Le recyclage chimique confirme sa dynamique – Par Doria Maïz, rédactrice en chef
publié le jeudi 31 mars 2022
S’il est une technologie qui attire les investissements ces derniers mois et fait couler de l’encre, c’est bien celle du recyclage chimique. A quelques heures du bouclage de ce numéro, l’on apprenait que le géant américain Eastman avait finalement jeté son dévolu sur un terrain de 40 hectares à Port-Jérôme en Normandie pour y installer la plus grande unité de recyclage moléculaire au monde. 850 millions d’euros vont être déboursés pour faire sortir de terre un site d’une capacité de traitement de 160 000 tonnes de plastiques.
Une annonce qui devrait accélérer les velléités d’autres investisseurs sur un secteur déjà très convoité, mais dont les projets n’avaient pas encore cette ampleur. Selon Plastics Europe, pas moins de 44 projets sont ou vont être déployés dans 13 pays du marché européen. 3,4 millions de tonnes de matières plastiques pourront être ainsi traitées par le biais de ce recyclage d’ici 2030, prévoit l’association professionnelle. Un chiffre qui deviendrait ainsi significatif au regard des 4 à 5 millions de tonnes de plastiques recyclés mécaniquement tous les ans.
Si l’annonce d’Eastman concerne la technique de dépolymérisation du PET, la pyrolyse reste la technologie la plus répandue (environ 80% du recyclage chimique) : ExxonMobil/Plastic Energy à Notre Dame-de-Gravenchon, TotalEnergies/Plastic Energy à Grandpuits, Dow/Fuenix à Weert/Terneuzen (Pays-Bas), Dow/Mura à Teeside (Royaume-Uni), etc. A Chemelot Geleen (Pays-Bas), la nouvelle unité de pyrolyse de la joint-venture Sabic/Plastic Energy devrait voir le jour fin 2022. Un site à découvrir dans notre prochain numéro dans nos pages Focus. D’autres exemples de projets poursuivent leur développement : gazéification (Repsol/Agbar/Enerkem) ou encore dissolution (TotalEnergies/APK). Sur un autre process, Carbios a récemment annoncé son partenariat avec Indorama Ventures sur son site français de Longlaville, première usine au monde qui intègre la technologie enzymatique de la jeune entreprise.
Qu’il soit nommé chimique, avancé ou biologique, ce recyclage alternatif à la filière mécanique apparait comme une voie salvatrice pour prendre en charge les gisements de déchets plastiques non traités et qui auraient fini enfouis ou incinérés, avec un avantage de taille : celui de fournir en fin de cycle des polymères aptes au contact alimentaire. Loin d’être concurrent, le recyclage chimique se veut au contraire complémentaire.
Extrait de la revue n° 666 – Mars 2022. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support