Vers des seringues haute performance
publié le mardi 30 avril 2024
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L’injection est privilégiée pour les médicaments biotechs, complexes et sensibles, issus du vivant (anticorps, protéines, ARN messager…), qui représentent plus de 60% des lancements aujourd’hui. Selon Mordor Intelligence, le marché des médicaments injectables devrait croître de 7,55% par an jusqu’en 2029 pour atteindre plus de 820 milliards de dollars. Les fabricants de seringues (ici Union Plastic, Gerresheimer, Stevanato Group, Schott) répondent aux besoins croissants de conditionnement et de remplissage aseptique pour des formats préremplis standards ou spécifiques, en verre, en polypropylène (PP) polymères cycliques olefin COP/COC, dans un contexte de renforcement de la réglementation (révision de l’Annexe 1 des BPF).
De nombreux investissements en cours visent des médicaments injectables, notamment en France. Exemple : le laboratoire lyonnais Aguettant investit 31 millions d’euros dans ses usines de Lyon et de Champagne pour renforcer les capacités de trois médicaments en anesthésie-réanimation et en cardiologie identifiés comme «stratégiques» dans le cadre du plan de relance. En Champagne, cela vise notamment une nouvelle ligne de seringues prêtes à l’emploi. Le façonnier Delpharm va également produire des seringues préremplies à Tours. Il vient de boucler un investissement de 28 millions d’euros pour lancer cette nouvelle ligne de seringues prêtes à l’emploi courant 2024. «L’objectif est de monter progressivement en 3×8 pour atteindre une production de 30 millions de seringues d’ici 3 à 5 ans», indique Gäelle Huon de Penanster, la directrice du site. Ces nouvelles capacités injectables pourraient servir à conditionner de nouvelles technologies telles que l’ARN messager et l’innovation prometteuse à venir au sein des sociétés biotechs telle que les vaccins thérapeutiques ou personnalisés pour «soigner le cancer». Des axes de recherche privilégiés par BioNTech, OSE Immunotherapeutics, Moderna, Transgene….
Besoins spécifiques
Cela fait 15 ans qu’Union Plastic (groupe Omerin) a développé un savoir-faire dans la production sur mesure de seringues préremplies aseptiques (PFS) sur son site de Saint-Didier-en-Velay (Haute-Loire). «De nombreux laboratoires et sociétés biotech ont des besoins spécifiques, qui ne sont pas couverts aujourd’hui par les gammes existantes sur le marché», indique Frédéric Gounon, son directeur général, qui a augmenté il y a trois ans ses capacités de production de seringues PFS pour atteindre 25 millions d’unités par an. De la définition du besoin client au prototypage jusqu’à la production en série, le fabricant se positionne comme un partenaire intégré et flexible pour concrétiser les développements de PFS spécifiques : moule pilote, accompagnement réglementaire, assemblage automatique ou semi-manuel, mise sous blister ou en nid (NES), stérilisation par oxyde d’éthylène (EtO) en interne. «Nous produisons ainsi en salle blanche ISO 7 des seringues PFS en polypropylène (PP) de 5 et 10 ml, utilisées notamment en bloc opératoire pour l’anesthésie», note-t-il.
Union Plastic développe également avec ses partenaires une gamme de seringues PFS avec joint pré-siliconé afin de s’affranchir de l’étape de siliconisation dans les procédés d’assemblage, qui est toujours délicate selon le dirigeant. Les intérêts sont multiples : pas besoin d’études d’interaction entre la solution médicamenteuse et le silicone du corps de la seringue ; absence de résidu de gouttelettes de silicone ; simplification du procédé d’assemblage et réduction des investissements requis (et du temps nécessaire) pour qualifier la solution ; et de meilleures performances par rapport aux seringues en verre. «Nos seringues PFS avec joint lubrifié apportent une vraie valeur ajoutée pour gérer de manière flexible et réactive des demandes entre 500 000 à 1 million d’unités par an», reconnaît-il. En outre, les seringues PFS mono-matériau d’Union Plastic (polyoléfine ou polypropylène) sont 100% recyclables. «Et nous recyclons/réutilisons 98% de nos déchets de production», ajoute Frédéric Gounon. Parmi ses récents développements, Union Plastic a ouvert un bureau aux États-Unis, au sein de la filiale du groupe Omerin USA. «Deux projets sont en cours sur place visant des seringues PFS, dont un avec joint lubrifié», précise-t-il.
