Marché laitier français : inquiétude malgré une hausse de consommation
publié le lundi 31 mai 2021
A l’occasion de la Journée mondiale du lait, l’organisation professionnelle regroupant la majorité des fabricants de laits en France Syndilait a fait le bilan de l’année 2020 et expose ses inquiétudes face aux contraintes qu’imposent la loi AGEC sur les solutions de conditionnement du lait.
2020 fait figure d’année historique pour le lait conditionné. Elle marque, en effet, son grand retour dans les foyers français. Après dix années de recul, sa consommation globale a enregistré une croissance de +4,9% en volume pour s’établir à plus de 3 milliards de litres tous circuits confondus, dont 97% est du lait français, issu des fermes et laiteries ancrées au cœur des territoires. Plus spécifiquement, en grande distribution, les achats ont notamment progressé de +4,9% en volume par rapport à 2019, avec une pointe à +35,4% en avril 2020 vs avril 2019, au cœur du 1er confinement. L’enthousiasme des Français s’est en particulier porté sur le lait UHT, qui représente aujourd’hui 97% du marché en France, et qui a vu ses ventes progresser de +5,3% en volume sur l’année.
Cependant, la filière française du lait, est confrontée aux exigences de la loi AGEC (Anti-Gaspillage et Économie Circulaire) qui prévoit une d’interdiction du plastique à usage unique d’ici 2040. Les industriels rappellent à ce titre que « la matière qu’ils conditionnent est vivante et fragile, et qu’ils ont en effet besoin de temps et de moyens pour s’adapter ». Même s’ils reconnaissent l’intérêt du décret « 3R » (Réduire, Réemployer, Recycler) publié le 30 avril qui vise à supprimer les plastiques inutiles, ils doivent réduire de 20% le plastique à usage unique dès 2025 avec, en particulier, l’impossibilité de proposer 10% de leurs emballages en réemploi. Vendu en 2020 à hauteur de 53,5% en bouteilles plastiques (source IRI) contre 46,4% en briques carton – son emballage historique, le lait UHT (par rapport au lait pasteurisé) nécessite des emballages haute-technologie pour préserver ses qualités sanitaires, nutritionnelles et organoleptiques dans la durée. Aujourd’hui, seul le plastique possède les propriétés barrières nécessaires à sa protection, qu’il soit en fine couche dans les briques ou en matériau unique dans les bouteilles PET opaque et PEHD.
Malgré l’étude de plusieurs scénarios possibles pour répondre aux exigences et deadlines de la loi AGEC, aucune solution de remplacement viable n’existe sur le marché selon la filière. Cette dernière est donc largement mobilisée avec ses partenaires pour proposer des solutions, tant pour le recyclage que pour l’écoconception de ses emballages. Parmi ses axes de travail, figure notamment la sensibilisation des consommateurs au tri des emballages pour accroître leur taux de recyclage, qui s’établissent aujourd’hui à 57% pour les briques et 61% pour les bouteilles. Les professionnels travaillent également au déploiement du plastique végétal dans les briques, à l’allègement des bouteilles, à la mise en place de bouchons solidaires, ainsi qu’à l’optimisation des filières de recyclages existantes et au déploiement de circuits spécifiques, etc. Du côté des briques (composition courante : 70% papier vierge, 25% de polyéthylène et 5% d’aluminium), ses fabricants planchent sur réduire l’épaisseur de sa couche de plastique, à l’introduction de papier issu de forêts gérées durablement (FSC®), à supprimer la languette aluminium en mettant en place des bouchons auto-perçant…
Extrait de la revue n° 658 – Mai 2021. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support