engendré en 2020 par la crise sanitaire pour revenir à un niveau de 2019 (indice de production 104,5 en 2019 contre 98,1 en 2021). Un écart d’autant plus marqué pour les papiers graphiques, dont le tonnage mis sur le marché en 2021 est 20,1% inférieur à celui de 2019. Tirée par la bonne croissance du e-commerce et la tendance à la substitution du plastique par le papier/carton, la production des emballages papier/carton gagne du terrain : elle représente 66% de l’industrie papetière en 2021 contre 45,2% vingt ans auparavant au détriment du papier graphique (17,7% en 2021 contre 45% en 2000) qui reste structurellement décroissant, avec des outils de production désormais sous- capacitaires.
Pour répondre aux besoins des emballages papier/carton, une enveloppe d’un milliard d’euros est en cours de déploiement sur le marché français, estime Copacel. Malgré ce rebond en 2021, l’industrie papetière française connait un décrochage sur ces dix dernières années, reléguant à la 5e place du podium européen la production française derrière l’Allemagne, la Suède, l’Italie et la Finlande. Enfin, les importations ont augmenté : +4,4% pour atteindre les 5,1 Mt en 2021. L’essentiel d’entre elles restent européennes (94%), venant principalement d’Allemagne, d’Italie, d’Espagne et de Suède.
Impactée plus particulièrement ces derniers mois, par la hausse des coûts de production (prix du gaz et de l’électricité multipliés respectivement par 5 et 3), l’industrie papetière a dû faire face à une augmentation brutale des cours des papiers et cartons à recycler (+160% pour les cartons ondulés récupérés en 2021 par rapport à 2020), mais également du bois et de l’amidon ainsi que des tensions sur l’approvisionnement de la pâte à papier (transport maritime, incidents de fabrication, etc.).
Dans ce contexte, l’industrie papetière a publié sa feuille de route de décarbonation – 62% de la production de chaleur de la filière est aujourd’hui déjà décarbonnée – ainsi que huit propositions à destination des candidats à l’élection présidentielle pour continuer à assurer sa croissance. Priorité est donnée à la réindustrialisation de la France par une baisse de la fiscalité de production et la relance d’un programme électronucléaire. L’accès aux fibres vierges et recyclées sont deux autres axes fondamentaux pour le secteur, ainsi que la garantie d’un approvisionnement compétitif et durable en énergie. Enfin, les enjeux de demain seront de favoriser l’usage de produits biosourcés et valoriser l’image même de l’industrie papetière tout en soutenant le renouvellement des compétences. Ceci ne sera possible, pour Cop.
Extrait de la revue n° 666 – Mars 2022. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support