Un besoin croissant d’encres recyclables et durables
publié le dimanche 31 janvier 2021
Les fabricants sont sur tous les fronts pour répondre aux exigences des marques d’avoir des encres recyclables, biosourcées et durables (Encres Dubuit, Flint Group, Siegwerk) qui soient sûres et faciles d’utilisation. La question des huiles minérales continue de mobiliser les énergies en Europe, alors que la France s’est distinguée début 2020 avec la première loi économie circulaire qui les interdit sur les emballages et les papiers graphiques (Citeo). En outre, la pandémie actuelle suscite de nouvelles applications pour les encres thermochromiques pour garantir la chaîne du froid des vaccins (CTI).
Le groupe français Encres Dubuitest spécialisé dans l’impression directe sur l’emballage secondaire pour les industries alimentaire, parfumerie et cosmétique. «La question de la recyclabilité des encres est récurrente dans ces industries», pointe Caroline Bonnafoux, directrice marketing chez Encres Dubuit. Ses clients imprimeurs, poussés par les marques, plébiscitent les encres biologiques ou végétales. «Mais, contrairement à la flexographie et l’offset, la technologie UV et solvant ne permet pas d’utiliser des encres dites vertes, explique-t-elle.
Notre stratégie est donc plutôt de travailler avec des encres biosourcées et règlementaires. En sérigraphie, on peut ainsi utiliser jusqu’à un maximum de 20% de matières biosourcées dans les formulations». Très souvent, un compromis est à trouver entre la performance, les aspects sécuritaire et règlementaire de l’encre (charte L’Oréal, charte Nestlé, basse migration, …).
La question des huiles minérales
La loi économie circulaire, votée début 2020 en France, s’ajoute maintenant à la liste des réglementations à respecter pour les fabricants d’encres. C’est la première loi européenne qui instaure l’interdiction d’utilisation de certaines huiles minérales pour les emballages et papiers. Avec un calendrier bien défini : pour les emballages à partir du 1er janvier 2022 et pour les papiers graphiques à partir du 1er janvier 2025, avec une anticipation sur les imprimés publicitaires au 1er janvier 2023. Les autorités sanitaires distinguent les composés d’huiles minérales saturées (MOSH) des composés aromatiques (MOAH), ces dernières étant reconnues comme substances cancérigènes, mutagènes et repro-toxiques (CMR). «Actuellement, moins de 5% des emballages papiers cartons sont imprimés avec des encres contenant de tels composés d’huiles minérales, mais un gros travail reste à faire sur les papiers graphiques dont 50% sont encore mis sur le marché français contenant des huiles minérales», pointe Jean-François Robert, directeur technique fibreux et verre chez Citeo, l’entreprise à mission en charge de la Responsabilité Elargie du Producteur (REP) sur la filière emballage ménager et la filière des papiers graphiques. Citeo aide les entreprises à ancrer l’économie circulaire dans leurs stratégies de croissance afin de réduire l’impact environnemental de leurs produits, avec l’objectif de proposer 100 % de solutions de recyclage ou de réemploi pour tous les emballages et les papiers, en contractualisant avec 700 collectivités locales (99% de la population nationale).
La question des huiles minérales a été identifiée depuis dix ans par les industries agro-alimentaire et des emballages papier-carton, qui ont mis en place des bonnes pratiques conjointes pour éliminer les encres à base d’huiles minérales des papiers cartons. «Cela a été très efficace, mais on a néanmoins constaté qu’il pouvait encore y avoir quelques traces d’huiles minérales dans certains emballages papier-carton recyclés. Celles-ci proviennent des papiers graphiques recyclés dans la filière emballage», note-t-il. Il y a deux ans, Citeo a mis en place un groupe de travail transversal pour s’attaquer au problème, en particulier mieux comprendre (les comportements, gisements concernés, …), explorer les schémas de collecte et de tri, mais aussi sensibiliser ses clients et fournisseurs. Ses travaux de R&D visent également à développer des encres alternatives à faible teneur sur les composés problématiques, comme les huiles raffinées ou blanches, ou encore les huiles végétales jusqu’alors peu répandues dans la filière graphique.
Extrait de la revue n° 653/654 – Décembre 2020/Janvier 2021. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support