Objectif mono-matériau pour les tubes
publié le jeudi 31 août 2023
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Opter pour un mono-matériau plastique ou aluminium, intégrer des matériaux recyclés, et améliorer les tubes en papier sont les principales voies empruntées par les fabricants de tubes pour répondre à la fois aux besoins des marques et à la législation.
Sur le marché, de nouvelles tendances émergent : «les consommateurs cherchent à vivre une expérience qui va susciter des émotions en eux. Cela passe par les textures, les couleurs… Les marques aussi recherchent cela pour se différencier en linéaires et sur les réseaux sociaux, incontournables désormais. Le monde virtuel du metaverse créera, en outre, de nouvelles façons d’acheter. Certaines marques commencent à réfléchir à la manière de faire vivre une expérience d’achat virtuel», résume Caroline Hughes, responsable marketing Tubes pour Albéa. Autre tendance : l’inclusivité, à travers un design universel. Des marques travaillent déjà sur ce sujet depuis plusieurs années, à l’instar du braille sur les emballages de la marque L’Occitane, ou dernièrement du couvercle facile à ouvrir sur les pots de crème de la marque Olay, doté d’une petite «aile» sur chaque coté du couvercle. Albéa Tubes réfléchit à plusieurs concepts. La législation continue aussi de faire évoluer les packagings. Une taxe sur les emballages en plastique a été mise en place dans certains pays, comme l’Espagne, l’Italie ou la Grande-Bretagne. A partir de 2030, selon la directive européenne sur les emballages et les déchets d’emballages (PPWD), les produits devront être recyclables ou remplissables. «Beaucoup de clients ne sont pas encore familiers avec ces futures exigences, ni avec les nombreuses possibilités techniques existantes et fonctionnelles. Les tubes mono-matériaux sont devenus une priorité pour nous», remarque Philippe Kern, directeur du service R&D de Neopac. C’est également une priorité pour de nombreux fabricants de tubes, en plastique ou en aluminium.
Un tube 100% métal
La société Alltub propose depuis peu des tubes 100% aluminium, bouchon inclus. «Cela a demandé un gros travail de qualification, et nous avons dû modifier le process industriel afin de pouvoir associer ces deux éléments en aluminium. La commercialisation débute sur le marché nord-américain, et nous sommes prêts pour l’assemblage sur le site de Saumur», détaille Christophe Jacqueline, directeur général de l’entité Alltub France, et de l’usine située à Saumur, près d’Angers. Alltub travaille, en outre, sur des prototypages de bouchons, sous différents prismes : esthétisme, matière, allègement, intégration de recyclé, fonctionnalité… D’autres développements sont en cours dans l’objectif d’améliorer les tubes, comme par exemple un revêtement interne sans bisphénol (une substance agissant sur la résistance de la matière), qui nécessite beaucoup d’essais. «Nous avons de plus en plus de demandes pour nos tubes en aluminium, avec un attrait marqué pour une fabrication en France. L’aluminium est en effet un matériau recyclable, adapté à tous les produits. L’air ne rentre pas dans le tube, et le taux de restitution est élevé, à hauteur de 98%», énumère Christophe Jacqueline.
Intégrer toujours plus de matériaux recyclés
Le tube aluminium a aussi l’avantage de pouvoir être fabriqué en intégrant de la matière recyclée, tout comme les tubes en plastique. Albéa Tubes a, par exemple, récemment lancé le tube laminé Timeless incluant du PE (PCR) recyclé mécaniquement. « Nous sommes en mesure d’inclure jusqu’à 70% de PCR dans l’épaule du tube, et 30% dans la jupe. Albéa veut également à terme ajouter du plastique recyclé dans tous ses bouchons. L’intégration de nouvelles matières présente cependant des contraintes techniques. Le PCR peut ainsi légèrement modifier les propriétés de la pièce, ce qui doit être pris en compte », explique Caroline Hughes. Il y a deux ans, Neopac lançait le tube en plastique Polyfoil MMB. La société vient de mettre sur le marché une version avancée, le Polyfoil EcoPro, contenant un taux de PCR plus important. «Avec le Polyfoil MMB, nous avons développé une sorte de plateforme modulaire qui permet de varier le pourcentage du PCR inclus dans le tube ou la capsule. Moins de 5% des matériaux ne sont pas du PE, mais compatibles avec ce plastique. Ce principe et reconnu comme «mono-matériau» et nous a permis d’obtenir l’attestation «Validation du produit» de RecyClass avec le résultat «compatible avec le recyclage des HDPE colorés, en classement A»», précise Philippe Kern. Le PEHD recyclé utilisé, de grade alimentaire, provient d’un recyclage mécanique en boucle fermée. Neopac compte par ailleurs une autre nouveauté avec un tube extrudé classique contenant 75% de PCR.