Seringues préremplies en verre ou COP
Pour répondre aux besoins spécifiques du marché, Gerresheimer propose des seringues préremplies prêtes à l’emploi en polymère COP (Gx RTF® ClearJect®)et en verre (Gx RTF® Elite) qui sont produites sur ses sites respectivement de Pfreimd et de Bünde en Allemagne. Ses seringues Gx RTF® ClearJect® sont exemptes de colle avec une canule directement moulée dans le corps de la seringue au cours du processus de fabrication par injection. Elles résultent d’une collaboration étroite entre ses spécialistes du verre basés sur son site de Bünde et de plastique à son Centre de Compétence Technique de Wackersdorf. Ce savoir-faire permet également de développer des solutions personnalisées en fonction des exigences du médicament. «Une dynamique est à l’œuvre sur le marché avec des technologies pharmaceutiques innovantes, qui présentent des exigences et des défis intéressants, en parallèle du développement des médicaments biosimilaires, analyse Stefan Verheyden, vice-président monde Solutions biologiques et seringues chez Gerresheimer. Ce qui rend nos seringues si particulières est leur configuration sans huile de silicone, tout en garantissant une fonctionnalité optimale. L’huile de silicone est, en général, utilisée pour rendre plus fluide le mouvement de piston du bouchon lors de l’injection. Mais cela peut poser problème pour les applications sensibles en ophtalmologie ou les traitements biotechs à base de vecteurs». En cohérence, Gerresheimer a également supprimé l’huile de silicone dans ses solutions combinées de pistons pour ses seringues en verre et COP. «Le verre offre d’excellentes propriétés barrières, une faible teneur en extractibles et des coûts bas de production, mais peut présenter des risques de modification du pH pendant le stockage du médicament, de relargage de résidus tels que les métaux lourds ou les adhésifs, et des difficultés de stockage à très basses températures», pointe-t-il. C’est ici que les seringues en polymère peuvent être des alternatives intéressantes, offrant une possibilité de stockage à des températures basses extrêmes (au-delà de -80°C) et une flexibilité dans la conception. «Leurs inconvénients, par rapport au verre, sont leur barrière plus faible à la perméation, des coûts plus importants et une sensibilité aux températures plus élevées (+140°C)», précise-t-il. En outre, et en matière de stérilisation finale, Gerresheimer propose des solutions adaptées aux exigences spécifiques des médicaments, telles que la stérilisation au dioxyde d’azote (NO2) à très basse température idéale pour les injections intravitréennes en ophtalmologie. «A partir des tests que nous avons réalisés, nous pouvons recommander différentes combinaisons pour nos seringues préremplies en verre et COP, divers types de bouchage, joints et pistons», avance-t-il.
Faire « bon du premier coup » dans le développement
Pour accompagner ses clients laboratoires et biotechs à «faire bon du premier coup» dans leur parcours de développement, Stevanato Group a développé une offre intégrée répondant à la demande du marché en termes de qualité et de performance avec une flexibilité élevée. «Dans la course à la mise sur le marché de médicament innovants pour les patients, notre kit EZ-fill™permet un accès rapide à des flacons, seringues et cartouches pré-stérilisés prêts à remplir (RTU) dans les phases d’essais cliniques et les petites séries commerciales. Au travers de nos centres d’excellence de Boston, aux Etats-Unis, et de Piombino Dese, en Italie, nous offrons également un service non-GMP de remplissage et finition en laboratoire pour identifier les effets possibles du processus de remplissage sur la performance de leurs produits dès l’étape de sélection des contenants», annonce Fabio Bertacchini, directeur senior EZ-fill® flacons & cartouches chez Stevanato Group. Pour soutenir la mise sur le marché de produits biopharmaceutiques avancés, le fabricant propose des solutions intégrées et de haute qualité telles que sa solution Alba® de seringues spécifiquement développées pour les produits biologiques et ophtalmiques. Leur revêtement interne permet de minimiser l’absorption, l’agrégation et les interactions avec les extractibles. Inclus dans cette offre intégrée et modulaire, le système d’inspection par la vision Mavis™ Combi assure que plusieurs contenants – flacons, ampoules, cartouches et seringues, en vrac ou prêts à l’emploi – peuvent être inspectés sur la même machine. «Sa capacité à identifier avec précision les particules, les défauts cosmétiques et les problèmes d’intégrité des fermetures est cruciale pour garantir les normes les plus élevées de qualité et de sécurité», conclut-il.