Le monde d’après – Par Doria Maïz, rédactrice en chef
publié le jeudi 30 avril 2020
Conférence du 19 avril 2020. Le Premier Ministre, Édouard Philippe, insiste : « À partir du 11 mai, ce ne sera pas, et pas avant longtemps, la vie d’avant le confinement ». Alors à quoi ressemblera cet « entre-deux mondes » ? Une société aseptisée, désincarnée dont le seul objectif sera de limiter « la casse » sur le plan économique ? Une épreuve d’endurance, sans précédent, avec pour seul crédo métro/boulot/dodo ? Perspectives peu joyeuses, confirmées par le Fond Monétaire International qui table sur une chute du PIB mondial de 3% cette année – soit un recul plus important que lors de la récession financière de 2008.
L’on se plait alors à imaginer le monde d’après. Celui qui permettra de corriger le tir. Le coronavirus nous fait espérer une prise de conscience, celle de la démondialisation, d’un retour à une consommation locale et la reconstruction d’un tissu industriel national, avec en son centre, l’humain. Un prérequis sur lequel s’est construite la filière emballage française depuis des décennies, forte d’entreprises pour la plupart familiales et indépendantes. Et qui a su, au fil de cette crise, démontrer sa fiabilité et solidarité.
Reconnaitre son utilité publiquement durant le confinement fût un premier pas. Mais il semble que les efforts s’arrêtent là. A la requête du Medef et de l’Afep de temporiser les délais d’application des dispositions de la loi économie circulaire, la secrétaire d’Etat Brune Poirson reste inflexible « La réponse à cette crise ne peut être en aucun cas moins d’écologie » et rassure ainsi sénateurs et ONG environnementales, qui pointent du doigt l’explosion de l’usage des emballages durant cette épidémie. Même son de cloche du côté de la Commission européenne : son refus de report de la mise en œuvre de la directive SUP sur demande de l’EuPC, association européenne des transformateurs de plastique, démontre peu de souplesse et de compréhension quant à la réalité du terrain, où l’urgence aujourd’hui est de mobiliser les ressources et outils pour assurer la production. Faisant passer, pour un temps, au second plan les projets innovation. L’on se plait alors à imaginer le monde d’après, où écoute et compréhension seraient de mise et où emballages ne seraient enfin plus opposés à écologie.
Extrait de la revue n° 647 – Avril 2020. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support