Manchons : l’enjeu d’une récupération optimale lors du tri
publié le samedi 30 septembre 2023
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Les fournisseurs cherchent à minimiser l’impact environnemental du manchon en diminuant son épaisseur, en intégrant des matériaux recyclés ou en apportant des solutions pour le retirer facilement du contenant en fin de vie. Car la véritable problématique avec cet élément du pack reste de ne pas perturber les filières de tri…
Le manchon (couramment appelé sleeve) permet d’habiller un emballage à 360°, quelle que soit sa forme. Un atout de taille selon les fournisseurs, car cette surface de communication capte l’attention du consommateur en se démarquant dans les linéaires. Il peut également être utilisé pour réaliser des opérations promotionnelles en version co-packing, ou des séries limitées. «Nous pensons qu’il y a une tendance en faveur des manchons, car ils constituent une solution simple – encre et film – pouvant être facilement et proprement séparée des bouteilles. De plus, de nombreuses marques passent aux bouteilles en PET car elles sont largement recyclées : elles ajoutent des manchons pour fournir beaucoup d’informations. Lorsque les bouteilles sont recyclées, il arrive parfois que la couleur du plastique change : les manchons peuvent masquer une bouteille grisâtre, par exemple, ou présentant des imperfections dues au plastique recyclé», remarque Marika Knorr, responsable du développement durable et de la communication pour CCL Label et Innovia, entité du groupe CCL Industries. Les tendances du marché rejoignent les préoccupations générales du moment : le recyclage, la réduction des quantités de matériaux… Il y a quelques années, l’épaisseur standard d’un manchon était de 50 microns : aujourd’hui elle est de 45, voire 40 microns. En 2023, CCL a lancé un manchon extensible très fin, d’une épaisseur de 30 microns. Selon les fournisseurs, la technologie des manchons extensibles (moins utilisés que les manchons rétractables) présente plusieurs avantages en termes de durabilité. Ils sont fabriqués à partir de matériau mono-PE, présentant un degré élevé d’élasticité. Aucun adhésif ni chaleur ne sont nécessaires pour appliquer le manchon sur la bouteille. Par ailleurs, il est possible d’intégrer différents pourcentages de contenu recyclé dans les manchons extensibles à partir de plusieurs sources, notamment du PCR.
Séparer manchon et contenant
« Le sleeve n’est pas un film plastique comme les autres, car il contient des composants indispensables à sa rétraction qui empêchent sa recyclabilité. Il a longtemps été l’élément perturbateur du tri, or aujourd’hui l’objectif premier est de permettre la recyclabilité des contenants. Nous proposons depuis plusieurs années un sleeve en rPET, fabriqué à partir de 30% de matière recyclée. Nous le combinons à des perforations longitudinales, pour inviter le consommateur à séparer le sleeve du contenant – le premier étant brûlé et le second pouvant être réemployé. Nous recommandons vivement à nos clients d’intégrer ces instructions de tri sur le décor pour plus de clarté. Ce système est idéal notamment pour des cannettes en aluminium, recyclables à 100%, mais seulement lorsqu’elles sont vierges», explique Alice Noterdame, responsable du développement commercial des manchons pour Reynders. «En comparaison avec des canettes pré-imprimées, les habiller d’un sleeve permet une personnalisation flexible et moins onéreuse, tout en rendant possible la recyclabilité du contenant car la technologie ne nécessite aucun adhésif et n’altère pas la surface recouverte. Des centres de tri et de traitement du verre commencent également à investir dans des systèmes de découpe laser pour séparer le manchon des bouteilles et permettre la revalorisation de ces dernières», ajoute-t-elle.
