Le compte-gouttes passe au crible de l’éco-conception
publié le mardi 04 juillet 2023
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Composé de différents éléments et matériaux, le compte-gouttes évolue doucement vers des solutions en 100% plastique et / ou permettant un meilleur recyclage. L’enjeu est de garder l’aspect premium du compte-gouttes, tout en répondant aux besoins des clients et consommateurs.
Le compte-gouttes reste indétrônable sur le segment des sérums. On le retrouve aussi sur les huiles pures, les cosméceutiques, ou encore le maquillage pour des formules de type illuminateur. «Il contribue clairement à l’aura de préciosité d’une formule», résume Simon Silvano, chargé de la coordination du projet «Zero In Pack» au sein du service marketing d’Eurovetrocap. Depuis quelques années, les demandes augmentent. «Auparavant, les marques premium, principalement, proposaient des sérums, mais désormais tout type de marque en ajoute à ses gammes de produits. On constate des besoins pour le soin de la peau mais aussi des cheveux, un segment en pleine expansion. Le compte-gouttes s’avère pratique, précis dans le dosage et l’application, et la gestuelle plait. Il est aussi connoté «parapharmacie» auprès des consommateurs, ce qui pour eux est un gage de qualité, de sécurité», remarque Pascale Laurier, responsable des ventes pour l’Europe chez Virospack.
Les compte-gouttes tout plastique se développent
Chez Eurovetrocap, dont la majorité des clients sont des PME commandant des lots de 5000 à 50 000 pièces, les volumes de ventes se concentrent sur le compte-gouttes classique (tétine en nitrile, bague et pipette en verre), associé à un flacon 30 ml. «Nous vendons également des compte- gouttes avec des flacons 15 ml. Le format 100 ml émerge, pour des sérums capillaires. Notre compte-gouttes phare est le Minerbio, décliné en différentes versions. Par exemple, pour les formules courtes, biologiques, celui doté d’une bague PP – ou PP recyclé – est favorisé. En version premium, la bague sera chapée en aluminium», décrit Simon Silvano. Eurovetrocap fabrique également des compte-gouttes à pression verticale, qui représente 10% des ventes de la catégorie «dropper», en volume. Dans ce système, souvent composé de cinq éléments, une surcoiffe cache la tétine, écrasée par un système interne lorsque l’utilisateur actionne le bouton-poussoir.
Virospack fabrique en Espagne des compte-gouttes «classiques» et à bouton-poussoir –
que l’entreprise nomme «stilligouttes». Elle propose des modèles avec des flacons et des pipettes en verre, principalement, mais des solutions incluant des pipettes en plastique (PP) ont été développées. «Jusqu’à récemment, les clients demandaient beaucoup de verre. On voit que les tendances évoluent, et qu’ils sont intéressés par des matériaux recyclables et/ou recyclés. Nous avons développé une nouvelle gamme composée d’une pipette en plastique (disponible en quatre longueurs) et d’une frette en plastique, pouvant contenir du PCR. La tétine est en TPE – un ajout de PCR est possible aussi. Ainsi, l’ensemble du compte-gouttes se recycle. Le flacon reste, lui, en verre, car nous ne fabriquons pas de flacons en plastique», détaille Pascale Laurier. Virospack axe sa R&D sur de nouvelles matières recyclables, et teste des tétines fabriquées en injection-soufflage, une technologie permettant d’obtenir des formes différentes. De son côté, le fournisseur Lumson a lancé l’Eco Dropper, un compte-gouttes avec une pipette et une bague en PP, et une tétine en polyoléfine – élastomère compatible avec les flux de recyclage du PP.
La société Yonwoo propose elle aussi son «eco dropper», en deux pièces et en 100% PP (y compris la tétine). Le design de la tétine est personnalisable, ainsi que sa couleur (la pipette peut également être colorée). Une version de l’eco dropper de Yonwoo a été conçue à bouton-poussoir et en plastique 100% polyoléfine, avec un flacon en PET et un ressort en PE intégré dans le compte-gouttes en PP.
Une nouvelle gestuelle et moins de composants
Eurovetrocap travaille sur une version 100% PP de son compte-gouttes Minerbio, qui devrait être disponible début 2024. «Il sera ainsi recyclable, mais il subsiste la problématique de la taille des composants : les plus petits passent à travers les tambours des centres de tri… Nous lançons par ailleurs un compte-gouttes Minerbio avec une pipette en PETG. Ce matériau permet d’obtenir différentes formes et offre des possibilités de coloration. Les délais sont en outre plus réduits que pour les pipettes en verre», note Simon Silvano. Mais la grande nouveauté d’Eurovetrocap sera dévoilée en septembre 2023 : l’entreprise travaille depuis deux ans sur une solution baptisée Parigi, en 100% PP et apportant une nouvelle gestuelle d’usage. Le pack se situe entre un compte-gouttes à pression verticale et une tétine classique, en trois pièces. La pipette, en PP clarifié, s’insère directement dans la bague.
Le bouton-poussoir (qui fait fonction de tétine) est souple : quand l’utilisateur l’écrase, l’air sort de la pipette. Le produit remonte dedans lorsqu’il la relâche. Cette nouveauté – fabriquée en Italie et proposée en standard – sera disponible pour des flacons de la gamme Make-Up en 15 et 30 ml, avant d’être déclinée dans d’autres longueurs et d’autres bagues. «La bague extérieure du compte-gouttes Parigi est en 32 mm, une dimension qui a plus de chance d’être recyclée en centre de tri. Nous avons également travaillé sur une bague de teinte noire compatible avec les infrarouges des centres de recyclage. Nous testons par ailleurs une bague extérieure (qui représente 30% du poids du pack) en matière recyclée», détaille Simon Silvano.
Le compte-gouttes se renouvelle
Par ailleurs, le bois a le vent en poupe et s’invite aussi sur les compte-gouttes. Avec des partenaires, Virospack a conçu des compte-gouttes et stilligouttes en bois, ainsi qu’une frette en bois sans insert plastique. «Cela limite le nombre de composants, et évite la colle. Le challenge était d’obtenir un pas de vis en bois bien compatible avec celui du flacon en verre. Il fallait aussi s’assurer de l’étanchéité. Cela passe par un ajustement au niveau du moule de la frette du fournisseur. Nous avons réalisé de nombreuses préséries et des tests de compatibilité car le bois est entre-autres poreux», détaille Pascale Laurier. Quant à Eurovetrocap, le groupe a lancé cette année Minerbio Total Wood, dont la bague est en 100% bois, sans insert plastique. La tétine, en contact direct avec le col du flacon, assure l’étanchéité. Autre nouveauté chez Virospack : le fournisseur s’apprête à lancer un compte-gouttes à bouton-poussoir avec une possibilité de double dosage, grâce à une rotation. «Il suffira de tourner le bouton poussoir pour obtenir plus ou moins de produit. A l’intérieur du pack, un nouveau mécanisme fera pression sur la tétine. Cette nouveauté répond à une demande à la fois pour des huiles, et / ou des formules multifonctions», explique Pascale Laurier. D’autres développements verront le jour dans les prochains mois.