L’arrivée des tubes en papier seconde génération
Substituer le plastique par du papier ou du plastique biosourcé (à base de bioéthanol par exemple) reste une tendance encore niche, bien que la demande progresse. Les fournisseurs travaillent sur cette offre. Neopac a mis au point la gamme de tubes en papier PaperX, utilisant un laminé à base de fibres de papier (80%) fabriqué par un partenaire. Ces tubes, d’une épaisseur de 300 microns, contiennent 46% de plastique en moins que les tubes conventionnels, ce qui se traduit par une baisse de 24% des émissions de CO2 selon la société. Dotés de capsules service, les tubes sont proposés dans des diamètres de 35 à 50 mm, pour des contenances de 40 à 250 ml. Ils sont adaptés à des produits comme de la crème solaire, des crèmes de soin pour le visage et le corps, ou du dentifrice. «Nous voulons que le consommateur sente qu’il s’agit de papier. Nous devons bien sûr modifier les structures de laminés. La première génération de tubes en papier montrait une faiblesse au niveau de la résistance de la soudure, et des limites en termes de remplissage et de scellage – et c’est pour cela que Neopac a décidé de ne pas en lancer. Mais aujourd’hui, nous sommes en mesure de fabriquer des structures dont la tenue de force est bien plus élevée, et nous avons aussi augmenté le taux de papier. Ces tubes se remplissent facilement sur les lignes standards de soudure à air chaud. En revanche, le taux de PE reste élevé, car l’épaule et la capsule sont en plastique.
Pour l’instant, aucun tube en papier n’est accepté dans les flux de recyclage papier, car il subsiste encore trop de plastique. Construire des épaules et des bouchons à base de fibre est possible mais prend du temps», souligne Philippe Kern. Cette gamme fait partie d’une catégorie croissante de solutions mixtes papier-plastique pour lesquelles les modalités de recyclage ne sont pas encore clairement définies dans l’ensemble des pays du monde. Pour faire évoluer ses tubes PaperX et diminuer la part de plastique, Neopac a déjà lancé des bouchons à profil bas et travaille sur des modèles ultralégers, sans épaulement. Le coût de cette solution reste un peu plus élevé qu’un tube classique en plastique : «la matière première n’est pas standard, car nous utilisons un papier spécial de haute qualité», assure Philippe Kern. Le fournisseur Albéa avait lui lancé en 2019 un tube en papier en partenariat avec le groupe L’Oréal. «Aujourd’hui, notre tube compte plus de 50% de papier et est techniquement recyclable dans le flux Tetra Pak. Néanmoins, nous travaillons à une version intégrant 70% de papier afin de nous préparer aux futures réglementations en cours d’élaboration», indique Caroline Hughes. Le tube en papier d’Albéa s’est doté, pour certaines marques, de l’EcoFusion Top, qui fusionne la tête et le bouchon du tube. Cette innovation de rupture est complexe, «techniquement délicate dans la conception du moule. Nous avions conçu cette solution en diamètre 50, et lançons le diamètre 35 afin que les marques puissent harmoniser leurs gammes», ajoute-t-elle. Les fournisseurs continuent d’affiner les parois des tubes et de réduire le poids des capsules – un élément du pack sur lequel il reste encore une marge de progression.