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Rubans et accessoires font la part belle à l’éco-conception et l’innovation
publié le mardi 25 février 2025
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Les fournisseurs d’accessoires jouent les équilibristes entre le besoin de matériaux et d’impressions durables, et la nécessité d’innover et d’investir dans des technologies offrant de nouveaux effets. Tour d’horizon des dernières propositions des acteurs du marché.
Si certaines marques cherchent à se différencier sur des séries limitées de produits, la tendance est à la sobriété en termes d’accessoires de décoration. «On constate moins de froufrous, moins de grosses fleurs… Les marques optent plutôt pour des élastiques simples pour habiller les capots avec une touche de textile et favoriser les flankers déclinés en différentes couleurs», remarque Laurent Gery, directeur général du fournisseur Oriol et Fontanel. Décoration rime désormais avec éco-conception : les demandes pour des matériaux plus écologiques ne faiblissent pas. «Tencel FSC, PE recyclé certifié GRS, coton recyclé GOTS… les clients sont à la recherche de matériaux durables. Nous avons développé différentes matières alternatives, à base de lin, d’ortie, de liège, de chanvre ou encore d’algues», souligne Sarah Henini, chargée de communication pour l’entreprise Neyret, qui fournit rubans, nœuds et autres ornements de flacons. Chez Oriol et Fontanel, 80% des tissages maison sont en cellulose de bois certifié FSC. «Pour le Tencel, nous avons trouvé une filière intéressante via notre partenaire, l’entreprise autrichienne Lenzing – avec laquelle nous avons par exemple réalisé des essais sur des rubans compostables en Tencel», ajoute Laurent Gery. L’entreprise Satab décline elle aussi les matières éco-responsables, avec entre autres des gammes de rubans à base de fils en papier.
Brillance et texture
En parallèle, les marques cherchent aussi de la brillance. Les fournisseurs de rubans s’attachent à trouver des alternatives plus écologiques. Neyret propose par exemple du lurex Tencel – fabriqué à partir de fil métalloplastique recyclé et d’un fil Tencel qui remplace celui en polyester. Oriol et Fontanel a travaillé avec un partenaire pour développer «une impression sérigraphie contenant des microparticules de coquillages qui donnent un aspect brillant à l’impression afin de se rapprocher de l’aspect métal des dorures avec foil. Cela peut être un bon intermédiaire, sans toutefois reproduire exactement l’aspect métal des foils», détaille Laurent Gery. Du côté des tendances marché, Lucie Meignien, responsable marketing style et création de Seram (groupe Maison Neyret), confirme «un retour du brillant, des strass (édition limitée Guerlain), mais aussi un retour au décor très textile, montrant la texture du tissu par le biais de tissage, de velours, de denim. Les habillages en textile ou PU pour des packagings de maquillage, comme le rouge à lèvres ou les boitiers cushion, ont aussi le vent en poupe» dit-elle. Pour l’habillage des frettes, des tubes de rouges à lèvres ou des capots de parfums, Oriol et Fontanel a conçu des sleeves en PU. «Nous travaillons notamment sur un revêtement PU à base d’eau car de nombreuses marques commencent à bannir le cuir véritable et évoluent vers des PU imitation cuir», ajoute Laurent Gery. Le groupe a investi en 2020 dans une technologie pour sleever des pièces de différentes formes – tubulaires, cintrées, bombées – comme des capots, des étuis de rouges à lèvres, des mascaras ou des flacons. Cette technologie, en évolution permanente, permet par exemple aujourd’hui de réaliser un sleevage 3D de capot en semi-automatique. «Grâce à cette technique, nous pouvons même habiller un capot sur sa hauteur ainsi que le top. Le groupe est également en mesure de fournir des pochons très cintrés et fins pour habiller des rouges à lèvres, des flacons de parfums et même des mascaras. La technique repose sur un tissage maison qui s’adapte aux petites séries et surtout aux petits formats», souligne-t-il, précisant qu’Oriol et Fontanel se positionne désormais sur du full service, en vendant des ensembles hauts de frettes et capots – voire des flacons habillés.
Focus sur l’impression
Par ailleurs, les fournisseurs d’accessoires de décoration mettent l’accent sur l’impression. Satab mise sur des technologies d’impression sans encre, remettant au goût du jour une technique d’embossage pour réaliser un gaufrage sur le ruban et créer ainsi des designs en relief, ton sur ton. La société est également en capacité de graver des rubans au marquage laser : un faisceau de lumière créé un marquage durable sur la surface textile, avec une couleur «tatouée» sur le ruban. «Pour répondre à un besoin de différenciation forte dans un contexte de séries limitées, d’un lancement ou d’une mise en scène du produit, nous proposons de l’impression 3D sur textile étroit. Nous avons investi dans une machine développée par Stratasys – la technologie 3DFashion – pour imprimer directement en couleur et en transparence sur des matières textiles afin de créer des motifs et des effets d’illusion d’optique inédits. La technologie consiste à imprimer de fines couches de résines réticulées avec une lampe UV. Elle peut être associée à d’autres techniques d’impression plus classiques», explique David Pignol, directeur général de Satab. Selon Stratasys, la technologie 3DFashion «optimise le mécanisme du taux d’absorption pour garantir une adhésion parfaite sur de nombreux types de tissus». Dans le but de répondre à une demande pour de l’impression en relief, l’entreprise Neyret a développé une impression relief multi-couleurssur ses machines pour imprimer jusqu’à quatre couleurs – ou trois couleurs plus une dorure.
Décoration sans ajout de matière
Les fournisseurs complètent leurs équipements afin d’offrir des possibilités de différenciation via de multiples technologies. Satab a mis au point des textiles intelligents, et notamment la gamme Eweave lighting. Ces rubans lumineux, dotés de LED, peuvent trouver leur place sur des applications dans le secteur des packagings beauté. Quant à l’entreprise Seram, elle s’est dotée de deux machines laser dernière génération. Pour le marché des cosmétiques et des soins de luxe, elle a conclu un partenariat avec le groupe Pochet pour proposer la technologie LaserTone et réaliser des décors durables, inaltérables, sur verre– sans ajout de matière. «Nous avons investi dans la technologie laser UV et infrarouge femtoseconde à impulsions ultra-courtes pour réaliser de la R&D et des petites et moyennes séries. L’avantage : il est possible de graver directement une infinité de matériaux, et d’obtenir un toucher sensoriel ainsi qu’une grande finesse de marquage pour des décors très précis. Cet outil permet également de travailler des nuances de couleurs variables selon le matériau gravé, et sur l’ensemble d’un packaging, à 360°», assure Lucie Meignien.
Par ailleurs, actuellement, les décorations effets «métal martelé» plaisent beaucoup: «on voit une grande tendance à l’aspect métal vieilli, patiné», souligne-t-elle. Cet effet est obtenu par l’injection de zamak dans un moule, puis par une galvanisation. «Cette année, nous avons mis l’accent sur différentes finitions zamak, et sur la création de plaques aluminium adhésives. Il y a par ailleurs une grande demande pour de la décoration adaptée aux parfums masculins, et cela peut y répondre», ajoute-t-elle. Pour 2026, Seram va poursuivre le travail sur les solutions d’habillage pour produits de maquillage, sur les étiquettes en textile, et sur l’aspect «bling kitch», avec des perles, du strass et des effets nacrés. Les marques continuent de s’accorder quelques fantaisies.