
La filière emballage s’adapte pour faire face aux enjeux réglementaires
publié le vendredi 28 mars 2025
Le 5 mars dernier, les industriels de l’emballage se sont réunis au ministère de l’Économie, des Finances et de la Souveraineté industrielle et numérique lors d’un colloque organisé par le Conseil National de l’Emballage (CNE) et l’organisation professionnelle Evolis. L’occasion de discuter des nombreux enjeux de la filière pour rester innovante, compétitive et responsable.
En ouverture, Éric Fresnel, président du groupement Process & Emballage d’Evolis, a donné le ton en appelant à «créer de la confiance entre les décideurs publics et les industriels» afin d’imaginer des emballages plus vertueux grâce à l’innovation. Un soutien des pouvoirs publics déjà présent comme l’a souligné Constance Maréchal-Dereu, cheffe du service de l’industrie à la Direction Générale des Entreprises. La France, active aux côtés de la Commission européenne pour identifier des mesures de défense commerciale, œuvre aussi pour aider les entreprises à répondre aux défis environnementaux. Pour exemple, le nouvel appel à projet ORMAT visant à augmenter la production, sur le territoire, de matières premières recyclables, ou encore la politique d’accompagnement de la décarbonation des process industriels.
La réglementation au cœur des préoccupations
Autre sujet qui demandera à la filière emballage de se fédérer : la réglementation dont les exigences ne cessent de croitre avec les
évolutions nationales (lois Agec et Climat), européennes (PPWR et règlements Cosmétique et Reach) et internationales (règles spécifiques notamment en Asie et aux États-Unis avec une complexité par états). «Le cadre réglementaire est très complexe et évolue sans arrêt. On parle de tsunami réglementaire. Cela va être un vrai défi pour les entreprises et pour nous de s’y conformer», a partagé Régine Fretard, responsable réglementation packaging chez LVMH Recherche Parfums et Cosmétiques. «Nous avons également besoin d’un alignement du calendrier, notamment France-Europe. Et il faudra travailler avec toutes les parties prenantes – metteurs sur le marché, fabricants, recycleurs, pouvoirs publics et consommateurs».
Un avis partagé par Olivier Larose, directeur développement durable de Coca-Cola Europacific Partners, qui a rappelé la notion du temps industriel qui est par essence longue, rendant complexes les prises de décision dans un contexte réglementaire aussi mouvant. «En tant qu’industriel, nous avons besoin d’avoir un cap. S’équiper d’une nouvelle ligne de production représente un investissement de 10-15 ans», a-t-il rappelé.

Pour répondre à ces exigences – augmenter la part de matière recyclée, réduire l’utilisation des plastiques et agir sur les émissions de CO2 – le recours à des technologies avancées est nécessaire. Ainsi, Sidel s’est penché sur la question de l’utilisation rationnée de l’eau ou a encore investi dans une technologie laser pour réchauffer les préformes et réduire le poids des emballages. «Ces technologies que l’on développe pour des nouveaux équipements sont applicables sur des lignes installées. Elles réclament d’ailleurs des compétences qui manquent aujourd’hui», a commenté Vincent Le Guen, vice-président du groupe Sidel. Les difficultés à recruter de jeunes talents reste d’ailleurs une question épineuse pour l’avenir du secteur. En effet, la filière – qui, par ailleurs, n’existe pas en tant que «filière» formalisée, manque de visibilité et d’attrait malgré de nombreux atouts, ont souligné les participants de la table ronde «Tous ensemble vers une industrie plus attractive», qui a rassemblé FSPack Cognac, Serac, Easyfairs – PPW, le CNE et le Geppia.
Des industriels engagés
Pour se conformer aux exigences réglementaires, comme celles du PPWR, le groupe Bel a entamé la transformation de son emballage iconique Kiri. Un «véritable challenge d’évolution de marque», selon Camille Lecointe, directrice du centre d’excellence packaging chez Bel, les consommateurs étant attachés à leur produit et son emballage aluminium historique. Pour revoir ses emballages de portions individuelles, notamment, l’entreprise aura besoin d’aides financières pour sa R&D et devra recruter de nouveaux talents.
Toujours au rayon des produits laitiers, Lactalis a souligné l’état d’avancement de la filière de recyclage des pots de yaourt en PS en France. Après l’ouverture d’un premier centre de sur-tri en 2024, trois autres structures sont opérationnelles aujourd’hui. Ainsi, depuis le début de l’année, l’ensemble de la population française peut déposer ses pots de yaourt dans les bacs jaunes de tri, ceux-ci seront recyclés en boucle fermée au sein de la nouvelle usine (NDLR : celle d’Indaver en Belgique). «Un pot Lactalis est désormais recyclable à 92%», a souligné Pierre Georgeault, directeur R&D Emballages du groupe Lactalis. En partenariat avec Citeo, l’Ademe et le Cniel, une campagne de communication #TriTonPot* a été lancée le mois dernier pour sensibiliser à la recyclabilité de ces pots de yaourt.
L’industrie cosmétique n’est pas en reste. Le mastodonte cosmétique L’Oréal déploie sa stratégie 3R – réduire, remplacer et recycler – pour proposer des emballages éco-conçus. «Au sein du groupe, 24 000 tonnes de flacons plastiques ne sont pas recyclables du fait de la présence de certains types de matériaux dans les pompes. Nous transformons, avec nos fournisseurs, le profil de ces pompes pour faire disparaître les disrupteurs de recyclabilité (comme les ressorts en métal, certains plastiques, etc.)», explique Brice André, directeur mondial packaging et développement durable chez L’Oréal. De la contrainte nait aussi l’innovation !