Le tottle, un petit emballage avec de grands atouts
publié le vendredi 30 septembre 2022
Abonnez-vous à la revue pour lire la suite de l'article
s'abonner
Cet emballage transversal, accessible et facile à fabriquer en mono-matériau, a trouvé sa place dans de nombreuses gammes de produits. Du coté des fournisseurs, les innovations portent sur l’intégration de PCR ou de matériaux biosourcés, ainsi que sur son design (forme, contenance).
Le tottle connait un succès constant depuis quelques années dans les secteurs de la beauté et de la parapharmacie. Pratique, ergonomique, hygiénique, nomade, il présente beaucoup d’avantages. «Les demandes pour des tottles ont augmenté. Ces emballages sont adaptés à différentes formules, les délivrent goutte-à-goutte, peuvent être posés sur la base du flacon ou sur le capot… c’est un format moitié flacon, moitié tube, qui prend les atouts de chacun !», résume Stephanie Rowntree, responsable produit pour HCP Packaging. Le tottle est surtout choisi pour des produits de soin ou de maquillage – principalement pour du fond de teint. «Le segment capillaire reste une niche : le tottle est intéressant pour des produits nomades comme des retouches de racines ou des formules antichute de cheveux. Les réducteurs aident à l’application», remarque Delphine Huyghe, directrice commerciale de Texen Beauty Partners. Cette dernière travaille sur trois lancements sur les segments du solaire et du soin. «Nous avons noté une légère hausse, notamment pour des produits solaires, des soins du visage et des eaux florales», constate Nina Gaillard, chargée de communication et marketing pour PRP Creation.
Le tottle est aussi pour les marques une porte d’entrée sur le marché des formules hybrides. Les consommateurs apprécient en effet les produits associant soin et maquillage par exemple. «Le tottle est particulièrement prisé pour ce type de produit car il s’adapte bien aux demandes du marché : l’emballage est esthétique, la souplesse de la matière du pack permet de contrôler la délivrance de la formule – tout comme le réducteur, qui apporte de la précision dans l’application. Les consommatrices sont également à la recherche de packs nomades, s’adaptant à leur mode de vie», assure Nathasha Marquez, responsable produit pour Texen Beauty Partners. Le tottle est plébiscité pour de petits formats – 10, 20, 30 ml principalement, ou 50 ml. Les formats plus grands intéressent plutôt le segment du prestige. «Les formats de 100 ml sont appréciés aussi pour des déclinaisons en format voyage de certains plus gros volumes», précise Nina Gaillard, citant en exemple la marque Poupon, qui a décliné ses flacons 400 et 500 ml en format 100 ml dans un pack souple. «Les tottles de grande contenance pourraient intéresser le marché de la parapharmacie pour des démaquillants, des traitements pour les cheveux, des crèmes et autres gels… Pour les marques, l’intérêt serait de proposer une autre gestuelle, un dosage différent – tout en gardant un pack abordable et flexible», assure Delphine Huyghe.
Un emballage versatile et bon marché
C’est un atout majeur : le tottle est aussi un emballage standard abordable, permettant une mise sur le marché rapide. HCP Packaging a, par exemple, réalisé un tottle sur-mesure, avec un moule spécifique, pour des fonds de teint de la marque Fenty Beauty : «l’emballage fourni est très souple grâce à un ajout d’agents dans le plastique, et assez transparent pour montrer la vraie couleur du fond de teint. Nous pouvons créer des moules très rapidement. Le coût d’un moule pour un tottle fabriqué en coextrusion est moins cher que celui d’un flacon en injection», détaille Stephanie Rowntree. Le fait que cet emballage soit abordable intéresse beaucoup les clients. «Le tottle est facile à produire, compte peu de pièces – un flacon, un capot, un réducteur. Le flacon est fabriqué en coextrusion, la plupart du temps à base de PE. Le capot est en PP. On inclut de plus en plus de plastique PCR pour répondre aux contraintes environnementales», ajoute Delphine Huyghe.
