
Prêt à l’emploi et recyclable, le stick se réinvente
publié le vendredi 28 mars 2025
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Le stick pack est un format d’emballage à dose unique, à prendre par voie orale et topique, qui minimise le risque d’erreurs associées aux emballages traditionnels, notamment les flacons. La croissance du marché est aujourd’hui tirée par les compléments alimentaires et les produits pharmaceutiques, en particulier à valeur ajoutée. Au-delà de dispenser le bon dosage en toute sécurité, il protège son contenu contre l’humidité, l’oxygène et la lumière, en maintenant l’efficacité dans le temps. Compact et convivial, c’est un conditionnement léger et facile à emporter partout en mode nomade. L’axe de travail principal des fabricants (Unither, Rotorprint, Constantia Flexibles) avec leurs fournisseurs de complexes sont de le rendre plus durable, en mettant l’accent sur sa recyclabilité.
« Le format stick pack est en forte croissance, particulièrement plébiscité par les secteurs pharmaceutique et des compléments alimentaires, souligne Dr. Joerg Adrian, Vice-président de l’Organisation Technique & Innovation Pharma chez Constantia Flexibles. La raison est d’abord sa praticité : il est compact, léger et facile à ouvrir pour les patients consommateurs. Mais aussi ses aspects durable et économique, puisqu’il nécessite moins de matériau d’emballage qu’un sachet». Ces tendances se confirment dans l’actualité des nouveautés récentes telles que le stick à boire Collagène et Spiruline+ de Day+, aux effets anti-âge et anti-imperfections, ou le stick «action globale 5-en-1» de 3 Chênes Laboratoires, des nouvelles galéniques qui ciblent les marchés de la beauté et de la minceur avec une prise quotidienne plus pratique pour les personnes actives !
Des applications à valeur ajoutée dans la santé
Le stick liquide reste un format prisé dans le secteur de la santé, offrant une alternative pratique et sécurisée aux flacons et comprimés, particulièrement pour les analgésiques, la gastro-entérologie, les maladies cardiovasculaires et du système nerveux central ou encore les maladies orphelines. «La contenance standard est 10 ml pour tout type de solutions, suspensions, émulsions et gels, qu’il s’agisse de génériques, princeps, OTC ou encore dispositifs médicaux», souligne Simonne Farina, directrice globale des marchés OTC et génériques chez Unither Pharma, acteur CDMO majeur sur ce marché, produisant 500 millions d’unités par ansur ses sites de Colomiers en France, Rochester aux États-Unis et Barretos au Brésil. «Le stick liquide est la version ambulatoire du flacon visant à proposer une alternative de juste dose, prête à l’emploi, dans un souci d’observance et de protection de la formule», ajoute-t-elle. Cette formulation a l’avantage d’être adaptée à tout le monde – l’enfant, l’adolescent, la femme enceinte comme la personne âgée, et peut être améliorée : masquage de goût, diminution ou absence de conservateurs. «Le stick liquide offre également une sécurité accrue par rapport à l’ampoule bi-pointe en verre, susceptible de se briser. De plus, lorsque le patient a le choix, il privilégie souvent le stick liquide à la forme sèche du comprimé, dont la taille peut rendre l’ingestion difficile», précise-t-elle. Dernièrement, Unither Pharma a développé et fabriqué des sticks liquides pour le paracétamol (200 mg à 1 g) en obtenant les AMM en France et en Europe, ainsi que l’Eohilia (Suspension orale de budésonide) de Takeda aux Etats-Unis. Il s’agit du premier traitement oral approuvé par la FDA sous forme de sticks liquides (2 mg / 10 ml à prendre deux fois par jour, sur 12 semaines) pour soigner l’œsophagite à éosinophiles, une maladie inflammatoire chronique à médiation immunitaire, localisée dans l’œsophage, et principale cause de consultation aux urgences pour un blocage alimentaire, selon le laboratoire. «Grâce à son atelier de R&D à Bordeaux doté d’un équipement pilote pour de petits lots et à ses capacités industrielles mondiales, Unither accompagne ses clients de la formulation à la commercialisation des sticks liquides au plus près des marchés finaux sur quatre continents», souligne Eric Chesnel, son directeur commercial et marketing. Une organisation rodée depuis plusieurs années, intégrant des services réglementaires dédiés à la rédaction des variations et des dossiers d’enregistrement adaptés à chaque pays, afin d’accompagner l’expansion internationale de ses clients. «Et pour soutenir la demande croissante, nous investissons dans une nouvelle ligne de production de sticks de 10 ml sur notre site expert de Colomiers, qui sera opérationnelle fin du premier semestre 2025», annonce-t-il.
L’enjeu de l’éco-conception
Les sticks conventionnels, composés de 3, 4 ou 5 couches de matériaux différents, contenant aussi bien de l’aluminium et du papier que du polyester ou du polyéthylène, sont difficiles à recycler. C’est un axe de travail important aujourd’hui entre les fabricants et leurs fournisseurs de complexes pour améliorer la durabilité de ce conditionnement.
Une avancée notable est le stick recyclable de l’espagnol Rotorprint, primé lors de Pharmapack Europe 2024, et soutenu par l’Adelphe et l’Ademe. Composé de deux couches de PP et d’une de PE qui sont des polyoléfines, il est considéré comme mono-matériau et intègre la filière de recyclage du PP souple en cours de développement en France, selon Xavier Martelli, gérant de Pharmaflex, qui distribue ce produit dans l’Hexagone. Ce stick, plus léger de 50% grâce à la suppression de l’aluminium, reste compétitif et affiche des propriétés barrières à l’oxygène et à la vapeur de 0,1 (contre 0 pour l’aluminium). «Il vise à remplacer 95% des applications actuelles, notamment dans les compléments alimentaires et la parapharmacie», annonce Xavier Martelli. «Les stick packs évoluent vers des solutions plus durables et faciles à utiliser, avec un focus sur la recyclabilité, la réduction de l’empreinte carbone et de l’impact environnemental», analyse de son côté Joerg Adrian. «Les innovations en technologies d’emballage jouent également un rôle clé dans ces évolutions. Les principaux défis consistent à concilier durabilité et performance des matériaux, notamment en garantissant la recyclabilité, tout en préservant la durée de conservation des produits pharmaceutiques». Pour répondre aux besoins, Constantia Flexibles a lancé Perpetua Alta, un stick mono-matériau en polypropylène (PP) recyclable, offrant une haute résistance chimique (HCR) pour les formulations liquides ou en gel agressives, et une protection optimale contre l’oxygène, la vapeur d’eau et la lumière. Certifié par RecyClass (Design for Recycling) et
l’Institut Cyclos-HTP en Allemagne, ce laminé atteint un taux de récupération du matériau allant jusqu’à 96%, en phase avec les directives européennes sur les emballages (PPWR) et les objectifs du scope 3 de l’industrie pharmaceutique. Il réduit de 55% les émissions de carbone et utilise 12% de matériaux en moins comparé aux solutions traditionnelles en PET-Alu-PE, tout en restant compatible avec les lignes d’emballage existantes. «Cette innovation représente une avancée majeure vers des emballages pharmaceutiques plus responsables», conclut Joerg Adrian.