Les préformes : un secteur sous pression
publié le lundi 31 janvier 2022
Flambée du prix des matières premières, usines européennes au maximum de leur capacité et retards d’approvisionnement en PET venant d’Asie : c’est dans ce contexte délicat que les fabricants de préformes continuent d’assurer leur activité, en espérant que la situation ne s’aggrave pas plus encore. Ils n’ont pas d’autres choix que de sécuriser leur approvisionnement en matières premières par des contrats annuels, et sont désormais plus nombreux à produire une partie du rPET qu’ils utilisent.
La crise sanitaire a engendré un marché atypique : certaines catégories de boissons ont montré une consommation en dent de scie, avec des mois en augmentation au début du confinement, puis en baisse entre les confinements, et sur la fin. Les habitudes de consommation ont évolué. «On a même constaté un engouement pour certains produits, comme le lait, sollicité pendant cette période. De façon générale, la consommation de boisson a légèrement augmenté pour l’ensemble de nos clients. Cela dit, ce marché est mature et attaqué par le «plastic bashing». Pour l’instant, l’offre s’étoffe sur les emballages en verre, en carton, ou sur les canettes mais les transferts du plastique à d’autres matériaux restent faibles. Si le PET s’est autant développé, c’est qu’il s’agit de la meilleure solution d’un point de vue économique et pratique. Et le PET permet l’utilisation de matière recyclée, c’est un gros avantage», souligne François Desfretier, dirigeant de PDG Plastiques. «On constate que pour les préformes de lait, les clients qui renouvèlent leur outillage passent en ce moment du PE au PET : cela permet en effet d’économiser 20 à 30% de matière première car le PET est plus rigide. Cette rigidité élimine, en outre, le besoin d’opercule pour l’étanchéité : le bouchon en PET assure cette fonction, car le col est stable. Par ailleurs, le soufflage des préformes en PET est plus rapide, et ce matériau est actuellement moins cher que le PE», assure Julien Ribon, responsable commercial France pour Resilux. Le marché de l’emballage en PET est légèrement en croissance et n’a pas trop souffert de la crise sanitaire. «Notre secteur a été dès le début considéré comme prioritaire. Nous avons donc pu maintenir notre activité grâce à l’implication et la mobilisation de nos salariés. La consommation est désormais revenue à la normale, et nous sommes en croissance par rapport à 2020. Nous continuons d’exporter vers l’Europe, l’Afrique et l’Amérique du Nord. Mais la crise sanitaire a eu un fort impact sur l’approvisionnement et le prix des matières premières. Nous subissons actuellement de nombreux retards», explique Frédéric Mignot, pdg de l’entreprise SGT.
La chaîne d’approvisionnement sous tension
Les fabricants de préformes doivent en effet importer du PET depuis l’Asie pour combler le déficit de fabrication européenne. Depuis le second trimestre 2021, les ruptures de stock ou l’allongement des délais de livraison provoquent des retards chez les producteurs européens. «L’élastique s’est tendu entre l’offre et la demande. Les unités européennes de fabrication de PET tournent au maximum de leurs capacités et, malgré leurs efforts, elles ont beaucoup de difficultés à pallier les retards d’approvisionnement. En un an, le prix de la matière a doublé, à cause du surcoût lié à la chaîne logistique. On ne prévoit pas de retour à la normale avant fin 2022. La filière plasturgie est très inquiète pour 2022, car la hausse des prix impacte également d’autres postes : l’énergie, le bois pour les palettes, le carton pour les emballages, le transport, etc.», ajoute-t-il. Toute la chaîne d’approvisionnement est donc sous tension. Les unités européennes de fabrication de PET connaissent également des pannes, car elles n’ont pas – ou peu – bénéficié de plan de maintenance et d’investissements ces dix dernières années, étant donné le manque d’orientation ou de visibilité concernant le plastique. «Globalement nous réussissons à tenir nos cadences de production, mais le flux est tendu, il ne faudrait pas que la situation s’aggrave. Par sécurité, nous anticipons et augmentons nos commandes de matières premières auprès de nos fournisseurs de PET, afin de pallier une éventuelle rupture. Nous devançons les commandes d’environ deux mois, cela implique une parfaite gestion de nos espaces de stockage», constate Frédéric Mignot.
Extrait de la revue n° 664 – Décembre 2021/Janvier 2022. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support