Les préformes : de nouveaux marchés renouvèlent le secteur
publié le jeudi 19 janvier 2023
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La pénurie de verre amène les marques à se tourner vers le PET pour des bouteilles, des pots ou encore des bocaux. Les préformes en PET trouvent de nouveaux marchés dans le vin, le sirop, et même les yaourts. En parallèle, l’allègement reste une attente majeure du marché, tout comme l’intégration de rPET, et l’amélioration du recyclage des préformes laitières.
L’allègement des préformes reste une tendance importante, que ce soit au niveau des cols ou des corps. «Nous sommes aujourd’hui dans une phase d’allègement des cols, liée à l’arrivée sur le marché des bouchons attachés, une obligation à partir de 2024. Les demandes pour des changements de cols s’accélèrent en 26-22, notamment pour les boissons gazeuses (habituellement en cols 1881). Ces modifications nécessitent de nouvelles préformes – à partir de nouveaux moules, ou bien basées sur des préformes existantes, de nouveaux outillages, et donc des investissements conséquents», souligne Gilles Bouguen, directeur R&D de SGT. De son côté, PDG Plastiques développe également des préformes avec de nouvelles bagues 26-22. «Nous continuons d’alléger le col afin qu’il soit plus petit en hauteur, moins épais, tout en résistant aux boissons carbonatées. Sur la préforme elle-même, réduire les épaisseurs diminue la résistance de la bouteille, mais il est encore possible de gagner en grammage en jouant sur le design du fond de la préforme. Notre technologie Mint-Tec permet de déformer mécaniquement le fond de la préforme lors du refroidissement, pour le rendre moins épais», explique François Desfretier, dirigeant de PDG Plastiques. La société Alpla a, quant à elle, mis au point une technologie permettant d’obtenir un fond de préforme plus carré, avec une quantité de matière moindre.
Recyclabilité facilitée pour les préformes laitières
Un travail de fond est réalisé sur les préformes pour le lait : elles évoluent pour améliorer leur recyclabilité. «On cherche à réduire le taux de charge minérale, qui se situe en moyenne autour de 10%. Nous travaillons sur les opacifiants avec les coloristes et les fournisseurs de batch pour proposer des taux inférieurs à 4% en monocouche, comme recommandé par Citeo et le Cotrep, ou même inférieurs à 1% en cas de préformes multicouches, dans lesquelles la couche de noir assure une opacité totale. Pour arriver à ces taux bas, on agit sur la dispersion de l’opacifiant dans la matrice du PET», détaille Gilles Bouguen. SGT a lancé une nouvelle préforme laitière monocouche en col 38 mm, avec une charge minérale inférieure à 4%. Elle intègre une nouvelle technologie additive baptisée ColorMatrix™ Lactra™ Four One Zero, qui assure une blancheur supérieure à la bouteille, tout en bloquant la lumière jusqu’à quasiment 100%, même avec une faible épaisseur de paroi (200 microns). Cette préforme peut contenir jusqu’à 100% de rPET. PDG Plastiques a également baissé les taux d’opacifiant dans ses préformes laitières pour atteindre entre 2,6% et 1%, selon le choix des clients. Avec ces taux, «sur les préformes bicouche Prelactia, la barrière à la lumière est totale. Réduire les opacifiants est compliqué : cela nécessite des colorants plus techniques. Le coût de revient est plus élevé», souligne François Desfretier.
En parallèle, un consortium regroupant Citeo, des fabricants de préformes et des embouteilleurs a tout récemment créé une filière pour le recyclage des bouteilles blanches. «Il existait le flux des bouteilles de PET coloré, mais nous avons créé un flux spécifiquement pour les bouteilles blanches. Cela a nécessité que des recycleurs et Citeo acceptent de mettre en place un sur-tri. C’est une opération supplémentaire, et trois ans de travail de qualification des matières et de validation pour s’assurer que ce flux est viable industriellement – avec une qualité constante des préformes et des bouteilles, une colorimétrie maitrisée, etc.», détaille François Desfretier. Selon le taux d’intégration du rPET dans les bouteilles, celles-ci peuvent prendre une teinte grise, 30% de rPET, et 100% de rPET). «L’aspect est différent, mais si le rPET est de bonne qualité, il n’y a pas d’autres impacts, et très peu de différences avec une matière vierge au niveau des process. Le prix du rPET a flambé et il est compliqué d’en trouver de bonne qualité. Les acteurs maitrisant bien sa fabrication ont beaucoup de demandes, mais en ayant des partenariats sur le long terme, l’approvisionnement reste possible», ajoute-t-il.
