Les matières plastiques impactées par la Covid-19
publié le mercredi 30 juin 2021
Lors de son bilan annuel, PlasticsEurope a dévoilé les chiffres 2020 de la filière plasturgie. De l’automobile, à l’emballage ou la construction, tous les marchés ont été touchés. En Europe, la crise du Covid-19 a très largement amplifié la baisse, à la fois de la production et de la demande de matières plastiques, constatée depuis 2017.
Avec 55 Mt, la production européenne a reculé de 5,1% en 2020. Avec une chute encore plus marquée en France (-11%). De la même façon, la demande européenne a elle aussi reculé de 4,7%, avec un écart là aussi, plus important dans l’Hexagone (-7,5%). Si l’automobile et le bâtiment en ont souffert, le secteur de l’emballage n’a pas été épargné contrairement aux idées reçues. Il enregistre ainsi une baisse de 2,5%, et de près de 7% en France ; les emballages ménagers ayant mieux tiré leur épingle du jeu que les emballages industriels et commerciaux. Les chiffres marquent ainsi une baisse historique de la filière plasturgie, qu’elle n’avait encore connu qu’à l’occasion de deux crises mondiales majeures, à savoir le premier choc pétrolier (1973) et la crise financière de 2008.
La situation est d’autant plus préoccupante que la Chine – principal producteur de matières plastique (32%) – a retrouvé dès l’automne 2020 une croissance de son PIB (+2,3%). En Amérique du Nord, la production est restée stable (environ 70 Mt) malgré la chute du PIB des Etats-Unis (-3,5%). Après avoir dépassé les 100 Mt en 2018, la production chinoise s’approche aujourd’hui des 120 Mt, soit presque le double d’il y a dix ans (près de 64 Mt), faisant de l’Asie, de loin la principale zone de production (+de 50%). Dans la seconde moitié de la décennie, aux Etats-Unis, de nouvelles unités de polymères dont la compétitivité repose sur l’exploitation des gaz de schiste, ont permis à l’Amérique du Nord d’augmenter sa production de plus d’un tiers (de 53 à près de 70 Mt).
Face à ces deux géants, l’Europe ne profite pas de l’augmentation de la production mondiale de matières plastiques. En 2020, sous l’effet de la crise sanitaire, le volume produit sur le vieux continent est en baisse, et sa part est passée en 10 ans de 21 à 15%. Malgré une forte demande en reprise, la multiplication d’incidents techniques combinée à de fortes exportations, des tensions sur les prix des matières plastiques se font ressentir début 2021 (+8% vs Q4 2020).
Dans ce contexte économique encore incertain, PlasticsEurope s’inquiète de toute nouvelle interdiction ou restriction nationale de produits (notamment le polystyrène (PS)), en plus de celles déjà adoptées en particulier dans le cadre de la loi AGEC en 2020, qui viendrait fragiliser la compétitivité de ses entreprises sur le marché européen des plastiques et les investissements prévus dans les unités de recyclage chimique du PS. Pour PlasticsEurope, il y a une contradiction évidente entre l’objectif peu réaliste, de 100% de plastiques recyclés en 2025, et la volonté du législateur d’éliminer des catégories entières d’emballages plastiques du marché, alors que ceux-ci représentent aujourd’hui 60% du gisement des plastiques à recycler. «Il ne faut pas décourager nos membres à l’heure où ils sont pleinement engagés dans l’économie circulaire des plastiques, tant en Europe qu’en France. Il est impératif que soient garantis les approvisionnements des unités de recyclage chimique dans lesquelles ils investissent massivement», conclut Eric Quenet, Directeur de PlasticsEurope pour la France.
Extrait de la revue n° 659 – Juin 2021. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support