Un cas de force majeure – Par Doria Maïz, rédactrice en chef
publié le samedi 29 février 2020
L’appel au cas de force majeure lancé le 26 février par la FICIME (Fédération des Entreprises Internationales de la Mécanique et de l’Electronique) sur BFM TV a été entendu par le gouvernement, pour le plus grand soulagement des acteurs du marché français. L’annonce du ministre de l’Economie et des Finances Bruno le Maire, faite deux jours plus tard, vient ainsi rassurer tant bien que mal les industriels, directement touchés par la crise du coronavirus.
Car outre les graves conséquences sanitaires qu’il engendre, le Covid-19 a également un impact économique non négligeable. Baisse de chiffre d’affaires et retard d’approvisionnement et de livraison sont à craindre, conséquences du gel décrété par la Chine sur son industrie depuis plus d’un mois. «L’état de cas de force majeure permet à nos industriels de s’exonérer d’une certaine forme de responsabilité, et des pénalités financières liées à ces retards», explique Laurence Fauque, déléguée générale de la FICIME. Sur le secteur plus précisément des machines d’emballage, la situation est d’autant plus critique que les principaux fabricants sont basés en Italie, premier pays touché par le virus en Europe. Résultat : confinés, les techniciens italiens ne peuvent plus se rendre chez leurs clients pour l’installation ou la maintenance des outils de production. L’industrie pharmaceutique serait le premier secteur ainsi impacté. Pour y palier, des constructeurs comme Marchesini ont annoncé par courrier à leurs clients le déploiement – dès lors que cela est possible – de vidéoconférences et d’assistance à distance pour continuer à accompagner leurs clients. Pour soutenir ses 417 entreprises adhérentes, la FICIME, à laquelle est affilié le Secimep, a de son côté mis en place une cellule de crise. Avec comme principal objectif de trouver d’autres fournisseurs en alternative à leur sourcing chinois.
Vitrines de la profession, plusieurs salons (Luxe Pack Shanghai, Cosmoprof Bologne, CphI Japon, etc.) ont également annoncé le report de leurs événements à des dates ultérieures, accentuant encore un peu plus le flou et l’incertitude qu’engendre cette crise sanitaire. Car si celle-ci sera très certainement qu’un mauvais souvenir d’ici quelques mois à l’instar du Sras en 2003, elle n’en remet pas moins en question les conséquences de la mondialisation. La FICIME convenait ainsi sur BFM TV que «le coronavirus stigmatise un état de dépendance certain vis-à-vis de la Chine». Il est certes compliqué de changer tout un modèle économique. Mais le coronavirus doit obliger les industriels à revoir leur façon du faire du business et réenvisager des approvisionnements plus locaux lorsque cela est possible. Quitte à avoir un coût de revient plus cher. Une vision locavore et un Made in France / Made in Europe – à l’empreinte carbone réduite – que les consommateurs seraient d’ailleurs prêts à payer. Dans un récent sondage mené par Smurfit Kappa en partenariat avec You Gov, les français interrogés se disaient ouverts à une hausse de 22 centimes du prix de leur emballage (48 centimes pour les 18/24 ans), si celui-ci se faisait plus vertueux sur le plan environnemental. A méditer…
Extrait de la revue n° 645 – Février 2020. Reproduction interdite sauf accord écrit d’Emballage Digest ou mention du support