La quantité de plastique recyclé insérée dans les préformes augmente. «On voit que de plus en plus d’applications démarrent en 100% rPET, et on atteint souvent 50% au minimum. Cela créé plus d’exigence sur la qualité du rPET et des perturbations dans le marché, qui n’est pas encore stabilisé. Les tensions sont régulières. SGT produit son propre PET recyclé, grâce à une unité de 12 000 tonnes
dans notre usine de Chalon-sur-Saône. Nous avons un projet d’extension de capacité de production de rPET sur notre site de Rezé. Nous consommons plus de rPET que nous en produisons, mais notre objectif d’ici deux ans est d’être autonome. C’est un point clé aujourd’hui, tout comme la production de rPET au plus près de la fabrication des préformes», assure Gilles Bouguen. Si l’intégration de rPET n’a pas d’impact sur les outils eux-mêmes, il faut adapter le suivi qualité et réaliser des contrôles qui n’étaient pas nécessaires avec du plastique vierge, comme l’évaluation des «NIAS» (substances non-ajoutées intentionnellement).
La pénurie de verre apporte de nouveaux marchés
Avec les tensions actuelles sur le secteur du verre, en termes de prix et de disponibilités, les demandes s’accélèrent pour passer à des bouteilles de vin, de sirop, des bocaux ou des pots en PET. «Nos gammes comptent des préformes pour le vin– en col BVS, en monocouche ou multicouche, et nous constatons un regain d’activité sur les petits comme sur les grands formats. Ces préformes incluent une barrière à l’oxygène pour la conservation du produit», précise Gilles Bouguen. Selon les marchés, certains designs évoluent. C’est le cas du segment de l’eau, avec le développement de préformes pour grands contenants de 5 à 10 litres, plus légers qu’auparavant. PDG Plastiques a réalisé des investissements conséquents en 2022 pour de nouveaux moules. «Pour le vin, les clients recherchent de belles bouteilles, dont la forme se rapproche de celles en verre. Les préformes sont en général plus lourdes. La plupart des vins en bouteilles PET partent à l’export, mais en 2023 nous devrions voir plus de bouteilles premium dans ce matériau sur le marché français. On nous demande de plus en plus d’intégrer du rPET à hauteur de 25 ou 50% sur ces préformes. Concernant le sirop, les bouteilles en PET seront également en augmentation en 2023 sur notre territoire», analyse François Desfretier.
Les préformes de pots, un nouveau terrain de jeu pour le PET
Depuis un an, et suite à la pénurie de verre, une tendance de fond s’installe sur les pots en PET – pour des produits comme des yaourts, diverses poudres, des épices… Cette alternative, qui a l’avantage d’être transparente, est vue comme pratique. Les demandes concernent des changements du verre au PET dans le but d’obtenir de nouveaux designs, ou pour la recyclabilité du PET. Ou bien elles peuvent émaner d’acteurs utilisant déjà des pots en plastique et souhaitant s’orienter sur du PET recyclé alimentaire – ce qui ne peut être proposé avec du PP, du PE ou du PS. Certains cherchent aussi une cohérence de gamme pots et bouteilles. «Nous avons des projets pour des pots de yaourts. Il s’agit de préformes très légères (10 g) en diamètre large – de 50 pour les petits pots, jusqu’à 100 pour certains. Nous nous sommes équipés d’un système complet dédié aux préformes de pots, qui impliquent des outils spécifiques, des presses à injecter dimensionnées. Il faut aussi adapter la capacité des systèmes à ces préformes légères», remarque Gilles Bouguen. Si les préformes de pots existent déjà – principalement en petites et moyennes séries, elles sont moins fréquentes en injection-soufflage. La demande grandissante va nécessiter de s’adapter aux grosses séries. De nouveaux marchés vont émerger, avec des gammes de préformes qui n’existent pas aujourd’hui.