Ré-employabilité des contenants : les machines de lavage en première ligne
publié le samedi 30 novembre 2024
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Le contexte réglementaire favorise le réemploi des contenants alimentaires et donc le recours au nettoyage. Les principaux défis techniques concernent le séchage à 100% des gobelets en plastique et le dérochage des bacs métalliques.
Depuis 2018, les lois dites EGalim, AGEC ou encore Climat et Résilience, ont mis en place, de façon directe ou indirecte, les conditions devant conduire à la fin de la mise sur le marché des emballages en plastique à usage unique d’ici à 2040. Un abandon par étapes, l’une des plus significatives étant sans doute, à partir du 1er janvier 2025 (1), d’une part l’obligation qui sera faite à la restauration collective de proposer des contenants réutilisables ou composés de matières recyclables pour la vente à emporter, et d’autre part l’interdiction d’utiliser des contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe ou de service en matière plastique dans un très grand nombre de restaurants collectifs (2).
Externalisation… ou pas ?
Si elle ne s’oppose pas stricto sensu à l’emploi de barquettes jetables, cette dernière mesure favorise elle aussi la ré-employabilité des contenants par les services de restauration collective concernés puisqu’il leur faut en pratique remplacer le plastique par de l’inox, du verre ou de la céramique. Avec pour corollaire un recours plus important au nettoyage.
«Le marché est dynamique, se félicite Audrey Vergely, responsable marketing France du fabricant de machines de lavage Meiko. Pour beaucoup de restaurants et cantines, la question est de savoir s’il est préférable d’internaliser ces opérations ou bien de les déléguer à un opérateur externe, c’est-à-dire à un centre de lavage comme ceux d’Aquarys, d’Eternity Systems, d’Options Solutions, d’Uzaje, etc. La réponse dépend à la fois des volumes et des moyens humains, financiers et techniques qu’il est possible de consacrer à cette tâche. Mais dans un cas comme dans l’autre, nous avons des solutions adaptées !». Récemment, Meiko a ainsi équipé le nouveau centre transfrontalier Uzaje de Strasbourg d’un tunnel M-iQde 23 mètres, dédié au lavage des contenants ouverts. «Doté d’un système de filtres capable d’éliminer de l’eau de lavage aussi bien les plus gros débris alimentaires que les plus fins, cet équipement industriel se distingue par sa capacité à traiter des contenants alimentaires très sales», précise la responsable marketing.
Assemblage d’options
D’une façon générale, pour ces grosses machines, deux approches coexistent, poursuit Audrey Vergely : «soit nous répondons à un appel d’offres en respectant un cahier des charges bien précis, soit le client nous contacte directement et nous jouons alors pleinement notre rôle de conseil. Parfois même jusqu’à la sélection des contenants !». Si l’offre de Meiko est déclinée en gammes et références standard, l’industriel ne livre en réalité jamais (ou presque) deux fois le même modèle : «par le biais des options, tout est modulable, aussi bien au niveau du convoyage pour optimiser l’inclinaison de la vaisselle, qu’en ce qui concerne le prélavage (avec une zone rallongée si nécessaire), le lavage, le rinçage ou le séchage. Pour améliorer celui des verres en plastique par exemple, nous pouvons proposer un dispositif vibratoire qui facilite l’égouttage».
Produits de rinçage spécifiques
Parce que le plastique ne doit pas trop monter en température, son séchage est l’un des plus délicats, confirme Bruno Dart, chef de produits chez Hobart (groupe ITW): «et s’il est incomplet, pour des gobelets, le risque, c’est la prolifération de micro-organismes ! Notre réponse, en l’occurrence, c’est d’abord un mouvement permanent généré par une soufflerie très puissante (dessus/dessous) pour ce qui est des grands systèmes. Mais ce sont aussi des produits de rinçage ad hoc, de marque Hyline, fabriqués par une filiale du groupe ITW».
Tout en soulignant les nombreux autres problèmes recensés dans le domaine du lavage, liés par exemple à la présence de joints silicone (eux aussi très difficiles à sécher) sur les bacs inox étanches, ou résultant des exigences de brillance pour le verre, le responsable produits affirme qu’aucun d’entre eux ne reste sans solution. «Pour faire briller le verre, nous pouvons intégrer un osmoseur afin de déminéraliser l’eau. Il y a toujours quelque chose à faire, une option à ajouter ! En fait, le véritable challenge est de trouver des solutions de lavage et de séchage capables de s’adapter à tous types de matériaux…».
Standardisation insuffisante des contenants
Ceci posé, l’automatisation et la robotique pourraient-elles, malgré tout, aider les fabricants à aller encore plus loin, au moins sur le volet des cadences ? «S’agissant des gobelets, certains de nos tunnels peuvent monter à 20 000 unités/heure ! Au-delà, le chargement et le déchargement des machines s’avèrent humainement ingérables. Donc oui, la robotique est une réponse sur ce volet, comme sur celui de la prévention des troubles musculo–squelettiques (TMS), mais on se heurte rapidement au manque de standardisation des contenants», déplore Bruno Dart.
Un constat que partage Franck Andrieux, en charge du développement commercial de l’opérateur de centres de lavage Eternity Systems, même si ce responsable observe avec intérêt la montée en puissance du standard Gastro Norm dans la restauration collective. Selon lui, la fabrication de machines de lavage et l’automatisation/robotisation des lignes sont quoi qu’il en soit deux métiers bien distincts : «il y a en réalité très peu de sociétés en mesure de proposer des solutions de lavage/séchage automatisées de bout en bout. C’est la raison pour laquelle l’équipement de nos sites passe généralement par des partenariats avec des spécialistes de chaque domaine».
Offre de service globale
Ce plus récent de ces sites, à savoir le centre de lavage de Blanquefort (Gironde), a pour Eternity Systems la particularité de constituer la première concrétisation d’un accord de joint-venture signé avec le groupe Impact à travers sa marque Re-uz, conceptrice d’offres clefs en main (conception, fabrication, lavage, stockage, recyclage, etc.) pour la ré-employabilité des contenants. «Dans un contexte de multiplication des appels d’offres, l’objectif de cette société conjointe baptisée Re-uz for Eternity est de déployer au niveau national une proposition de réemploi des emballages (pots/bocaux en verre, bacs inox, gobelets en plastique) qui réponde aux attentes globales de la restauration collective», commente Franck Andrieux.
Pour ce marché, le dérochage des surfaces métalliques demeure l’un des principaux défis techniques, estime le responsable commercial. Sur son site de Bompas (Pyrénées-Orientales), Eternity Systems mène d’ailleurs sa propre R&D en la matière, comme sur d’autres sujets clés (l’ergonomie, l’efficacité énergétique…) pour lesquels l’entreprise s’efforce d’innover… Quitte ensuite à passer la main à ses partenaires pour l’industrialisation.