Des manchons plus légers, facilitant le tri
Bien que l’on observe une tendance à la perforation pour séparer les manchons des bouteilles, il semble que les consommateurs ne les retirent pas vraiment après usage… Selon les entreprises du secteur, le pourcentage reste faible – avec des estimations autour de 4 à 7%. Cédric Fleury, directeur des ventes pour Greiner Packaging Distribution, estime que la bonne association des matériaux contenant-manchon reste un élément critique concernant le recyclage. «Une combinaison idéale permet de détecter le matériau du contenant dans le centre de tri et ne contamine pas le flux de matériau. Par exemple, un contenant en PP associé à un manchon en polyoléfine est un bon choix. D’une part, le manchon n’entrave pas la détectabilité, et d’autre part, si de petites particules du manchon restent attachés au contenant, l’impact sur le flux de matériau est minime», explique-t-il. Autre solution, qui ne nécessite pas de faire appel aux utilisateurs : choisir un manchon fabriqué dans une matière d’une densité inférieure à celle des flacons, qui flotte dans les bains de tri – comme le polyoléfine. Cette solution est de plus en plus sollicitée par les marques. Les manchons sont fabriqués dans différents matériaux – en PE, PET ou polyoléfine donc. «Les manchons en PET-C peuvent être imprimés avec une encre lavable, mais n’ont pas reçu l’approbation de la plateforme européenne des bouteilles en PET – qui estime que l’encre risque de se mélanger à l’eau de lavage lors du processus de recyclage. C’est pourquoi nous recommandons la technologie à base de polyoléfine, car l’encre reste sur les manchons. En 2022, CCL a investi en Pologne dans une grande ligne de production de film rétractable en polyoléfine à basse densité. Notre entreprise travaille sur la science des matériaux filmiques, nous pouvons donc personnaliser le matériau des manchons», indique Marika Knorr. Ce film sert de base pour produire des manchons rétractables flottants, ayant une densité inférieure à 0,93 g/cm3. Il sera commercialisé sous la marque RayoFloat™, et pourra être utilisé avec des bouteilles en PET, ou des contenants en HDPE et PP.
CCL Label commercialise ces manchons en polyoléfine sous une autre marque, baptisée EcoFloat™.
Opter pour le manchon en papier
Des sociétés proposent une autre option : le manchon en papier. Greiner Packaging a,
par exemple, conçu le gobelet K3®, combinant un contenant en plastique et un manchon en carton léger. L’enveloppe en carton apporte de la robustesse au gobelet, dont les parois sont plus fines. «Nous avons lancé récemment la version K3® r100, qui permet de séparer automatiquement le carton du plastique lors du processus de collecte des déchets (sous l’action du frottement des packagings entre eux dans les poubelles, NDLR), sans dépendre ainsi des consommateurs. Mais la solution idéale reste que ces derniers séparent correctement les éléments», remarque Cédric Fleury. L’entreprise a par ailleurs conçu une nouvelle solution de déchirure : au lieu d’un «zip perforé» sur toute la hauteur du sleeve, le nouvel onglet de déchirure comprend une petite zone évidée, permettant de saisir l’enveloppe en carton et de la retirer en un seul geste.
Le manchon devient premium
« Nous sommes également en mesure de produire des contenants incurvés entourés d’un manchon en carton, ce qui est unique dans l’ensemble de l’industrie», assure Cédric Fleury. Le carton – tout comme le sleeve en plastique – offrent de nombreuses possibilités en termes de décoration : diverses textures de surface, des effets mats, brillants, du gaufrage ou des découpes sur le carton, etc. Les marques sont aujourd’hui demandeuses de sleeves aux finitions premium pour embellir leurs produits, et / ou pour aborder un nouveau marché ou la production de séries limitées. Finpac Sleeve, fournisseur italien de machines, a investi dans un équipement pour permettre à de «petites» marques de bénéficier de la technologie du manchon rétractable. «Nous concevons deux nouvelles machines : l’une à basse vitesse pour répondre à la demande du marché italien sur les segments du vin et de la bière, pour lesquels une vitesse et des volumes plus faibles sont requis, ainsi qu’un tunnel à air chaud – qui viendra en soutien de notre tunnel vapeur», explique Ilaria Zilio, pdg de l’entreprise. Quant au fournisseur Reynders, il a récemment investi sur son site d’Avelin (proche de Lille), centre d’excellence pour les manchons, dans des presses permettant d’imprimer jusqu’à dix couleurs et équipées de multiples technologies d’impression – telles la dorure à froid (or, argent, teintée), la sérigraphie (braille, relief), ou encore les vernis texturés.