Smurfit Kappa France affiche son ambition
publié le jeudi 13 juillet 2023
Huit mois après sa nomination à la direction de Smurfit Kappa France, Andrew Coffey partage son analyse du marché de l’emballage carton ainsi que sa stratégie de développement pour la filiale française.
Comment qualifieriez-vous le marché français ? Quelles sont, selon vous, ses spécificités et comment se porte-t-il ?
La France est reconnue comme un marché très concurrentiel et exigeant, avec une grande attente de qualité tout en étant un vivier pour l’innovation. En France, nous couvrons l’ensemble des besoins de nos clients avec un réseau de 41 usines de fabrication/transformation, et quatre papeteries (une en fibres vierges, trois en recyclées). Nous sommes fiers d’avoir su ces trois dernières années continuer à fournir l’ensemble de nos clients, en leur apportant une totale satisfaction malgré un contexte tendu en termes d’approvisionnement. D’ailleurs, grâce à nos papeteries, le souci n’a jamais été le flux de matière, mais davantage la livraison des nouvelles lignes de production retardée par la pénurie de composants électriques, notamment. Si un ralentissement en Europe est constaté, certains secteurs ont plus souffert que d’autres mais la France n’a pas enregistré un recul aussi marqué. Nous restons positifs et attendons une reprise d’ici le dernier trimestre 2023. Dans ce contexte, une grande partie de nos clients restent en observation, alors que le PPWR se prépare et risque de chambouler encore les règles du jeu.
De quel œil voyez-vous l’arrivée de ce prochain règlement européen ?
Nous en avons une image positive pour l’industrie de l’emballage même si nous restons vigilants sur la question du taux de recyclabilité. Il faut que les futurs objectifs soient adaptés à chaque matériau. Le carton a déjà un taux de recyclabilité très élevé, notre filière se doit de communiquer davantage sur ce qui est déjà fait en termes de circularité et sur la performance de notre chaine logistique, afin que l’UE ne fasse pas l’amalgame entre les différents matériaux. Nous restons, pour cela, très actifs avec le Carton Ondulé de France et FEFCO sur l’avancée des discussions autour du PPWR, et avons invité les législateurs à visiter nos papeteries afin de mieux leur faire comprendre notre métier. Autre point de vigilance : la CPI (Confédération des Industries Papetières) a récemment indiqué – selon des chiffres FEFCO – un potentiel de 2,7 milliards de caisses en plastique en plus, mis sur le marché en poussant à la réutilisation des emballages. Ce point est très sensible car il questionne la gestion de la fin de vie des emballages supplémentaires, qui seront potentiellement créés dans le cadre de la PPWR.
Quelle impulsion souhaitez-vous donner à la filiale française ?
Tout d’abord garder notre leadership avec un chiffre d’affaires de 1,5 milliards d’euros en 2022 et un effectif de 6000 salariés. Là où nous pouvons encore apporter une réelle plus-value à nos clients, c’est de cibler des marchés encore plus spécifiques et de transformer nos usines afin qu’elles soient plus spécialisées. Tout en poursuivant, en parallèle, notre travail d’innovation grâce à notre bureau d’études, orienté autour de la question de la substitution plastique. Le développement de calages en nid d’abeille pour des marques d’électroménagers est un exemple parmi d’autres.
Côté ressources humaines, quels sont les axes stratégiques ?
La formation tout d’abord. Début 2023, nous avons mis en place deux programmes d’un an pour les régions Ouest et Rhône-Alpes, avec un CDI à la clé, afin de nous assurer des recrutements de qualité sur des postes en production et maintenance, souvent en tension. Nous travaillons également en parallèle avec les écoles d’ingénieur dans le cadre d’un Graduate program des jeunes diplômés. Les conditions de travail de nos salariés est une de nos priorités. Un accord tri-annuel est également négocié avec les syndicats afin que les rémunérations restent attractives et intéressantes pour nos salariés en place. Nous souhaitons être un employeur exemplaire, afin de donner envie aux candidats de travailler pour Smurfit Kappa.
Sur le plan industriel, quels sont les investissements en cours pour Smurfit Kappa France ?
Le métier a beaucoup évolué ces dix dernières années : on attend de nous une maitrise élevée des systèmes afin de fournir du carton à la qualité constante et irréprochable. A l’ère de l’industrie 4.0, toutes les datas des usines du groupe sont remontées dans une base de données centrale afin d’assurer une production standardisée et gérer les fluctuations du système. Nous avons réalisé de nombreux investissements sur nos onduleuses et nos machines de transformation afin de mieux contrôler les process et ainsi gagner en reproductibilité mais également sur la consommation des lignes que ce soit en colle, en amidon ou en énergie. Pour rappel, le groupe s’est engagé à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, avec une étape à -55% en 2030. En 2022, nous avons déjà réduit notre empreinte de 44%. Nous poursuivons nos efforts pour atteindre ces objectifs. Décarboner nos usines passe, par exemple, par l’installation de chaudières biomasse ou encore par l’électrification de nos centrales vapeur. Sur notre usine de Saillat-sur-Vienne, le test de stockage et d’utilisation du mix hydrogène vert (70%) et gaz (30%) s’est révélé positif en 2022. En 2023, nous allons lancer la seconde phase de test : utilisation de l’hydrogène vert à 100%.