Objectif 2025 pour les préformes
publié le jeudi 30 novembre 2023
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Il sera bientôt obligatoire d’intégrer un pourcentage minimum de matière recyclée dans les bouteilles en plastique : les fabricants de préformes musclent leurs outils industriels pour répondre à la demande actuelle et future. Ils développent également de nouveaux designs et moules de préformes, à destination de nouveaux marchés.
En 2025, les bouteilles en plastique de type PET devront être fabriquées avec au moins 25% de plastique recyclé. Une échéance règlementaire (décret n°2021-1610, en date du 9 décembre 2021) qui impacte fortement les investissements des fabricants de préformes. Sur l’année 2023, les développements intégrant du rPET ont pourtant ralenti. En cause, la pression sur la chaine industrielle qui fait face à la hausse globale des prix et à la demande de la grande distribution d’être plus compétitif. Mais les industriels gardent le cap. «Nous avons beaucoup investi dans la matière rPET elle-même et dans les outils permettant son utilisation, tel le système de dosage du rPET – qui sert à ajouter cette matière de façon précise sur l’ensemble des lignes. Nous réalisons, par ailleurs, actuellement un co-investissement dans la production de PET recyclé», révèle François Desfretier, dirigeant de PDG Plastiques.
En 2019, SGT inaugurait son nouveau site de Chalon-sur-Saône, qui – outre la fabrication de préformes en PET, intègre une unité de recyclage de plastique. Celle-ci produit 12 000 tonnes de rPET par an. Sur son site de Rezé cette fois, l’entreprise investit dans une nouvelle unité de recyclage qui devrait être opérationnelle au second trimestre 2024 et produire 14 000 tonnes de rPET par an. «Contrairement au site de Chalon-sur-Saône, qui utilise un procédé de polymérisation solide, l’unité de recyclage de Rezé fonctionnera avec un procédé de polymérisation liquide, qui facilite la décontamination du PET. L’installation sera également équipée pour réaliser une étape de sur-tri des paillettes», explique Gilles Bouguen, directeur du développement produits et projets clients de SGT. La demande en rPET est surtout européenne. «Nous réalisons 30 à 40% d’export, sans demande pour ce matériau… Notre production totale de rPET – 26 000 tonnes – devrait nous permettre d’être autonomes et de répondre aux besoins. Les marques choisissent des contenants en 100% rPETpour des produits phares, mais cela reste cher et pas si simple à mettre en œuvre. Une majorité de produits comporte plutôt 50% de rPET», ajoute-t-il.
Garantir un rPET de qualité
Le groupe SGT a réalisé d’autres investissements en lien avec le rPET. L’unité de recyclage de Chalon-sur-Saône s’est dotée d’un nouvel équipement d’analyse des paillettes de PET. L’entreprise a fait appel au fabricant canadien Eagle Vizion qui a développé la machine «Flake Analyzer», dédiée à l’analyse des flux polymères de post-consommation. «La caractérisation des paillettes est habituellement faite à l’œil, avec les limites que cela implique. Cet équipement, basé sur l’utilisation simultanée de l’identification infrarouge, de l’intelligence artificielle et de l’identification couleur, permet d’obtenir une cartographie complète de la composition du flux de rPET– et ainsi assurer une qualité constante», souligne Gilles Bouguen. L’outil valide la pureté des paillettes en temps réel avec une analyse continue des échantillons. La détection des seuils de contaminants permet une réaction rapide et automatisée dès qu’un changement de pureté s’opère. Par ailleurs, à Rezé, une nouvelle centrale matière a rejoint l’usine. «Ce site compte 21 systèmes d’injection qui tournent avec des résines différentes. L’arrivée du rPET augmente encore le nombre de mélanges potentiels des matières. L’alimentation des presses en résine part de la centrale. Ce nouvel équipement permet plus de précision et une meilleure traçabilité dans les dosages – ce qui répond au règlement 2022/1616 concernant les plastiques recyclés alimentaires, demandant de garantir les dosages et la traçabilité», précise-t-il.
Augmenter les capacités de production
A Chalon-sur-Saône, le groupe SGT a par ailleurs augmenté ses capacités de production de préformes avec un système d’injection supplémentaire, soit 200 millions de préformes en plus. «Nous avons également investi dans l’automatisation de l’assemblage des cartons servant à emballer les préformes, afin de concentrer le travail sur des tâches plus intéressantes», indique Gilles Bouguen. PDG Plastiques a aussi revu à la hausse ses capacités de production dans le but d’accroitre ses gammes de préformes pour les boissons comme l’eau, les jus ou le lait. «Cela représente 7 millions d’euros d’investissement dans trois presses à injecter Netstal, des moules de production de préformes (72 empreintes), ainsi que deux souffleuses (2 et 4 cavités) pour la production de bouteilles», détaille François Desfretier.
Quant au fabricant de machines Sipa, il indique avoir conçu le plus grand moule à préformes d’injection au monde, doté de 200 cavités (la dimension des cols allant jusqu’à 28 mm). Le moule conserve les mêmes dimensions externes qu’un moule de 144 cavités, et peut être monté sur une machine de moulage par injection Sipa XFORM 500 GEN4 pour produire plus de 130 000 préformes par heure. «Sur le marché de l’eau minérale, le coût de l’emballage représente 80% du coût total de la bouteille. Pour réduire le TCO (coût total de possession), nous devions augmenter la capacité du moule à préformes. Notre entreprise avait déjà réussi à concevoir un moule de 180 cavités, alors que la moyenne mondiale est d’environ 148. Nous avons dû entièrement repenser le moule (y compris le système à canaux chauds) pour loger 200 cavités dans le même espace, sans compromettre la vitesse ou le remplissage», explique Marco Brusadin, directeur du développement des emballages pour Sipa. L’entreprise a fourni ce nouveau mouleà deux clients au Moyen-Orient.