Ces emballages sont essentiellement fabriqués en Asie. «Pour faire face à l’évolution du marché, nous avons commencé à faire produire des tottles en Afrique du Nord via un partenaire, afin de nous approvisionner plus près de l’Europe. Nous limitons ainsi les coûts de transports, réduisons le temps de mise sur le marché et pouvons élargir la gamme à des produits de plus grandes contenances qu’il serait inapproprié d’importer d’Asie. Nos études de marché confirment l’intérêt pour les grandes contenances, pour des produits de parapharmacie, de soin (de la peau, des cheveux), et autres», indique Delphine Huyghe.
Les possibilités de décors sont multiples. «La décoration des tottles reste relativement simple : une injection à la couleur de la marque, du laquage ou vernis soft touch, de la sérigraphie ou encore du marquage à chaud», décrit-elle. Pour un produit solaire de la marque chinoise Proya, HCP Packaging a fourni un tottle de forme ovale, décoré d’une impression UV spécifique qui ne se voit pas à l’œil nu. Mais lorsque le pack est exposé aux UV, le motif prend une teinte violette plus ou moins foncée selon leur intensité.
De la simple à la triple couche
HCP Packaging propose différentes options en termes de matériaux : «nous disposons de tottles en simple couche – à base de PE, de PP ou de matériau biosourcé comme l’EcoWood ; en deux couches avec, par exemple, une couche de PE et une de Surlyn pour apporter un effet brillant et plus de souplesse au plastique ; ou encore en multicouche pour protéger les formules de l’oxygène ou en cas de formule plus agressive. Le choix dépend aussi de la viscosité de la formule», souligne Stephanie Rowntree. HCP Packaging a augmenté son offre de tottles en stock, rajouté des gammes et des contenances. Le modèle Radii, par exemple, est désormais disponible en 50 ml, pour couvrir plus de catégories de produits. Il existe également en matériau EcoWood. «Nous avons développé plusieurs grades d’EcoWood pour pouvoir l’injecter dans des parties différentes – réducteur, capot, flacon. Ce matériau est plus cher mais intéresse beaucoup le marché», assure-t-elle. Le groupe a également lancé les mini-tottles en 10 ml – également disponibles en 15, 30 et 50 ml. De façon générale, les tottles sont bien optimisés en quantité de matière utilisée, et sont assez fins. «Les innovations portent sur l’intégration de PCR ou de matériaux biosourcés», ajoute-t-elle.
Lumson utilise pour ses flacons «du PE, en version basse ou haute densité, que l’on peut aussi renforcer avec de l’EVOH pour une meilleure barrière à l’oxygène. Le capot est en PP, et probablement en PCR à terme. La fabrication du tottle en soufflage est peu énergivore. Et développer un moule spécifique en soufflage demande peu d’investissement de la part des clients», note Cécile Pompili, responsable du marketing stratégique pour le fournisseur italien, qui fabrique ses tottles localement. La gamme de Lumson compte une dizaine de références, de 30 à 200 ml. «Elle est assez courte et nous permet surtout de montrer notre technologie. Nous réalisons ensuite des emballages sur-mesure. Le modèle Carmen, par exemple, a été initialement développé pour le groupe Pierre Fabre afin de compléter leur gamme», ajoute-t-elle. «Les formes des tottles sont sources d’innovation, et il y a de la demande pour cela. Nous travaillons à de nouveaux designs. Nous voulons également introduire des applicateurs sur les tottles, qui apporteraient de la valeur ajoutée à ce pack. Il y a un gros potentiel selon nous», assure Monica Arcos Morales, spécialiste catégorie pour Quadpack. La société vend beaucoup de tottles en version trois couches, mais son produit Simply Top, en une couche et avec du plastique PCR, gagne du terrain.
Des leviers d’amélioration
« Nous travaillons le réducteur car l’enjeu de la délivrance se joue sur cet élément, qui va conditionner la distribution, la dose. Le réducteur doit être en adéquation avec la formule du client. Certaines formules nécessitent une bille pour les fluidifier ou pour mélanger deux phases. On essaie de l’éviter pour améliorer la recyclabilité du pack ou bien on substitue la bille en inox par une autre en plastique de la même matière que celle du tottle», note Delphine Huyghe. Selon les fournisseurs, il subsiste des pistes d’amélioration, notamment pour augmenter le taux de restitution du tottle ou rendre le dosage encore plus précis.