Des préformes pour du vin pétillant
A cause de la pénurie de verre, de nombreuses marques étudient la possibilité de basculer du verre au PET, y compris sur des marchés comme le vin, les spiritueux ou la bière. Ainsi Sipa a breveté une préforme, longue et épaisse, destinée à du vin pétillant. «Nous avons créé le design et travaillé en collaboration avec le producteur de PET Indorama afin de garantir une durée de conservation de 24 mois grâce à la résine et la barrière ajoutée. Le col de la bouteille ressemble à celui d’une version en verre : il est donc compatible avec un bouchon de liège en forme de champignon et un muselet en métal. Le design assure une grande résistance de la bouteille. Les consommateurs auront la même expérience avec ces nouvelles bouteilles en PETqu’avec celles en verre, de l’ouverture à la dégustation. Mais ils remarqueront sans doute que celles en PET sont beaucoup plus légères», assure Marco Brusadin. Un fabricant français a récemment lancé la production commerciale de bouteilles en PET pour un producteur italien de vin, en utilisant des moules et des équipements d’injection-soufflage de Sipa – qui a conçu un moule de 48 cavités pour les préformes.
PDG Plastiques travaille également sur des préformes pour des bouteilles destinées à des vins effervescents comme du prosecco, ou des bières. «Le marché français est attaché à la bouteille en verre, mais une bouteille en plastique peut trouver sa place pour des usages spécifiques – dans l’aviation, pour des évènements sportifs ou festifs, ou dans l’e-commerce. Le plastique a clairement un atout sécurité, et en termes de poids. Les embouteilleurs français travaillant à l’export commercent aussi avec des pays moins réticents à l’utilisation de bouteilles en plastique pour des boissons alcoolisées. Pour ce type de boissons, les préformes nécessitent une répartition différente de la matière et un design spécifique. Nous devons aussi améliorer la barrière à l’oxygène avec des additifs. Nous sommes en phase finale de développement», détaille François Desfretier.
Quant à l’entreprise SGT, elle a étendu sa gamme de préformes pour le vin. «Nous proposons des solutions en monocouche et multicouches pour des formats de 0,75 à 1,5 litres, que nous complétons actuellement avec un format multicouches en 18,7cl pour l’aviation. Ces bouteilles pour le vin en PET sont plus lourdes, elles reprennent les codes des bouteilles en verre. Les résines de PET utilisées sont classiques, mais multicouches pour améliorer la barrière et proposer un an de DLUO. On cumule une barrière passive, qui freine le passage de l’oxygène, et une barrière active en rajoutant une substance (un «scavenger») : celle-ci se comporte comme une éponge et bloque chimiquement l’oxygène», décrit Gilles Bouguen.
L’essor des grands formats pour l’eau
La bouteille de bière en PET existe depuis longtemps, mais reste peu visible en France, où les rares tentatives (datant d’il y a quelques années) se sont soldées par des échecs commerciaux – les consommateurs n’étant sans doute pas encore prêts. Ce n’est pas le cas dans les pays de l’Est, par exemple. Aujourd’hui, des préformes de bouteilles de bière sont disponibles avec un col à vis (et une barrière ajoutée) ou une capsule couronne, nécessitant un col spécial. Du coté des spiritueux, les bouteilles et flasques fabriquées en plastique sont aussi surtout visibles hors marché français. Omega Packing, par exemple, société panaméenne de conseil et d’ingénierie industrielle, a investi dans le système de soufflage rotatif XTRA de Sipa pour la production de bouteilles en PET dédiées au marché du rhum et des spiritueux. Cet outil permet en outre d’alléger encore les bouteilles grâce à une manipulation haute précision des préformes et des bouteilles. Les fabricants de préformes constatent, par ailleurs, un vrai développement des formats en 5, 6 et 8 litres pour de l’eau vendue aux particuliers. Ces formats nécessitent des préformes de 60 à 140 g et d’adapter la taille des outillages. L’entreprise SGT a fourni le premier grand contenant de la marque Evian, un format de 6 litres en 100% rPET. Les marques sont par ailleurs intéressées par des bouteilles sans étiquette. Sipa a développé pour le fournisseur portugais d’eau minérale Água Monchique un moule de soufflage contenant une gravure et des informations que la marque souhaitait apposer sur la bouteille.
Des pots premium en plastique
La question de basculer du verre au PET se pose également de plus en plus dans l’alimentaire. PDG Plastiques produit des préformes de pots de yaourts en PET. « L’utilisation de matière recyclée serait d’ailleurs intéressante pour ce type d’application. Actuellement seul le rPET est de grade alimentaire. Le PET permet d’obtenir des pots transparents, et jusqu’à 50% de rPET intégré, ce matériau a peu d’impact visuel », constate François Desfretier. L’entreprise SGT lance également sur le marché son premier projet de pots de yaourt en PET, et travaille sur des pots de 500 ou 800 g pour des aliments. «Nous réalisons des études de faisabilité pour passer du pot en verre au PET, avec les caractéristiques premium du verre. Il faut adapter les moules. Cela passe par un travail de conception, et des systèmes d’injection spécifiques pour ces applications car les préformes sont encombrantes», remarque Gilles Bouguen. L’entreprise avait d’ailleurs investi en 2022 dans un système pour l’injection des pots.